L'UE accueille l'Ukraine, le G7 menace la Russie
Le sommet du G7 en fin de semaine en Allemagne débouchera sur "un ensemble de propositions concrètes pour augmenter la pression sur la Russie et montrer notre soutien collectif à l'Ukraine", a déclaré mercredi un haut responsable de la Maison-Blanche, à la veille d'un sommet européen où Kiev espère obtenir le statut officiel de candidat à l'UE.

Le sommet du G7 aura lieu à Garmisch-Partenkirchen , en Allemagne, du 26 au 28 juin.

Le responsable américain n'a pas toutefois donné de détails sur ce que seraient ces mesures, après que les Occidentaux ont déjà multiplié les annonces de sanctions contre le régime de Vladimir Poutine.

La même source a par ailleurs indiqué que le sujet de l'énergie, dont le coût explose dans le monde, serait "au cœur des discussions" entre les dirigeants des Etats-Unis, de l'Allemagne, de la France, du Canada, de l'Italie, du Japon et du Royaume-Uni lors de ce sommet.

Les sept chefs d'Etat et de gouvernement "voient un ensemble de défis communs en termes de coût de la vie pour leurs populations" et plus largement dans le monde, notamment en matière d'énergie et d'alimentation, a indiqué ce haut responsable, qui n'a pas voulu être nommé.



Il s'exprimait lors d'une conférence de presse consacrée à la participation du président américain Joe Biden à ce sommet du G7 ainsi qu'à un sommet de l'Otan qui se tiendra dans la foulée, en Espagne.

La Maison Blanche a souligné que le président ukrainien Volodymyr Zelensky interviendrait, virtuellement, lors de ces deux rendez-vous.

Pour ce qui concerne l'Otan, une haute responsable de l'exécutif américain a elle insisté sur le fait que l'alliance de défense occidentale présenterait à Madrid un nouveau "concept stratégique" qui "mentionnera les défis posés par la Chine". "Ce sera la première fois", a-t-elle indiqué.
Journée cruciale pour l'Ukraine

Sur le plan diplomatique, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en plus de réclamer davantage de livraisons d'armes lourdes à ses alliés occidentaux, s'active pour s'assurer que les 27 pays de l'Union européenne accorderont à l'Ukraine le statut officiel de candidat à l'UE jeudi lors d'un sommet prévu à Bruxelles.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé les dirigeants européens à "se montrer à la hauteur" en accédant à la demande de Kiev.



L'exécutif européen a rendu il y a quelques jours un avis favorable sur la candidature de l'Ukraine et mardi, le ministre des Affaires européennes français Clément Beaune, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l'UE, a indiqué qu'un "consensus total" entre les Vingt-Sept avait émergé sur cette question.

A Berlin, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé mercredi à mettre sur pied "un plan Marshall" pour la reconstruction de l'Ukraine. "Nous aurons besoin de plusieurs milliards d'euros et de dollars supplémentaires et ce pendant des années", a-t-il souligné.

Le sommet européen de Luxembourg est suivi de celui du G7 et d'un troisième de l'Otan. La question de l'aide financière à Kiev devrait être au coeur des discussions de ces trois rencontres.

M. Zelensky participera en visioconférence au sommet de l'Otan devant se tenir du 28 au 30 juin dans la capitale espagnole.

"La vérité, c'est que nous sommes encore loin de négociations entre l'Ukraine et la Russie parce que [le président russe Vladimir] Poutine croit encore en la possibilité de pouvoir dicter la paix", a également estimé M. Scholz.



Alors que Moscou commémore l'invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne nazie en 1941, la diplomatie russe a accusé Berlin d'alimenter une "hystérie russophobe" et ce "de façon systématique par des attaques quasi-quotidiennes de membres du gouvernement allemand contre notre pays".
Médiation turque pour le blé

Et Moscou a reçu un nouveau soutien voilé du président chinois Xi Jinping, qui, dans une référence implicite à l'Otan a fustigé mercredi "l'élargissement des alliances militaires", responsable selon lui entre autres de la crise en Ukraine.

Selon Ankara, un navire marchand turc a quitté mercredi le port ukrainien de Marioupol après des discussions entre délégations turque et russe à Moscou au sujet des céréales bloquées en Ukraine à cause de l'invasion russe.

La Turquie, qui se met en avant comme médiatrice, a également annoncé la tenue prochaine d'une rencontre quadripartite à Ankara avec des représentants des Nations unies, de la Russie et de l'Ukraine pour faire avancer le dossier des céréales bloquées dans les ports ukrainiens.

Mais Kiev a nié qu'un accord ait été conclu en vue d'une telle rencontre, et Moscou, qui impose en mer Noire un blocus maritime à son voisin n'a fait état d'aucune avancée majeure en vue de débloquer les ports ukrainiens comme le demandent avec insistance plusieurs pays africains inquiets pour leur approvisionnement en blé.

Au Donbass, les Russes progressent

Sur le terrain, les forces russes ont accentué mercredi leur progression vers Lyssytchansk, ville industrielle stratégique de l'est de l'Ukraine. Selon le lieutenant-colonel Andreï Marotchko, représentant des séparatistes prorusses combattants au côté des troupes de Moscou, les forces ukrainiennes sont désormais cernées dans deux villages supplémentaires situés à quelques kilomètres de Lyssytchansk et de sa ville jumelle Severodonetsk.


"Très bientôt, les groupes (ukrainiens) à Lyssytchansk et Severodonetsk seront encerclés", a-t-il déclaré à l'antenne d'une télévision russe, revendiquant pour son camp des "succès (...) colossaux" en 48 heures.

"Les Russes s'approchent de Lyssytchansk, prennent pied dans les villes voisines et bombardent la ville avec leurs avions", avait reconnu plus tôt Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, épicentre du conflit ces dernières semaines.



Selon lui, "l'armée russe pilonne (aussi) Lyssytchansk avec son artillerie et ses tanks", et si les Ukrainiens contrôlent encore la ville, le déluge de feu russe y "détruit tout".

La poche de résistance ukrainienne autour de Lyssytchansk et Severodonetsk est la seule qui échappe encore aux forces russes dans la région de Lougansk, où les violents combats d'artillerie durent depuis des semaines.

Les deux villes sont une étape clé pour les Russes dans leur plan de conquête de l'intégralité du Donbass, bassin essentiellement russophone et en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014.

"Les Russes détruisent complètement les maisons, jusqu'aux fondations, avec leur artillerie", a déclaré mercredi le chef de l'administration de la ville, Oleksandr Stryuk, estimant qu'il reste "7-8.000 habitants" dans cette cité industrielle qui en comptait environ 100.000 avant la guerre.



Côté russe, les autorités ont indiqué que deux drones avaient attaqué et provoqué un incendie mercredi dans la raffinerie de pétrole Novochakhtinski, située en territoire russe, à quelques kilomètres de la frontière avec la région de Lougansk.

Selon les autorités locales, l'incendie n'a fait aucune victime et a été éteint en fin de matinée. Sans accuser nommément les forces ukrainiennes, Moscou a dénoncé des "actes terroristes venant de la frontière occidentale" de cette région russe.

L'armée russe a d'autre part accusé les Ukrainiens d'avoir monté une "provocation" en faisant exploser une école secondaire d'Avdiika, ville proche de Donetsk, sur la ligne de front, puis d'avoir "distribué photos et vidéos fabriquées dans les médias" afin "d'accuser les forces russes".

A Lyssytchansk, une équipe de l'AFP a vu des soldats ukrainiens creuser une tranchée devant servir de poste de tir dans une rue du centre, et ériger des barricades avec des barbelés et des branches.



"De nombreux habitants qui sont restés attendent le monde russe", explique Jaconda, faisant allusion à la volonté du président russe Vladimir Poutine de restaurer l'influence russe dans les régions limitrophes de la Russie.

Plus au nord, à Kharkiv, tenue par les Ukrainiens et bombardée quotidiennement en pleine journée, une équipe de l’AFP a trouvé la ville vidée de ses habitants.

"La situation est très mauvaise", explique Leila Choydhry, une jeune fille. "La nuit dernière, l'immeuble voisin du mien s'est totalement effondré suite à bombardement tandis que je dormais". "Mais je n'ai pas peur de mourir", ajoute celle qui s'est fait tatouer sur l'avant-bras gauche en anglais: "Ukraine pour toujours dans mon cœur".
MSF dénonce un "niveau choquant" de souffrance des civils

Médecins sans frontières (MSF) a dénoncé mercredi "niveau choquant" de souffrance que la violence aveugle de la guerre en Ukraine cause aux civils, victimes d'"attaques indiscriminées constantes".



Entre le 31 mars et le 6 juin, l'ONG a procédé à l'évacuation médicale par train de 653 patients des zones touchées par la guerre dans l'est du pays vers des hôpitaux situés dans des régions plus sûres.

Pendant le voyage, qui prend 20 à 30 heures, des infirmières et médecins ont prodigué des soins pour qu'ils restent stables.

Les données médicales et récits des patients évacués par ce train montrent que la guerre "est menée avec un manque de soin scandaleux pour distinguer et protéger les civils" et "révèlent des attaques indiscriminées constantes contre les civils", indique MSF dans un communiqué.

Reporters sans frontières (RSF) a publié de son côté une enquête menée en Ukraine qui prouve, selon elle, que le photoreporter ukrainien Maks Levin a été "exécuté" avec un soldat qui l'accompagnait, après avoir été probablement torturé, par des militaires russes en mars.

Ce "rapport donnera lieu à notre sixième plainte" devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, a indiqué RSF à l'AFP.

Avec AFP
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