Au Sommet des Amériques, Biden défend son pré-carré
Le Sommet des Amériques, qui a eu lieu cette semaine, a vu Joe Biden s'efforcer de convaincre ses partenaires de la nécessité de renforcer la coopération régionale pour plus de démocratie et de prospérité économique. Le Sommet a été assombri par des tensions diplomatiques qui ont suivi la non-invitation de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua. Le président mexicain Lopez Obrador a décidé de boycotter le sommet, envoyant son ministre des Affaires étrangères représenter son pays. L'ombre de la Chine a plané sur le Sommet, alors que les États-Unis multiplient les investissements dans la région pour conserver leur influence sur une région qu'ils considèrent comme leur pré-carré depuis le XIXe siècle. 

Le sommet régional est marqué par l'absence de certains chefs d'État, notamment du Mexique, du Guatemala, de Bolivie ou du Honduras. (AFP)

Joe Biden a insisté mercredi sur la nécessité de défendre la démocratie et de coopérer pour plus de prospérité économique, lors d'un Sommet des Amériques assombri par des différends diplomatiques.

Le président américain a estimé que la démocratie était "un élément essentiel pour l'avenir des Amériques", lors d'une cérémonie d'ouverture à Los Angeles ponctuée de chansons et de messages d'enfants vantant les merveilles naturelles des pays d'Amérique latine.

"Notre région est grande et diverse. Nous ne sommes pas toujours d'accord sur tout. Mais parce que nous sommes des démocraties, nous abordons nos différends dans le respect mutuel et le dialogue", a-t-il dit.

Un instrument d'influence américain sur la région

Des manifestations ont eu lieu pour protester contre l'exclusion de certains du Sommet des Amériques. (AFP)

Le sommet régional est marqué par l'absence de certains chefs d'État, notamment du Mexique, du Guatemala, de Bolivie ou du Honduras.

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador en particulier reproche à la Maison Blanche d'avoir exclu Cuba, le Nicaragua et le Venezuela. Il a décidé de ne pas assister au sommet.

Le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard, qui a fait le déplacement, a déclaré à ses homologues que l'exclusion de ces trois pays constituait une "erreur stratégique". Il a également fait savoir que Mexico allait examiner la façon de réformer les institutions régionales.

L'exécutif américain a justifié ce choix par des "réserves" face "au manque d'espace démocratique et au respect des droits humains".

Joe Biden a aussi vanté mercredi le lancement d'un "Partenariat des Amériques pour la prospérité économique" afin d'encourager une croissance plus inclusive en Amérique latine.

"Ce qui est vrai aux États-Unis est vrai dans chaque pays. L'économie du ruissellement, cela ne fonctionne pas", a dit le démocrate, qui a déjà plusieurs fois critiqué cette idée selon laquelle l'enrichissement des plus fortunés entraînerait automatiquement celui de tous les acteurs économiques.

Le Sommet des Amériques est censé illustrer la volonté de l'administration Biden de relancer et de rénover la relation avec les pays d'Amérique latine, au moment où la Chine investit massivement dans la région.

Contrer l'influence chinoise 


Le chanteur mexicain Alex Fernandez se produit sur scène lors de la cérémonie d'ouverture du 9e Sommet des Amériques au Los Angeles Convention Center de Los Angeles, Californie, le 8 juin 2022. (AFP)

Le Council of Foreign Relations a compté que le président chinois Xi Jinping s'était rendu onze fois dans la région depuis son arrivée au pouvoir en 2013.

Joe Biden n'a pas visité l'Amérique latine depuis son investiture en janvier 2021. Mais Washington n'entend pas répliquer à la Chine avec des annonces financières agressives.

"Les États-Unis n'ont jamais considéré que leur avantage dans le monde consistait seulement à lever d'immenses sommes d'argent public", a déclaré le principal conseiller diplomatique de la Maison Blanche Jake Sullivan. L'objectif américain serait plutôt de "débloquer des montants importants de financements privés", a-t-il dit.

Joe Biden a aussi évoqué la signature, prévue vendredi, d'une "Déclaration de Los Angeles" sur l'immigration, un enjeu majeur de politique intérieure pour le président américain.

Il a évoqué une "approche intégrée" visant à "partager la responsabilité", alors que de nombreux migrants arrivent à la frontière sud des États-Unis.

Une coopération renforcée sur la migration illégale et les trafics 

Les participants au sommet vont prendre "un engagement commun" pour à la fois créer des "possibilités de migration sûre et ordonnée" et "réprimer le trafic d'êtres humains." (AFP)

Les participants au sommet vont selon lui prendre "un engagement commun" pour à la fois créer des "possibilités de migration sûre et ordonnée" et "réprimer le trafic d'êtres humains."

La vice-présidente américaine Kamala Harris avait annoncé mardi des engagements du secteur privé totalisant 1,9 milliard de dollars pour soutenir la création d'emplois en Amérique centrale et décourager ces départs vers les États-Unis.

Le sommet sera aussi pour Joe Biden l'occasion d'avoir des entretiens bilatéraux. L'un des plus suivis doit avoir lieu jeudi avec le président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, avec lequel il aura son premier tête-à-tête.

La rencontre sera délicate. La Maison Blanche assure que Joe Biden entend aborder le sujet des prochaines élections au Brésil, hautement contentieux pour son homologue brésilien.

Jair Bolsonaro, qui brigue un second mandat, mais qui est à la peine dans les sondages, critique à tout va le système électoral de son pays, comme s'il envisageait déjà de contester une éventuelle défaite.

Avec AFP
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