« Le théorème de Narcisse »
Promenade dans un conte de fées où le magicien Jean Michel Othoniel, par sa baguette artistique, transforme les lieux en jardin enchanteur…
Nous empruntons les yeux d’Alice et le corps des lilliputiens aux pays des merveilles, surdimensionnés par la Grâce et l’imaginaire de l’artiste.
Celui-ci nous ouvre les portes de son esprit contenu dans une rêverie flottante entre deux mondes.
Une cascade de briques en miroir bleu dévale les escaliers, nous happe et nous projette justement de l’autre côté du miroir.
Hypnose, total abandon. Basculement des sens.
Le spectre d’une vision d’enfance revisitée, c’est de la pure poésie en 3 dimensions.
Cette capacité à s’émerveiller resurgit par un regard purifié grâce à la seule vérité de l’Art.
Les œuvres s’entremêlent avec la nature et les lieux. De-ci de-là, des lotus géants jaillissent sur les plans d’eaux, devenant fontaines de Jouvence.
Les boules de verre sont serrées les unes aux autres, comme des colliers de perles. Ces sautoirs géants et miroitants, libérés des cous délicats, se placent sur des formes invisibles, suspendues, retenues et même jetées en un hasard régi par l’apesanteur d’un cosmos infini et parfait.
Simples mortels que nous sommes, dans ce dédale peuplé de mythes, Narcisse nous accueille et son reflet devient le nôtre. Et des milliers de regards nous suivent à chaque pas, à chaque arrêt. Nul endroit pour se cacher. Être partout c’est n’être nulle part et de spectateurs nous devenons à notre tour acteurs :
« Alea jacta est », les dés sont jetés. Notre sort est entre les mains de Narcisse, ou plutôt, dans ses boules de cristal qui nous dévoilent notre impudeur assumée comme un jeu de rôles aux mille reflets.
Le temps de cette balade bucolique dans ce jardin intérieur réel et virtuel, et nos petits pas sûrement feutrés nous emmènent dans une salle où trône un lustre géant, tel une galaxie où virevoltent plusieurs planètes dans cette matière si chère à l’artiste et qui en est sa signature. Ce tourbillon artistique se place au-dessus du trou noir de l’escalier, menant à un niveau souterrain et mystérieux.
Stupéfaction.
Le soubassement de l’espace crée une intériorité et une intimité avec les œuvres. Pyramide construite en briques de verre miroitant, une sorte d’igloo interstellaire nous invite à la réflection et à la réflexion de soi. Autour de notre cocon, des volumes muraux s’alignent : chaque élément de ces sublimes puzzles mono couleur est fait de briques où chacune se joue de sa propre forme. Des lumières jaillissent de ses œuvres qui deviennent « torches » pour nous frayer le chemin vers la prochaine « initiation ».
Une vibration musicale et sensorielle nous reçoit :
Le sol, comme une piscine hollywoodienne, est pavé de ces mêmes briques de l’escalier de l’entrée. La chute de la cascade aboutit ici. Elle a traversé les dalles, s’est sinuée dans les jardins et s’est finalement apaisée ici-bas. Les sautoirs en boules, volants dans l’espace, sont comme aimantés par ce plan « d’eau » et restent suspendus entre attraction terrestre et stellaire.
Narcisse a encore non pas frappé, mais caressé. La puissance du visuel est atténuée par la rondeur et la douceur qui émane de chaque perle et crée par cette harmonie une sensation de bien-être intemporel.
Les battements du cœur reprennent un rythme humain en passant par l’espace suivant qui place les œuvres « colliers » dans une scénographie palpable, presque « normale », bien qu’aucune normalité n’est de mise dans cette scène… le retour au réel est comme une remontée des fonds marins par paliers.
Et là, avant le final retour à l’air libre, le début du réveil : les œuvres et nous-mêmes reprenons nos formes initiales : nous n’avons plus le corps des lilliputiens, car les œuvres sont redevenues comme des bijoux enfermés dans un écrin en verre.
Rêverie onirique dans un univers antérieur vécu et revenu d’une lointaine mémoire….
Mais quels dieux à t-il donc amadoué ?
« Théorème de Narcisse » de Jean Michel Othoniel,
Au Petit Palais jusqu’au 2 janvier 2022.
Promenade dans un conte de fées où le magicien Jean Michel Othoniel, par sa baguette artistique, transforme les lieux en jardin enchanteur…
Nous empruntons les yeux d’Alice et le corps des lilliputiens aux pays des merveilles, surdimensionnés par la Grâce et l’imaginaire de l’artiste.
Celui-ci nous ouvre les portes de son esprit contenu dans une rêverie flottante entre deux mondes.
Une cascade de briques en miroir bleu dévale les escaliers, nous happe et nous projette justement de l’autre côté du miroir.
Hypnose, total abandon. Basculement des sens.
Le spectre d’une vision d’enfance revisitée, c’est de la pure poésie en 3 dimensions.
Cette capacité à s’émerveiller resurgit par un regard purifié grâce à la seule vérité de l’Art.
Les œuvres s’entremêlent avec la nature et les lieux. De-ci de-là, des lotus géants jaillissent sur les plans d’eaux, devenant fontaines de Jouvence.
Les boules de verre sont serrées les unes aux autres, comme des colliers de perles. Ces sautoirs géants et miroitants, libérés des cous délicats, se placent sur des formes invisibles, suspendues, retenues et même jetées en un hasard régi par l’apesanteur d’un cosmos infini et parfait.
Simples mortels que nous sommes, dans ce dédale peuplé de mythes, Narcisse nous accueille et son reflet devient le nôtre. Et des milliers de regards nous suivent à chaque pas, à chaque arrêt. Nul endroit pour se cacher. Être partout c’est n’être nulle part et de spectateurs nous devenons à notre tour acteurs :
« Alea jacta est », les dés sont jetés. Notre sort est entre les mains de Narcisse, ou plutôt, dans ses boules de cristal qui nous dévoilent notre impudeur assumée comme un jeu de rôles aux mille reflets.
Le temps de cette balade bucolique dans ce jardin intérieur réel et virtuel, et nos petits pas sûrement feutrés nous emmènent dans une salle où trône un lustre géant, tel une galaxie où virevoltent plusieurs planètes dans cette matière si chère à l’artiste et qui en est sa signature. Ce tourbillon artistique se place au-dessus du trou noir de l’escalier, menant à un niveau souterrain et mystérieux.
Stupéfaction.
Le soubassement de l’espace crée une intériorité et une intimité avec les œuvres. Pyramide construite en briques de verre miroitant, une sorte d’igloo interstellaire nous invite à la réflection et à la réflexion de soi. Autour de notre cocon, des volumes muraux s’alignent : chaque élément de ces sublimes puzzles mono couleur est fait de briques où chacune se joue de sa propre forme. Des lumières jaillissent de ses œuvres qui deviennent « torches » pour nous frayer le chemin vers la prochaine « initiation ».
Une vibration musicale et sensorielle nous reçoit :
Le sol, comme une piscine hollywoodienne, est pavé de ces mêmes briques de l’escalier de l’entrée. La chute de la cascade aboutit ici. Elle a traversé les dalles, s’est sinuée dans les jardins et s’est finalement apaisée ici-bas. Les sautoirs en boules, volants dans l’espace, sont comme aimantés par ce plan « d’eau » et restent suspendus entre attraction terrestre et stellaire.
Narcisse a encore non pas frappé, mais caressé. La puissance du visuel est atténuée par la rondeur et la douceur qui émane de chaque perle et crée par cette harmonie une sensation de bien-être intemporel.
Les battements du cœur reprennent un rythme humain en passant par l’espace suivant qui place les œuvres « colliers » dans une scénographie palpable, presque « normale », bien qu’aucune normalité n’est de mise dans cette scène… le retour au réel est comme une remontée des fonds marins par paliers.
Et là, avant le final retour à l’air libre, le début du réveil : les œuvres et nous-mêmes reprenons nos formes initiales : nous n’avons plus le corps des lilliputiens, car les œuvres sont redevenues comme des bijoux enfermés dans un écrin en verre.
Rêverie onirique dans un univers antérieur vécu et revenu d’une lointaine mémoire….
Mais quels dieux à t-il donc amadoué ?
« Théorème de Narcisse » de Jean Michel Othoniel,
Au Petit Palais jusqu’au 2 janvier 2022.
Lire aussi
Commentaires