Début mai, Emmanuel Macron a présenté, devant le Parlement européen, un projet pour une "organisation européenne nouvelle". Baptisée Communauté politique européenne (CPE), elle est destinée aux pays ne faisant pas partie de l'Union européenne, mais qui souhaite une coopération resserrée avec celle-ci. Les débats pour (ou contre sa création) ont démarré jeudi 23 juin à Bruxelles.
Le président français avait surpris en présentant ce projet d'une "organisation européenne nouvelle" le 9 mai devant le Parlement européen en plein débat sur l'adhésion de l'Ukraine, en guerre contre la Russie.
L'objectif de la CPE est "de renforcer le dialogue politique et la coopération sur les dossiers d'intérêts communs, comme la sécurité, la stabilité et la prospérité du continent européen", explicite le projet des conclusions du sommet qui se tient jeudi et vendredi à Bruxelles. En précisant bien que cette plateforme ne vise pas à "remplacer les politiques et instruments" de l'UE.
La CPE "permet d'apporter un cadre de réunions régulières, de coopérations concrètes sur des sujets clés pour stabiliser le continent européen", a expliqué Emmanuel Macron lors d'une récente visite en Moldavie.
Pour cela, elle devra être une "structure légère", "dotée d'une capacité décisionnelle", qui se réunirait "plusieurs fois par an", selon Paris.
Le projet doit permettre une meilleure coopération avec les pays limitrophes de l'UE (AFP)
D'abord les pays souhaitant rejoindre l'UE, en premier lieu l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, mais aussi ceux des Balkans occidentaux, dans l'antichambre depuis de nombreuses années, comme la Serbie ou la Macédoine du Nord.
Mais la CPE viserait aussi à attirer les pays européens qui ne souhaitent pas entrer dans l'UE, comme la Suisse ou la Norvège, voire le Royaume-Uni, qui l'a quittée avec le Brexit.
Se pose en outre la question d'une participation de la Turquie, qui a fait part de son intérêt, alors qu'Emmanuel Macron a insisté sur le fait que ce forum sera ouvert aux États qui partagent "les valeurs démocratiques" de l'UE.
Les réactions vont de l'intérêt à la méfiance, mais tous aimeraient en savoir plus sur son fonctionnement avant de se prononcer.
Présent jeudi à Bruxelles, le Premier ministre de la Macédoine du Nord Dimitar Kovacevski a "salué cette initiative du président Macron" mais elle "ne doit pas être une alternative à une adhésion totale à l'UE".
Plus sceptique, l'Ukraine avait fraîchement accueilli ce projet, redoutant qu'il ne renvoie une entrée dans l'UE aux calendes grecques, avant de recevoir des assurances des 27.
La CPE ne provoque pas l'enthousiasme à Londres. Qui préfère "se baser sur les structures déjà existantes et qui fonctionnent avec succès, que ce soit le G7 ou l'Otan", selon la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss. Mais "nous ne désespérons pas que Londres y trouve un jour son intérêt", souligne-t-on à Paris.
Certains pays craignent qu'il s'agisse d'une tactique pour ne pas avoir à les intégrer à l'UE (AFP)
La Suisse n'a pas encore officiellement fait état de sa position.
Parfois méfiants face aux initiatives lancées par la France, des États membres jugent le projet encore flou. Si beaucoup d'entre eux reconnaissent l'utilité d'une "enceinte" pour discuter entre Européens, certains comme les Allemands avertissent qu'elle ne doit pas doublonner avec l'OSCE et le Conseil de l'Europe.
"Ce dont l'Europe a besoin n'est pas d'une autre salle d'attente pour les aspirants membres ou d'une nouvelle version de la vieille 'Europe à deux vitesses'", estime l'historien néerlandais Luuk van Middelaar, en résumant le scepticisme de plusieurs capitales, notamment en Europe du Nord et de l'Est.
D'autres s'interrogent sur l'efficacité d'une telle structure qui aurait vocation à accueillir des pays aux situations très différentes. "Il faudra que ce nouvel animal soit suffisamment flexible pour offrir un intérêt à tout le monde", résume un diplomate européen.
Quoi qu'il en soit, l'Élysée se félicite que la CPE "reçoit de plus en plus un accueil positif".
Dans l'esprit des promoteurs de la CPE, le débat engagé jeudi va se prolonger durant l'été et sa création "se fera par étapes" avec l'objectif d'une première réunion "au deuxième semestre", selon la présidence française.
Son lancement sera facilité par le fait que la CPE ne nécessite pas une réforme des traités.
Avec AFP
Qu'est-ce que la CPE ?
Le président français avait surpris en présentant ce projet d'une "organisation européenne nouvelle" le 9 mai devant le Parlement européen en plein débat sur l'adhésion de l'Ukraine, en guerre contre la Russie.
L'objectif de la CPE est "de renforcer le dialogue politique et la coopération sur les dossiers d'intérêts communs, comme la sécurité, la stabilité et la prospérité du continent européen", explicite le projet des conclusions du sommet qui se tient jeudi et vendredi à Bruxelles. En précisant bien que cette plateforme ne vise pas à "remplacer les politiques et instruments" de l'UE.
La CPE "permet d'apporter un cadre de réunions régulières, de coopérations concrètes sur des sujets clés pour stabiliser le continent européen", a expliqué Emmanuel Macron lors d'une récente visite en Moldavie.
Pour cela, elle devra être une "structure légère", "dotée d'une capacité décisionnelle", qui se réunirait "plusieurs fois par an", selon Paris.
Le projet doit permettre une meilleure coopération avec les pays limitrophes de l'UE (AFP)
Quels pays pourraient en faire partie ?
D'abord les pays souhaitant rejoindre l'UE, en premier lieu l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, mais aussi ceux des Balkans occidentaux, dans l'antichambre depuis de nombreuses années, comme la Serbie ou la Macédoine du Nord.
Mais la CPE viserait aussi à attirer les pays européens qui ne souhaitent pas entrer dans l'UE, comme la Suisse ou la Norvège, voire le Royaume-Uni, qui l'a quittée avec le Brexit.
Se pose en outre la question d'une participation de la Turquie, qui a fait part de son intérêt, alors qu'Emmanuel Macron a insisté sur le fait que ce forum sera ouvert aux États qui partagent "les valeurs démocratiques" de l'UE.
Qu'en pensent ces pays ?
Les réactions vont de l'intérêt à la méfiance, mais tous aimeraient en savoir plus sur son fonctionnement avant de se prononcer.
Présent jeudi à Bruxelles, le Premier ministre de la Macédoine du Nord Dimitar Kovacevski a "salué cette initiative du président Macron" mais elle "ne doit pas être une alternative à une adhésion totale à l'UE".
Plus sceptique, l'Ukraine avait fraîchement accueilli ce projet, redoutant qu'il ne renvoie une entrée dans l'UE aux calendes grecques, avant de recevoir des assurances des 27.
La CPE ne provoque pas l'enthousiasme à Londres. Qui préfère "se baser sur les structures déjà existantes et qui fonctionnent avec succès, que ce soit le G7 ou l'Otan", selon la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss. Mais "nous ne désespérons pas que Londres y trouve un jour son intérêt", souligne-t-on à Paris.
Certains pays craignent qu'il s'agisse d'une tactique pour ne pas avoir à les intégrer à l'UE (AFP)
La Suisse n'a pas encore officiellement fait état de sa position.
Et les 27 ?
Parfois méfiants face aux initiatives lancées par la France, des États membres jugent le projet encore flou. Si beaucoup d'entre eux reconnaissent l'utilité d'une "enceinte" pour discuter entre Européens, certains comme les Allemands avertissent qu'elle ne doit pas doublonner avec l'OSCE et le Conseil de l'Europe.
"Ce dont l'Europe a besoin n'est pas d'une autre salle d'attente pour les aspirants membres ou d'une nouvelle version de la vieille 'Europe à deux vitesses'", estime l'historien néerlandais Luuk van Middelaar, en résumant le scepticisme de plusieurs capitales, notamment en Europe du Nord et de l'Est.
D'autres s'interrogent sur l'efficacité d'une telle structure qui aurait vocation à accueillir des pays aux situations très différentes. "Il faudra que ce nouvel animal soit suffisamment flexible pour offrir un intérêt à tout le monde", résume un diplomate européen.
Quoi qu'il en soit, l'Élysée se félicite que la CPE "reçoit de plus en plus un accueil positif".
Quand pourrait-elle voir le jour ?
Dans l'esprit des promoteurs de la CPE, le débat engagé jeudi va se prolonger durant l'été et sa création "se fera par étapes" avec l'objectif d'une première réunion "au deuxième semestre", selon la présidence française.
Son lancement sera facilité par le fait que la CPE ne nécessite pas une réforme des traités.
Avec AFP
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