Dans le cadre de la collaboration continue entre le célèbre artiste et Nadine Fayad Art Gallery, une nouvelle collection d’œuvres d’art de Raouf Rifaï sera exposée sur une intiative de Mon Liban d'Azur et la Mairie de Saint-Jean-Cap-Ferrat, sur la Côte d’Azur - Espace Namouna, du 2 au 10 juillet 2022.
https://youtu.be/KM1PW7NoXjU
Nadine Fayad Art Gallery n’en est pas à sa première participation à des expositions d’art régionales. Cette fois-ci, elle se dirige du côté de Saint-Jean-Cap-Ferrat sur la Côte d’Azur, à Espace Namouna, qui accueillera des chefs-d’œuvre exclusifs signés Raouf Rifaï, formant une nouvelle aventure artistique intitulée «Le carnaval des darwiches».
Fondamentalement humain, le darwiche, c’est-à-dire le «simple» en arabe, englobe cette ambivalence qui existe chez tout un chacun: le vice et la vertu, la faiblesse et la force, la dimension à la fois tragique et farcesque de la condition humaine, d’après Dina Germanos Besson*. Les dessins recouvrent ainsi un mélange fantasque d’éléments hétéroclites, allant du tarbouch ottoman au vêtement paysan égyptien, en passant par des accessoires asiatiques, ce qui forme, à l’instar de l’univers rabelaisien, un «monstrueux assemblage».
Figure dédoublée, aussi divisée que l’est tout être encombré par le langage, le darwiche paraît offrir une représentation traditionnelle de l’homme ordinaire, affublé d’un masque tantôt féminin, tantôt masculin, voire des deux à la fois. Mais, en réalité, à bien y regarder, le darwiche, tel qu’il surgit dans l’œuvre de Rifaï, n’est pas qu’une figure double. Là où l’artiste innove, là où il attrape quelque chose de son époque, c’est précisément lorsque, nous prenant de court, il déborde ces dichotomies classiques: lorsqu’il pulvérise toute binarité pour entraîner le darwiche sur les sentiers de la multiplicité, d’une interconnexion de significations emboîtées qui met en suspens toute prétention à assujettir son œuvre à un sens unique. Une fois transposé dans l’œuvre de Rifaï, le darwiche s’émancipe de sa signification originaire (le «simple») pour devenir une icône polysémique, riche de résonances complexes et multiples, renvoyant notamment à la mystique soufie.
En définitive, l’œuvre de Rifaï, en un geste hautement critique, met dos à dos tous les dogmes, renverse les injonctions (à jouir – aussi bien des objets de consommation que des interdits confessionnels) issues du maître (capitaliste ou religieux): ses peintures, en exprimant l’absence d’une vérité ultime ou d’un sens valable pour tous, décomplètent l’Autre et subvertissent ses prétentions à un ordre universel. L’artiste nous enseigne qu’il existe une voie qui permet de suspendre l’aliénation de la pulsion (par le Marché ou le nôtre aussi bien grand Autre de la religion): par son travail, il est parvenu à contourner ses modes habituels de satisfaction, à en détourner les cycles indéfinis pour en irriguer ses créations plastiques.
C’est d’ailleurs en cela que l’œuvre de Raouf Rifaï n’est pas qu’ironique: elle relève également de la catégorie de l’acte, toujours au sens psychanalytique. Or un acte, en psychanalyse, c’est ce qui ne tient que sur l’énonciation de celui qui en assume la responsabilité: l’acte est cet événement unique, émancipé de toute chaîne de détermination, qui s’arrache à toute norme établie, suspend momentanément la ronde des discours et fait au final objection au savoir non seulement de l’Autre, mais de tout autre, c’est-à-dire le nôtre aussi bien.
*Psychanalyste
www.nadinefayadartgallery.com
https://youtu.be/KM1PW7NoXjU
Nadine Fayad Art Gallery n’en est pas à sa première participation à des expositions d’art régionales. Cette fois-ci, elle se dirige du côté de Saint-Jean-Cap-Ferrat sur la Côte d’Azur, à Espace Namouna, qui accueillera des chefs-d’œuvre exclusifs signés Raouf Rifaï, formant une nouvelle aventure artistique intitulée «Le carnaval des darwiches».
Fondamentalement humain, le darwiche, c’est-à-dire le «simple» en arabe, englobe cette ambivalence qui existe chez tout un chacun: le vice et la vertu, la faiblesse et la force, la dimension à la fois tragique et farcesque de la condition humaine, d’après Dina Germanos Besson*. Les dessins recouvrent ainsi un mélange fantasque d’éléments hétéroclites, allant du tarbouch ottoman au vêtement paysan égyptien, en passant par des accessoires asiatiques, ce qui forme, à l’instar de l’univers rabelaisien, un «monstrueux assemblage».
Figure dédoublée, aussi divisée que l’est tout être encombré par le langage, le darwiche paraît offrir une représentation traditionnelle de l’homme ordinaire, affublé d’un masque tantôt féminin, tantôt masculin, voire des deux à la fois. Mais, en réalité, à bien y regarder, le darwiche, tel qu’il surgit dans l’œuvre de Rifaï, n’est pas qu’une figure double. Là où l’artiste innove, là où il attrape quelque chose de son époque, c’est précisément lorsque, nous prenant de court, il déborde ces dichotomies classiques: lorsqu’il pulvérise toute binarité pour entraîner le darwiche sur les sentiers de la multiplicité, d’une interconnexion de significations emboîtées qui met en suspens toute prétention à assujettir son œuvre à un sens unique. Une fois transposé dans l’œuvre de Rifaï, le darwiche s’émancipe de sa signification originaire (le «simple») pour devenir une icône polysémique, riche de résonances complexes et multiples, renvoyant notamment à la mystique soufie.
En définitive, l’œuvre de Rifaï, en un geste hautement critique, met dos à dos tous les dogmes, renverse les injonctions (à jouir – aussi bien des objets de consommation que des interdits confessionnels) issues du maître (capitaliste ou religieux): ses peintures, en exprimant l’absence d’une vérité ultime ou d’un sens valable pour tous, décomplètent l’Autre et subvertissent ses prétentions à un ordre universel. L’artiste nous enseigne qu’il existe une voie qui permet de suspendre l’aliénation de la pulsion (par le Marché ou le nôtre aussi bien grand Autre de la religion): par son travail, il est parvenu à contourner ses modes habituels de satisfaction, à en détourner les cycles indéfinis pour en irriguer ses créations plastiques.
C’est d’ailleurs en cela que l’œuvre de Raouf Rifaï n’est pas qu’ironique: elle relève également de la catégorie de l’acte, toujours au sens psychanalytique. Or un acte, en psychanalyse, c’est ce qui ne tient que sur l’énonciation de celui qui en assume la responsabilité: l’acte est cet événement unique, émancipé de toute chaîne de détermination, qui s’arrache à toute norme établie, suspend momentanément la ronde des discours et fait au final objection au savoir non seulement de l’Autre, mais de tout autre, c’est-à-dire le nôtre aussi bien.
*Psychanalyste
www.nadinefayadartgallery.com
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