« Je voulais qu’on soit assis avec lui sur le sofa » : Patricia Kelly, veuve de Gene Kelly, livre sur la radio française France Musique cet été les mémoires audio inédites de la star de Singing in the rain.

« Je ne le connaissais pas à notre rencontre, oui ça paraît incroyable », « c’est rare de se marier avec sa biographe » : voilà comment, amusée, Patricia Kelly évoque les dix ans passés aux côtés de cette figure de l’âge d’or de Hollywood. Elle a 26 ans quand elle est dépêchée pour travailler avec Gene Kelly, 73 ans, sur un documentaire. Elle deviendra sa biographe et sa dernière femme, en dépit de la différence d’âge.
Depuis le décès de l’artiste en 1996, à 83 ans, devenue sa légataire, elle ne savait que faire de tous les enregistrements où on entend « quand il me raconte ses souvenirs et ce qui le touchait, avec les glaçons tintant dans sa vodka tonic, qu’il prenait le soir dans notre living-room ».
« Il y a trois ans, lors d’une fête de Noël, j’ai rencontré Marc Voinchet, directeur de France Musique. Il parlait de Gene comme Gene aurait voulu que se souvienne de lui. Je me suis assise et lui ai dit que j’avais ces bandes et toutes les archives de Gene ». Naît alors une collaboration qui débouche sur « Gene Kelly et moi », programme radio événement de huit épisodes (une heure chacun), chaque dimanche du 10 juillet au 28 août, où l’acteur-danseur-réalisateur-chorégraphe se raconte.

https://youtu.be/YoKla7nonN0

« Tous les chemins mènent à Paris »

« Je m’aperçois que toutes les routes mènent à Paris, les gens vraiment connectés à l’œuvre de Gene sont ici », constate sa veuve, présente dans la capitale française. « Gene fut le premier chorégraphe américain à créer un ballet pour l’Opéra de Paris (Pas de dieux) et j’attendais depuis vingt ans pour le remonter quand j’ai rencontré sur les marches de l’Opéra de Paris Christopher Hampson, à la tête du Scottish Ballet ». Cette institution écossaise basée à Glasgow a récemment repris l’œuvre.

Et la Cinémathèque de Paris propose une rétrospective (29 juin - 31 juillet) Stanley Donen, qui coréalisera avec Gene Kelly It’s always fair weather ou Singing in the rain . Patricia Kelly ouvrira la rétrospective mercredi et présentera vendredi la séance de Singing in the rain. La gardienne du temple y confiera peut-être que c’est Gene Kelly qui a façonné l’intro chantée du morceau titre, « pas prévue comme ça à l’origine ».

« Gene adorait Paris, il se sentait à la maison », relate la sexagénaire. Celui qui avait « appris le français au lycée » a fait « des films en France connaissait des gens dans la résistance française, avait des amis proches comme Alexandre Trauner (célèbre décorateur de cinéma) (le poète) Jacques Prévert ou (le compositeur de musique de film) Michel Legrand ».

Un ami de John Kennedy

Facette peu connue, Gene Kelly fut un instrument du rayonnement politico-culturel américain. « Gene était ami avec John Kennedy, avait fait campagne pour lui, ils étaient très proches. Après qu’il a parlé français lors d’une soirée avec Jackie Kennedy et Yves Montand, John a eu l’idée de faire de Gene un ambassadeur culturel pour l’Afrique francophone », livre Patricia Kelly.
Embarqué dans une tournée sous l’égide du département d’État américain dans l’ouest de l’Afrique, l’artiste passe également au Ghana en 1964 (Kennedy a été assassiné quelques mois auparavant, Lyndon B. Johnson est aux commandes), enclave anglophone entourée de voisins francophones, pour un épisode savoureux.
Voilà Gene Kelly opposé dans un drôle de ballet diplomatique à l’atout que l’URSS sort de sa manche au même moment au Ghana, Valentina Terechkova, première femme cosmonaute. Victoire sans appel à entendre Patricia Kelly : « Gene a attiré le public, à Accra les gens criaient « D’Artagnan ! » (Rôle tenu dans Les trois mousquetaires) ». Verdict des photos de l’époque : plans larges de la star devant la foule et plans serrés de la cosmonaute entourée d’officiels.

AFP
Commentaires
  • Aucun commentaire