Tchouaméni, le Real Madrid pour devenir incontournable
©Très courtisé cet été, Aurélien Tchouaméni a choisi le Real Madrid pour poursuivre sa progression. Denis Charlet/AFP
A 22 ans, l'international français Aurélien Tchouaméni, qui va s'engager pour six ans avec le Real Madrid, a gravi les échelons à vitesse +grand V+ et se présente déjà comme un pilier important de l'équipe de France.

Sa trajectoire est aussi linéaire que fulgurante. Talent précoce débauché à Bordeaux pour 20 millions d'euros par Monaco en janvier 2020, le milieu axial quitte donc la Principauté pour un contrat jusqu'en juin 2028 chez le club champion d'Europe en titre.

Les deux clubs ont indiqué samedi à la mi-journée avoir trouvé un accord pour ce transfert qui doit être scellé mardi, après la visite médicale du joueur. Tchouaméni doit être présenté dans la foulée (12h00) au club champion d'Europe et d'Espagne.

Monaco réalise une forte plus-value avec un transfert estimé à 80 M EUR plus 20 M EUR de bonus, selon différentes sources proches du dossiers interrogées par l'AFP et différents médias.

Dix pourcents de cette plus-value, soit 6 millions d'euros hors bonus, sont à reverser à Bordeaux, selon ses mêmes sources.

Si Tchouaméni a choisi Madrid, c'est qu'il se sent prêt et assez fort pour assouvir ses ambitions profondes: devenir titulaire chez un très grand d'Europe pour l'être aussi en Bleu, afin de viser les plus grands trophées.

Didier Deschamps apprécie particulièrement le profil et la forte personnalité de celui qu'il a fait débuter le 1er septembre dernier. "Il n'a pas été impacté par l'aspect émotionnel", analysait le sélectionneur, séduit par "sa jeunesse, son assurance, son potentiel, et ce qu'il montre sur le terrain". Depuis, Tchouameni a compilé 11 sélections (1 but).

Toujours à l'écoute, respectueux des valeurs d'un groupe, Tchouaméni sait naturellement se faire apprécier, tout autant que respecté. S'il s'est rapproché de Paul Pogba, avec qui il a "tissé des liens" lors de ses premières sélections, il n'a ainsi pas hésité à téléphoner à Patrick Vieira, qu'il avait connu entraîneur de Nice, pour lui demander des conseils avant son premier rassemblement.

"Toujours comprendre"

De l'avis de Niko Kovac comme de Philippe Clément, ses derniers entraîneurs à Monaco, "il est comme une éponge". Il absorbe les conseils, les intègre vite et sait s'en servir. "Aurélien est très intelligent, expliquait ainsi Kovac en octobre. Il sait comment faire. Il sait que tout le monde est focus sur lui. Mais il est très fort dans sa tête, très mature."


Car le joueur a "des ambitions élevées". "J'ai toujours été exigeant avec moi-même, soulignait-il juste avant son doublé à Lille en championnat. Et lorsque je parle avec mon coach ou mon père, on fait le point sur les choses à améliorer."

Marquer est ainsi "une marge de progression pour moi", reconnaît-il, par exemple.

Tchouameni a une cible. "La Coupe du monde est un objectif personnel important, dit-il. Ce sera une juste récompense de mon travail. Mais ça passe par de bonnes prestations et des objectifs atteints en club."

A Madrid, ces derniers seront élevés et il lui faudra d'abord s'imposer. "Quand tu es en haut, il faut savoir rester humble. Il l'est", assure Kovac, persuadé de sa réussite.

Engagé contre le racisme

D'autant que le meilleur milieu de L1 en 2021/22 n'est pas enclin au doute. Il possède une forte personnalité. Au Stade Louis-II, ce passionné de NBA a, par exemple, imposé une play-list de rap à passer lors des échauffements.

Il sait aussi montrer les muscles. Insulté à Prague, en août dernier, après avoir marqué contre l'équipe locale, lors d'un tour préliminaire de C1, il a dénoncé en plein match les insultes racistes dont il a été victime.

Puis il a ensuite communiqué sur ses réseaux sociaux. "C'est à notre tour d'être entendu, le racisme n'a pas sa place dans le football ni ailleurs", a-t-il notamment écrit, avant d'interpeler l'UEFA: "Avoir une posture contre le racisme est facile. Agir contre est différent."

Cette cause, il continue de la porter. Il a d'ailleurs récemment rencontré à Paris, par l'intermédiaire d'un sponsor commun, le joueur de football américain Colin Kaepernick qui, en 2016, en pleine élection présidentielle aux États-Unis, s'était agenouillé pendant l'hymne national, pour protester contre le racisme et les violences policières envers les minorités.

Avec Tchouaméni, Madrid voit donc débarquer non seulement un grand talent mais aussi un homme engagé dans son époque.
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