L'ex-gouverneur britannique de Hong-Kong vilipende la Chine
©Chris Patten, ancien gouverneur britannique de Hong-Kong, ne ménage pas ses critiques envers le président chinois Xi Jinping, un "dictateur" qu'il juge responsable des attaques contre les libertés du territoire. (AFP)
25 ans après avoir quitté son poste de gouverneur britannique de Hong-Kong, Chris Patten qualifie le président chinois de "dictateur", estimant que la Chine a totalement violé l'accord conjoint de 1997. Celui-ci prévoyait la rétrocession de Hong-Kong à la République populaire de Chine, en échange du respect des libertés fondamentales dans le territoire dans le cadre du régime "un pays, deux systèmes." Un statu quo bouleversé avec la graduelle prise de contrôle par le pouvoir central de la péninsule et l'instauration de la "loi de sécurité nationale" qui met fin au régime libéral à Hong-Kong. 

Chris Patten affirme que la République populaire e Chine enfreint "complètement" la déclaration conjointe de 1997, qui garantissait le respect des libertés fondamentales à Hong-Kong. (AFP)

Près de 25 ans après avoir quitté son poste de dernier gouverneur britannique de Hong Kong, Chris Patten ne ménage pas ses critiques envers le président chinois Xi Jinping, un "dictateur" qu'il juge responsable des attaques contre les libertés du territoire.

Le 1er juillet marquera les 25 ans de la rétrocession de Hong Kong par le Royaume-Uni à la Chine en 1997, en vertu d'un accord garantissant au territoire une autonomie et des libertés pendant 50 ans, selon le principe "un pays, deux systèmes".

Depuis, la "tristesse" suscitée chez Chris Patten par cet événement historique qualifié alors par la BBC d'"épilogue de l'empire" britannique, a laissé la place à la colère.

Car depuis la signature de la déclaration conjointe sino-britannique de 1984, définissant les conditions du retour du territoire dans le giron chinois après une colonisation remontant à 1841, la République populaire a été régulièrement accusée de revenir sur ses engagements et d'imposer sa lecture des textes.

La fin du statut spécial de Hong-Kong

Le 1er juillet marquera les 25 ans de la rétrocession de Hong Kong par le Royaume-Uni à la Chine en 1997, en vertu d'un accord garantissant au territoire une autonomie et des libertés pendant 50 ans, selon le principe "un pays, deux systèmes". (AFP)

En 2020, une loi sur la sécurité nationale, promulguée à la suite d'une vague de manifestations pour les libertés à Hong Kong prévoit ainsi de punir les activités séparatistes, "terroristes", la subversion, ou encore les ingérences étrangères dans le territoire autonome chinois.

"La Chine a déchiré la déclaration conjointe et essaie par vengeance de supprimer complètement les libertés à Hong Kong parce qu'elle les voit comme une menace, non pour la sécurité de la Chine, mais pour la capacité du Parti communiste chinois à s'accrocher au pouvoir", déclare Chris Patten, 78 ans, à l'AFP.

Celui qui fut le dernier gouverneur britannique de Hong Kong, de 1992 à 1997, n'a pas ménagé ses critiques envers la Chine et son président Xi Jinping, qu'il a qualifié de "dictateur", en marge d'un événement lundi dans le cadre du lancement de son livre "The Hong Kong Diaries".

Il rejette les critiques selon lesquelles le Royaume-Uni n'en a pas fait assez avant la rétrocession. "Quels que soient les changements que nous aurions faits avant 1997, il est improbable qu'ils auraient affecté la manière dont le Parti communiste chinois s'est comporté après l'arrivée de Xi Jinping aux plus hautes fonctions", estime-t-il. "Je pense que les grands changements sont intervenus depuis 2012, 2013, 2014, depuis que Xi Jinping est dictateur", ajoute-t-il.


Depuis son accession au poste de secrétaire général du PCC en 2012, puis de président de la République populaire l'année suivante, ce fils d'un révolutionnaire communiste de la première heure n'a cessé de centraliser le pouvoir entre ses mains. Il est souvent qualifié de plus puissant dirigeant chinois depuis le fondateur du régime, Mao Tsé-toung (1949-76).

Un nouveau modèle de gouvernance pour Hong Kong



Avec le 25e anniversaire de sa rétrocession, Hong Kong se trouve à mi-parcours de la période prévue dans la déclaration, qui avait été signée en 1984 par la Première ministre britannique Margaret Thatcher et son homologue chinois Zhao Ziyang.

À moins de deux semaines de l'anniversaire, date à laquelle sera aussi intronisé le nouveau chef de l'exécutif local John Lee, la venue à Hong Kong de Xi Jinping est toujours incertaine. Il n'a pas quitté la Chine continentale depuis le début de la pandémie de coronavirus.

Pour Chris Patten, dont le livre revient sur sa période comme gouverneur, "la partie la plus difficile du boulot était (...) de négocier avec la Chine pour tenter de sauvegarder (le principe) un pays, deux systèmes".

Maintenant, la République populaire enfreint "complètement" la déclaration conjointe. Mais s'il estime nécessaire de "contenir la Chine", il reconnaît qu'il est aussi nécessaire de travailler avec elle pour lutter contre le changement climatique et les épidémies.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a ravivé les craintes que la Chine puisse faire de même avec Taïwan, l'île qu'elle considère comme son territoire historique.

Pour Chris Patten, Xi Jinping doit comprendre "quelle entreprise incroyablement dangereuse ce serait", au vu des difficultés rencontrées par les troupes russes en Ukraine et les sanctions internationales contre Moscou.

"Mon instinct me dit que c'est tellement dangereux pour Xi Jinping d'essayer que le système l'encouragera, j'espère, à ne pas le faire".

Avec AFP
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