©Depuis octobre, 109 manifestants ont été tués et des milliers d'autres blessés par les forces de l'ordre qui, selon l'ONU, tirent régulièrement à balles réelles sur la foule. (AFP)
Lors d'une manifestation anti-coup d'État militaire qui a rassemblé des dizaines de milliers de Soudanais, sept personnes ont été tués par les forces de sécurité, dont un mineur. Plus de 110 manifestants ont été abattus par les forces de l'ordre depuis octobre 2021, celles-ci tirant régulièrement sur la foule. Les manifestants veulent réitérer l'exploit d'il y a trois ans et forcer le pouvoir militaire à rendre les rênes du pays aux civils, l'armée ayant mis fin à la période de transition démocratique entamée en 2019.
Chaque semaine, les Soudanais manifestent pour réclamer que le pouvoir soit rendu aux civils, ce jeudi étant la plus meurtrière depuis des mois. (AFP)
Sept manifestants ont été tués jeudi à Khartoum où des dizaines de milliers de Soudanais ont défilé au cri de "le peuple veut la chute du général Abdel Fattah al-Burhane", l'auteur du putsch qui a plongé en octobre le pays dans la violence et une grave crise économique.
Si chaque semaine les Soudanais manifestent pour réclamer que le pouvoir soit rendu aux civils, jeudi est la journée la plus meurtrière depuis des mois, mais aussi l'une de celle qui a le plus mobilisé.
Sept manifestants ont été abattus par les forces de sécurité, quatre au moins --dont un mineur-- par des balles tirées "dans la poitrine", "la tête" ou "le dos", ont rapporté des médecins, dénonçant aussi incursions et des tirs de grenades lacrymogènes à l'intérieur même d'hôpitaux.
Dès mercredi soir, alors que de petits cortèges appelaient ici et là les Soudanais à défiler, un jeune manifestant avait été tué d'une "balle dans la poitrine" à Khartoum, selon ces médecins.
Depuis octobre, 109 manifestants ont été tués et des milliers d'autres blessés par les forces de l'ordre qui, selon l'ONU, tirent régulièrement à balles réelles sur la foule, sans toutefois entamer la détermination de la rue.
"Même si on doit tous mourir, les militaires ne nous gouverneront pas", scandait d'ailleurs jeudi la foule, tandis que le bloc civil des Forces pour la liberté et le changement (FLC) estimait que "comme prévu, les putschistes ont déchaîné leur violence en tirant à balles réelles sur des manifestants pacifiques".
Avant d'ajouter: "les défilés de jeudi ont prouvé que la révolution n'est pas morte", car huit mois après le putsch qui a plongé l'un des pays les plus pauvres au monde dans le marasme, les manifestants continuent de réclamer que l'armée rende le pouvoir aux civils.
Sept manifestants ont été tués jeudi à Khartoum où des dizaines de milliers de Soudanais ont défilé au cri de "le peuple veut la chute du général Abdel Fattah al-Burhane". (AFP)
Le 30 juin est une journée symbolique pour ce grand pays d'Afrique de l'Est : il marque l'anniversaire du putsch qui a porté le dictateur Omar el-Béchir au pouvoir en 1989, un coup de force alors mené main dans la main par généraux et islamistes, et des rassemblements monstres en 2019 qui ont poussé les généraux à intégrer les civils au pouvoir après avoir écarté Béchir. Les manifestants veulent réitérer l'exploit d'il y a trois ans et forcer le pouvoir militaire à rendre les rênes du pays aux civils.
Comme à chaque appel à manifester, internet et le téléphone ont été inaccessibles toute la journée avant d'être de nouveau rétablis en soirée alors que les cortèges s'éparpillaient, tandis que les grands axes étaient quadrillés par les forces de sécurité, ont constaté des journalistes de l'AFP.
La communauté internationale avait pourtant tenté de calmer le jeu en amont: l'émissaire de l'ONU Volker Perthes avait martelé que "la violence doit cesser" et plusieurs ambassades avaient réclamé que "plus aucune vie ne soit perdue".
Mais les capitales étrangères peinent à faire pression sur des généraux au pouvoir au Soudan quasiment sans interruption depuis l'indépendance en 1956.
Le 25 octobre 2021, quand le chef de l'armée, le général Burhane, a brutalement mis fin au fragile partage du pouvoir en faisant arrêter ses partenaires civils, la communauté internationale a coupé son aide --40% du budget du Soudan.
Le 25 octobre 2021, quand le chef de l'armée, le général Burhane, a brutalement mis fin au fragile partage du pouvoir en faisant arrêter ses partenaires civils, la communauté internationale a coupé son aide --40% du budget du Soudan, ce qui a plongé le pays dans l'effondrement économique. (AFP)
Ces sanctions financières n'ont pas fait plier le général Burhane mais elles ont fait plonger l'économie : la livre soudanaise s'est effondrée et l'inflation dépasse tous les mois les 200%.
Pire encore, le spectre de la famine se profile : un tiers des 45 millions de Soudanais souffrent d'"insécurité alimentaire aiguë", potentiellement mortelle, et d'ici septembre, ce chiffre devrait atteindre selon l'ONU 50%. Début juin déjà, l'ONG Save the Children annonçait le décès lié à la faim de deux enfants.
En outre, la spirale des violences dans le pays en guerre depuis des décennies a repris son cycle infernal : au Darfour, des centaines de personnes sont mortes dans des affrontements pour la terre et l'eau et la répression des manifestations fait chaque semaine des morts ou des blessés.
Malgré les dizaines de militants arrêtés et emprisonnés, en continuant de manifester, les FLC, colonne vertébrale du gouvernement limogé lors du putsch, dit vouloir "faire chuter les putschistes et empêcher toute alternative factice". Car pour les FLC, le "dialogue national" proposé par l'armée et l'ONU, est une "fausse solution politique" qui "légitime" le putsch.
Elles posent donc comme condition préalable à toute discussion le retour au partage du pouvoir entre civils et militaires --qui, outre la politique, dominent largement l'économie du pays, riche en or et en ressources naturelles.
Avec AFP
Chaque semaine, les Soudanais manifestent pour réclamer que le pouvoir soit rendu aux civils, ce jeudi étant la plus meurtrière depuis des mois. (AFP)
Sept manifestants ont été tués jeudi à Khartoum où des dizaines de milliers de Soudanais ont défilé au cri de "le peuple veut la chute du général Abdel Fattah al-Burhane", l'auteur du putsch qui a plongé en octobre le pays dans la violence et une grave crise économique.
Si chaque semaine les Soudanais manifestent pour réclamer que le pouvoir soit rendu aux civils, jeudi est la journée la plus meurtrière depuis des mois, mais aussi l'une de celle qui a le plus mobilisé.
Sept manifestants ont été abattus par les forces de sécurité, quatre au moins --dont un mineur-- par des balles tirées "dans la poitrine", "la tête" ou "le dos", ont rapporté des médecins, dénonçant aussi incursions et des tirs de grenades lacrymogènes à l'intérieur même d'hôpitaux.
Dès mercredi soir, alors que de petits cortèges appelaient ici et là les Soudanais à défiler, un jeune manifestant avait été tué d'une "balle dans la poitrine" à Khartoum, selon ces médecins.
Depuis octobre, 109 manifestants ont été tués et des milliers d'autres blessés par les forces de l'ordre qui, selon l'ONU, tirent régulièrement à balles réelles sur la foule, sans toutefois entamer la détermination de la rue.
"Même si on doit tous mourir, les militaires ne nous gouverneront pas", scandait d'ailleurs jeudi la foule, tandis que le bloc civil des Forces pour la liberté et le changement (FLC) estimait que "comme prévu, les putschistes ont déchaîné leur violence en tirant à balles réelles sur des manifestants pacifiques".
Avant d'ajouter: "les défilés de jeudi ont prouvé que la révolution n'est pas morte", car huit mois après le putsch qui a plongé l'un des pays les plus pauvres au monde dans le marasme, les manifestants continuent de réclamer que l'armée rende le pouvoir aux civils.
Rendre les rênes du pays aux civils
Sept manifestants ont été tués jeudi à Khartoum où des dizaines de milliers de Soudanais ont défilé au cri de "le peuple veut la chute du général Abdel Fattah al-Burhane". (AFP)
Le 30 juin est une journée symbolique pour ce grand pays d'Afrique de l'Est : il marque l'anniversaire du putsch qui a porté le dictateur Omar el-Béchir au pouvoir en 1989, un coup de force alors mené main dans la main par généraux et islamistes, et des rassemblements monstres en 2019 qui ont poussé les généraux à intégrer les civils au pouvoir après avoir écarté Béchir. Les manifestants veulent réitérer l'exploit d'il y a trois ans et forcer le pouvoir militaire à rendre les rênes du pays aux civils.
Comme à chaque appel à manifester, internet et le téléphone ont été inaccessibles toute la journée avant d'être de nouveau rétablis en soirée alors que les cortèges s'éparpillaient, tandis que les grands axes étaient quadrillés par les forces de sécurité, ont constaté des journalistes de l'AFP.
La communauté internationale avait pourtant tenté de calmer le jeu en amont: l'émissaire de l'ONU Volker Perthes avait martelé que "la violence doit cesser" et plusieurs ambassades avaient réclamé que "plus aucune vie ne soit perdue".
Mais les capitales étrangères peinent à faire pression sur des généraux au pouvoir au Soudan quasiment sans interruption depuis l'indépendance en 1956.
Le 25 octobre 2021, quand le chef de l'armée, le général Burhane, a brutalement mis fin au fragile partage du pouvoir en faisant arrêter ses partenaires civils, la communauté internationale a coupé son aide --40% du budget du Soudan.
Le spectre de la famine se profile
Le 25 octobre 2021, quand le chef de l'armée, le général Burhane, a brutalement mis fin au fragile partage du pouvoir en faisant arrêter ses partenaires civils, la communauté internationale a coupé son aide --40% du budget du Soudan, ce qui a plongé le pays dans l'effondrement économique. (AFP)
Ces sanctions financières n'ont pas fait plier le général Burhane mais elles ont fait plonger l'économie : la livre soudanaise s'est effondrée et l'inflation dépasse tous les mois les 200%.
Pire encore, le spectre de la famine se profile : un tiers des 45 millions de Soudanais souffrent d'"insécurité alimentaire aiguë", potentiellement mortelle, et d'ici septembre, ce chiffre devrait atteindre selon l'ONU 50%. Début juin déjà, l'ONG Save the Children annonçait le décès lié à la faim de deux enfants.
En outre, la spirale des violences dans le pays en guerre depuis des décennies a repris son cycle infernal : au Darfour, des centaines de personnes sont mortes dans des affrontements pour la terre et l'eau et la répression des manifestations fait chaque semaine des morts ou des blessés.
Malgré les dizaines de militants arrêtés et emprisonnés, en continuant de manifester, les FLC, colonne vertébrale du gouvernement limogé lors du putsch, dit vouloir "faire chuter les putschistes et empêcher toute alternative factice". Car pour les FLC, le "dialogue national" proposé par l'armée et l'ONU, est une "fausse solution politique" qui "légitime" le putsch.
Elles posent donc comme condition préalable à toute discussion le retour au partage du pouvoir entre civils et militaires --qui, outre la politique, dominent largement l'économie du pays, riche en or et en ressources naturelles.
Avec AFP
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