Sotheby’s Paris ouvre la vente en ligne mardi et jusqu’au 8 décembre pour ces 454 feuillets signés de la main du célèbre romancier naturaliste, entre 1885 et 1887.
Seuls quelques spécialistes ont pu les lire et voir comment Zola a transcrit pour la scène l’un des sommets de son œuvre, sur la révolte de mineurs de charbon dans le nord de la France dans les années 1860.
Ce projet d’adaptation était cher à l’auteur de la saga des « Rougon-Macquart ». Il s’en est occupé seul, au lieu de déléguer la tâche, comme pour « L’Assommoir » ou « Nana », au dramaturge William Busnach.
Le public des théâtres parisiens, à cette époque, « est populaire et c’est celui qu’il veut toucher », explique à l’AFP Diana Cooper-Richet, chercheuse de l’université de Versailles-Saint-Quentin, près de Paris, qui a étudié l’échec de cette pièce.
Pour elle, une publication du texte pourrait « apporter du nouveau à la connaissance de l’œuvre de Zola ». Elle donnerait une idée plus précise « de ses déboires avec la censure, des concessions qu’il était prêt à faire pour voir la pièce montée ».
Une édition critique confidentielle était sortie en 1989, grâce à l’universitaire canadien James Bernard Sanders, à Québec. De 200 pages, elle ne contient que « quelques extraits » et omet « les multiples variantes que révèle le manuscrit », souligne Sophie Dufresne, de Sotheby’s.
L’intérêt pour « Germinal » a été réveillé par la diffusion par France 2 d’une adaptation en série. Avec ses six épisodes de 52 minutes, cette production télévisée, beau succès d’audience, dure à peu près autant que la pièce de théâtre, marathon de cinq heures.
- Trop risqué -
D’après Sotheby’s, c’est le « dernier grand manuscrit d’Emile Zola encore en mains privées ». L’essentiel des manuscrits de l’écrivain, y compris celui du roman, consultable en ligne, appartient en effet à la Bibliothèque nationale de France (BNF) et le reste à d’autres institutions.
Interrogée par l’AFP sur ses intentions, la BNF s’est refusée à tout commentaire avant la vente.
Ce « Germinal » est estimé entre 100 000 et 150 000 euros. Le nom du vendeur n’est pas révélé : Sotheby’s parle d’un collectionneur « européen » qui « souhaite garder l’anonymat » et n’en dit « pas plus sur l’itinéraire du manuscrit ».
« Germinal » est une pièce maudite, mutilée pour satisfaire des censeurs qui la trouvaient subversive, et éreintée par la critique.
Quand Zola, auréolé du succès du roman, la soumet en 1885 à la « Commission d’examen » qui s’occupe de la censure, mauvaise surprise : avis défavorable. Décrire la colère d’ouvriers contre leurs employeurs, violemment réprimée, dans un livre de 600 pages, passe encore ; les représenter sur scène, non, trop risqué. Le gouvernement suit et interdit l’œuvre sous cette forme.
Le romancier va insister, atténuer la violence du propos, et obtenir le feu vert pour une version édulcorée, à l’affiche en 1888. Elle déplaît à la presse.
Zola la défend vigoureusement, en obtenant par exemple du théâtre du Châtelet à Paris une représentation gratuite qui attire 20 000 curieux, pour seulement 3 500 places. Peine perdue : il ne sera jamais reconnu comme auteur de théâtre.
Par Hugues HONORÉ
Seuls quelques spécialistes ont pu les lire et voir comment Zola a transcrit pour la scène l’un des sommets de son œuvre, sur la révolte de mineurs de charbon dans le nord de la France dans les années 1860.
Ce projet d’adaptation était cher à l’auteur de la saga des « Rougon-Macquart ». Il s’en est occupé seul, au lieu de déléguer la tâche, comme pour « L’Assommoir » ou « Nana », au dramaturge William Busnach.
Le public des théâtres parisiens, à cette époque, « est populaire et c’est celui qu’il veut toucher », explique à l’AFP Diana Cooper-Richet, chercheuse de l’université de Versailles-Saint-Quentin, près de Paris, qui a étudié l’échec de cette pièce.
Pour elle, une publication du texte pourrait « apporter du nouveau à la connaissance de l’œuvre de Zola ». Elle donnerait une idée plus précise « de ses déboires avec la censure, des concessions qu’il était prêt à faire pour voir la pièce montée ».
Une édition critique confidentielle était sortie en 1989, grâce à l’universitaire canadien James Bernard Sanders, à Québec. De 200 pages, elle ne contient que « quelques extraits » et omet « les multiples variantes que révèle le manuscrit », souligne Sophie Dufresne, de Sotheby’s.
L’intérêt pour « Germinal » a été réveillé par la diffusion par France 2 d’une adaptation en série. Avec ses six épisodes de 52 minutes, cette production télévisée, beau succès d’audience, dure à peu près autant que la pièce de théâtre, marathon de cinq heures.
- Trop risqué -
D’après Sotheby’s, c’est le « dernier grand manuscrit d’Emile Zola encore en mains privées ». L’essentiel des manuscrits de l’écrivain, y compris celui du roman, consultable en ligne, appartient en effet à la Bibliothèque nationale de France (BNF) et le reste à d’autres institutions.
Interrogée par l’AFP sur ses intentions, la BNF s’est refusée à tout commentaire avant la vente.
Ce « Germinal » est estimé entre 100 000 et 150 000 euros. Le nom du vendeur n’est pas révélé : Sotheby’s parle d’un collectionneur « européen » qui « souhaite garder l’anonymat » et n’en dit « pas plus sur l’itinéraire du manuscrit ».
« Germinal » est une pièce maudite, mutilée pour satisfaire des censeurs qui la trouvaient subversive, et éreintée par la critique.
Quand Zola, auréolé du succès du roman, la soumet en 1885 à la « Commission d’examen » qui s’occupe de la censure, mauvaise surprise : avis défavorable. Décrire la colère d’ouvriers contre leurs employeurs, violemment réprimée, dans un livre de 600 pages, passe encore ; les représenter sur scène, non, trop risqué. Le gouvernement suit et interdit l’œuvre sous cette forme.
Le romancier va insister, atténuer la violence du propos, et obtenir le feu vert pour une version édulcorée, à l’affiche en 1888. Elle déplaît à la presse.
Zola la défend vigoureusement, en obtenant par exemple du théâtre du Châtelet à Paris une représentation gratuite qui attire 20 000 curieux, pour seulement 3 500 places. Peine perdue : il ne sera jamais reconnu comme auteur de théâtre.
Par Hugues HONORÉ
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