Paris: enquêtes pour viols dans de prestigieux établissements
©La levée de l'omerta a suscité des déclenchements en cascade pour des affaires de viols dans le milieu de l'enseignement supérieur. (Photo : AFP)
Dans le milieu des hautes études, c'est la fin d'une loi du silence imposée par la pression sociale encouragée par la préservation de la réputation d'établissements prestigieux. Plusieurs victimes prennent la parole pour des actes de viols commis au sein d'écoles réputées. Les cas recensés concernent exclusivement des étudiantes.

Levée "l'omerta qui régnait sur le campus" de Saclay: plusieurs enquêtes ont récemment été ouvertes pour viol au sein de prestigieux établissements tels que l’École normale supérieure, l'X et CentraleSupélec, au sud de Paris.

Le parquet d’Évry (Essonne) a indiqué vendredi à l'AFP avoir ouvert plusieurs enquêtes pour viol dans quatre grandes écoles situées sur le plateau de Saclay, en Essonne au sud de Paris, après avoir reçu "plusieurs plaintes".

"La parole s'est libérée" dans "des lieux clos où il était difficile de parler et de se faire entendre car il fallait préserver la réputation des établissements", s'est félicitée la procureure de la République Caroline Nisand, qui a ouvert des enquêtes à CentraleSupélec, l’École Normale Supérieure (ENS), Polytechnique et à l'Institut d'optique.

Les bâtiments historiques de l'X, l'Ecole polytechnique de Paris. (Photo : Creative commons)

Parmi ces enquêtes pour viol, trois ont été confiées à des juges: une à CentraleSupélec et deux à l'ENS.

Les plaignantes sont toutes des étudiantes, qui dénoncent des faits récents ayant eu lieu au cours des dernières années, et les soupçons portent sur d'autres étudiants: il n'y a pas, "à cette heure, de rapport d'autorité" entre les plaignantes et les suspects, précise la procureure.

La magistrate a souligné "une dynamique" de libération de la parole qui a contribué à "briser l'autocensure" et à "lever l'omerta qui régnait sur le campus" de Saclay, situé en banlieue parisienne.

"Il est encourageant que les victimes osent parler et porter plainte. C’est à la justice de faire son travail", a commenté auprès de l'AFP la prestigieuse École Polytechnique surnommée en France "l'X".

Onde de choc


La magistrate estime que la parole a pu se libérer à partir de la diffusion d'un questionnaire interne de l'école d'ingénieurs CentraleSupélec, qui avait révélé une centaine de faits de harcèlement sexuel, d'agression sexuelle et viol sur l'année universitaire.


Les résultats de cette enquête interne avaient été signalés par la direction de l'école à la procureure d’Évry, qui avait alors ouvert une enquête préliminaire en octobre 2021 et s'était rendue dans l'établissement pour échanger avec les étudiants réunis dans un amphithéâtre comble, accompagnée des gendarmes.

Un campus appartenant à Supélec. (Photo: AFP)

"Les résultats de cette enquête nous ont sidérés", avait déclaré le directeur de l'école. "Si nous sommes engagés de longue date dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, nous étions loin d'en prendre l'exacte mesure", avait-il ajouté.

Désormais, deux enquêtes sont en cours à CentraleSupélec, suite à deux plaintes pour viol: une dirigée par le parquet et l'autre confiée à un juge d'instruction.

Des révélations similaires avaient marqué Polytechnique, où la direction "sous le choc", avait signalé à la justice les résultats d'un questionnaire interne. D'après ce questionnaire, une étudiante sondée sur quatre disait avoir été victime d'agression sexuelle dans sa scolarité et onze élèves disaient avoir été victimes de viol ou tentative de viol. Le parquet avait ouvert, en avril, une enquête.

A ce jour, le parquet d’Évry compte trois enquêtes préliminaires en cours, à la suite de deux plaintes pour viol à Polytechnique et d'un signalement.

Deux enquêtes à l’École normale supérieure (ENS) ont aussi été confiées, début juin, à des juges pour viol et agression sexuelle, à la suite de deux plaintes.

Une enquête préliminaire est en cours à l'Institut d'Optique pour viol et agression sexuelle.

Avec AFP
Commentaires
  • Aucun commentaire