Le mystère qui enveloppait la ligne 29 dans le dossier de la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël a officiellement pris fin. De fait, le président de la République, Michel Aoun, a informé le médiateur américain, Amos Hochstein, en amont de sa visite la semaine dernière à Beyrouth, que le Liban considérait la ligne 29 comme la ligne de base pour les négociations, alors que la ligne 23 délimite la frontière maritime du Liban avec Israël au sud de la Zone économique exclusive.
Pendant des mois, l’ancien chef de la délégation technique militaire négociant les frontières maritimes du sud avec Israël, le général de brigade Bassam Yassine, avait fait la une des médias. L’année dernière, il avait mené les négociations indirectes entre le Liban et Israël au siège de la Finul à Naqoura à la mi-octobre 2020, jusqu’à leur suspension. À ce titre, le président Michel Aoun avait dévoilé quelques jours auparavant la raison de la suspension de ces négociations. En effet, Israël avait rejeté la proposition libanaise de considérer la ligne 29 comme la ligne de base pour les négociations en réaction au rejet par la partie libanaise de la ligne 1 israélienne et de la Ligne Hof, tracée par l’ancien médiateur américain Frederic Hof, avant qu’Amos Hochstein ne lui succède.
Le président Aoun a toutefois omis de déclarer que le général Yassine avait fortement défendu la ligne 29, en plaidant pour son adoption comme ligne de base dans les négociations. Ce qui aurait permis au Liban d’ajouter à la zone précédemment déterminée sous la ligne 23 par 860 kilomètres carrés, une superficie supplémentaire de 1.300 kilomètres carrés. De ce fait, la superficie de la zone maritime libanaise serait passée à 2160 kilomètres carrés. Mais, cette revendication importante n’a pas été retenue, et son défenseur, le général Yassin, écarté de la délégation, a vu son mandat tourner court. Cependant, on ne peut pas en dire autant de la controverse autour de la ligne 29 qui se poursuit inlassablement.
Bien sûr, le général Yassine, qui avait atteint l’âge de la retraite dans l’armée, n’était pas le seul à s’être lancé dans la défense de la ligne 29. Un large front de partisans prônait son adoption, rejoint par les 13 députés élus issus du soulèvement du 17 octobre 2019. Néanmoins, le général Yassine, malgré la fin de sa mission dans les négociations, persiste et signe dans sa défense de la ligne 29 jusque très récemment, ce qui a soulevé des interrogations sur le lien de ce haut gradé avec le commandement de l’armée et la position de la troupe au sujet des négociations sur la délimitation de la frontière maritime. Dès lors, le commandement de l’armée s’est empressé d’annoncer à la veille de l’arrivée du médiateur américain Amos Hochstein à Beyrouth que «l’armée a explicitement fait part de sa position au terme de sa mission technique, et qu’elle soutient les autorités politiques en tout état de cause dans les décisions qu’elles prendront».
Ceci étant, le général Yassine, est revenu à la charge dans un communiqué publié sur son compte Facebook, selon lequel il considérait que «demander le champ Qana (dans la ligne 29) est insuffisant, et qu’il faut plutôt considérer que le champ de Karish (dans la ligne 29 et considéré par Israël sur son territoire) est toujours dans une zone contestée jusqu’à ce qu’une solution juste soit trouvée conformément au droit international.» Parallèlement, le général Yassine a déclaré lors d’une interview télévisée que «la ligne 29 est un droit acquis concernant la question des frontières maritimes, et quiconque renchérit porte atteinte aux droits du Liban.»
En revanche, certaines voix rapportent la contradiction à la position du général Yassine, parmi lesquelles figure l’expert en affaires pétrolières, Rabih Yaghi, qui souligne, à travers la Markazia, qu’«il faut adhérer à la ligne 23». Selon lui, «la ligne 23 est la ligne officielle qui sépare par la mer le sud du Liban et le nord d’Israël, et la zone économique exclusive (ZEE) appartenant à la souveraineté libanaise et celle appartenant à Israël».
Et, d’ajouter : «Cette ligne a été formellement revendiquée par le Liban selon une carte enregistrée auprès des Nations unies en 2011. C’est donc la ligne maritime que le Liban reconnaît officiellement, et tout renoncement à cette ligne relève de la haute trahison. M. Yaghi souligne également que «la ligne 29 a soudainement refait surface alors que personne n’en parlait depuis 2011, sachant que l’on peut l’appeler la «ligne de négociation» à travers laquelle le Liban espère accéder à son droit représenté par la ligne 23… »
Par ailleurs, l’adhésion du président Aoun à la ligne 23, en sa qualité de négociateur au nom du Liban conformément à ses pouvoirs constitutionnels, donne davantage de poids à la position en faveur de cette dernière. C’est à ce titre d’ailleurs qu’il a fait part de cette position au médiateur américain, Amos Hochstein, lors de sa dernière visite au Liban.
Or qu’en dit la partie israélienne, censée transmettre au médiateur américain sa réponse à la proposition libanaise de reprendre les négociations indirectes, interrompues l’an dernier ? Mais, avant que le Liban ne soit informé de la réponse israélienne, des nouvelles en provenance du Caire ont révélé que l’Égypte, Israël et l’Union européenne avaient signé un protocole d’accord pour augmenter les exportations de gaz israélien vers l’Union européenne après sa liquéfaction en Égypte. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Layen, a déclaré au terme de la signature du protocole d’accord dans la capitale égyptienne en marge de la septième réunion du Forum méditerranéen du gaz, qu’il s’agit d’«une chance pour sécuriser la coopération énergétique et régionale ainsi que pour consolider la paix et la transition vers une énergie propre.»
De son côté, l’Institut israélien d’études de sécurité affirme que l’arrivée de la plateforme flottante de production de gaz Energan, censée commencer à produire du gaz à partir du champ de Karish (le requin en hébreu), situé à environ 80 km au large des côtes d’Haïfa, «a provoqué de vives réactions au Liban, à la fois de la part du Hezbollah et des responsables libanais, en raison du différend au sujet de la frontière maritime.» L’institut indique par ailleurs que «les progrès du côté israélien en matière de production de gaz, qui devrait commencer au troisième trimestre 2022, incitent les Libanais à tenter de parvenir à une médiation via Amos Hochstein. C’est dans ce contexte que nous devrions placer la décision du président Aoun et du Premier ministre par intérim Nagib Mikati de convoquer d’urgence, le 6 juin passé, Amos Hochstein à Beyrouth. De son côté, le Hezbollah, qui fait l’objet de critiques internes au Liban, continue d’exploiter cette question pour renforcer sa position de défenseur de la souveraineté du Liban contre ce qu’il décrit comme des efforts israéliens et américains pour piller ses ressources. Mais, à ce stade, les chances qu’il attaque la plateforme Energan sont très mince
Pendant des mois, l’ancien chef de la délégation technique militaire négociant les frontières maritimes du sud avec Israël, le général de brigade Bassam Yassine, avait fait la une des médias. L’année dernière, il avait mené les négociations indirectes entre le Liban et Israël au siège de la Finul à Naqoura à la mi-octobre 2020, jusqu’à leur suspension. À ce titre, le président Michel Aoun avait dévoilé quelques jours auparavant la raison de la suspension de ces négociations. En effet, Israël avait rejeté la proposition libanaise de considérer la ligne 29 comme la ligne de base pour les négociations en réaction au rejet par la partie libanaise de la ligne 1 israélienne et de la Ligne Hof, tracée par l’ancien médiateur américain Frederic Hof, avant qu’Amos Hochstein ne lui succède.
Le président Aoun a toutefois omis de déclarer que le général Yassine avait fortement défendu la ligne 29, en plaidant pour son adoption comme ligne de base dans les négociations. Ce qui aurait permis au Liban d’ajouter à la zone précédemment déterminée sous la ligne 23 par 860 kilomètres carrés, une superficie supplémentaire de 1.300 kilomètres carrés. De ce fait, la superficie de la zone maritime libanaise serait passée à 2160 kilomètres carrés. Mais, cette revendication importante n’a pas été retenue, et son défenseur, le général Yassin, écarté de la délégation, a vu son mandat tourner court. Cependant, on ne peut pas en dire autant de la controverse autour de la ligne 29 qui se poursuit inlassablement.
Bien sûr, le général Yassine, qui avait atteint l’âge de la retraite dans l’armée, n’était pas le seul à s’être lancé dans la défense de la ligne 29. Un large front de partisans prônait son adoption, rejoint par les 13 députés élus issus du soulèvement du 17 octobre 2019. Néanmoins, le général Yassine, malgré la fin de sa mission dans les négociations, persiste et signe dans sa défense de la ligne 29 jusque très récemment, ce qui a soulevé des interrogations sur le lien de ce haut gradé avec le commandement de l’armée et la position de la troupe au sujet des négociations sur la délimitation de la frontière maritime. Dès lors, le commandement de l’armée s’est empressé d’annoncer à la veille de l’arrivée du médiateur américain Amos Hochstein à Beyrouth que «l’armée a explicitement fait part de sa position au terme de sa mission technique, et qu’elle soutient les autorités politiques en tout état de cause dans les décisions qu’elles prendront».
Ceci étant, le général Yassine, est revenu à la charge dans un communiqué publié sur son compte Facebook, selon lequel il considérait que «demander le champ Qana (dans la ligne 29) est insuffisant, et qu’il faut plutôt considérer que le champ de Karish (dans la ligne 29 et considéré par Israël sur son territoire) est toujours dans une zone contestée jusqu’à ce qu’une solution juste soit trouvée conformément au droit international.» Parallèlement, le général Yassine a déclaré lors d’une interview télévisée que «la ligne 29 est un droit acquis concernant la question des frontières maritimes, et quiconque renchérit porte atteinte aux droits du Liban.»
En revanche, certaines voix rapportent la contradiction à la position du général Yassine, parmi lesquelles figure l’expert en affaires pétrolières, Rabih Yaghi, qui souligne, à travers la Markazia, qu’«il faut adhérer à la ligne 23». Selon lui, «la ligne 23 est la ligne officielle qui sépare par la mer le sud du Liban et le nord d’Israël, et la zone économique exclusive (ZEE) appartenant à la souveraineté libanaise et celle appartenant à Israël».
Et, d’ajouter : «Cette ligne a été formellement revendiquée par le Liban selon une carte enregistrée auprès des Nations unies en 2011. C’est donc la ligne maritime que le Liban reconnaît officiellement, et tout renoncement à cette ligne relève de la haute trahison. M. Yaghi souligne également que «la ligne 29 a soudainement refait surface alors que personne n’en parlait depuis 2011, sachant que l’on peut l’appeler la «ligne de négociation» à travers laquelle le Liban espère accéder à son droit représenté par la ligne 23… »
Par ailleurs, l’adhésion du président Aoun à la ligne 23, en sa qualité de négociateur au nom du Liban conformément à ses pouvoirs constitutionnels, donne davantage de poids à la position en faveur de cette dernière. C’est à ce titre d’ailleurs qu’il a fait part de cette position au médiateur américain, Amos Hochstein, lors de sa dernière visite au Liban.
Or qu’en dit la partie israélienne, censée transmettre au médiateur américain sa réponse à la proposition libanaise de reprendre les négociations indirectes, interrompues l’an dernier ? Mais, avant que le Liban ne soit informé de la réponse israélienne, des nouvelles en provenance du Caire ont révélé que l’Égypte, Israël et l’Union européenne avaient signé un protocole d’accord pour augmenter les exportations de gaz israélien vers l’Union européenne après sa liquéfaction en Égypte. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Layen, a déclaré au terme de la signature du protocole d’accord dans la capitale égyptienne en marge de la septième réunion du Forum méditerranéen du gaz, qu’il s’agit d’«une chance pour sécuriser la coopération énergétique et régionale ainsi que pour consolider la paix et la transition vers une énergie propre.»
De son côté, l’Institut israélien d’études de sécurité affirme que l’arrivée de la plateforme flottante de production de gaz Energan, censée commencer à produire du gaz à partir du champ de Karish (le requin en hébreu), situé à environ 80 km au large des côtes d’Haïfa, «a provoqué de vives réactions au Liban, à la fois de la part du Hezbollah et des responsables libanais, en raison du différend au sujet de la frontière maritime.» L’institut indique par ailleurs que «les progrès du côté israélien en matière de production de gaz, qui devrait commencer au troisième trimestre 2022, incitent les Libanais à tenter de parvenir à une médiation via Amos Hochstein. C’est dans ce contexte que nous devrions placer la décision du président Aoun et du Premier ministre par intérim Nagib Mikati de convoquer d’urgence, le 6 juin passé, Amos Hochstein à Beyrouth. De son côté, le Hezbollah, qui fait l’objet de critiques internes au Liban, continue d’exploiter cette question pour renforcer sa position de défenseur de la souveraineté du Liban contre ce qu’il décrit comme des efforts israéliens et américains pour piller ses ressources. Mais, à ce stade, les chances qu’il attaque la plateforme Energan sont très mince
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