Alexander Boris de Pfeffel Johnson, «roi du monde»
Exit le héros du Brexit : Boris Johnson rêvait d'entrer dans l'histoire comme l'un des Premiers ministres britanniques étant resté le plus longtemps au pouvoir, mais sa chance a tourné court, après trois années d'un mandat particulièrement turbulent.

Scandales et mensonges ont eu raison d'un homme politique atypique, éternel optimiste qui avait offert en 2019 aux conservateurs une majorité historique à la Chambre et conduit la réalisation du Brexit, le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Le parcours en dent de scie d'un enfant de l'élite



La chute a été brutale pour celui qui, avant de devenir député en 2001, avait suivi le parcours fléché de l'élite britannique, collège d'Eton puis université d'Oxford. À l'époque, certains enseignants, déjà, dénoncent en lui un manque de sérieux et une propension à se croire au-dessus des règles.

Alexander Boris de Pfeffel Johnson, né à New York le 19 juin 1964 et qui selon sa sœur voulait enfant devenir "le roi du monde", s'était auparavant toujours sorti de toutes les situations.

En 1987, il est journaliste stagiaire au Times grâce à des relations familiales. Il en est rapidement renvoyé pour une citation inventée. Le Daily Telegraph le repêche et l'envoie à Bruxelles en 1989, où à coup d'outrances et d'approximations, il tourne les institutions européennes en ridicule.

De retour à Londres, il devient chroniqueur politique pour le Telegraph et le Spectator, écrit aussi des critiques automobiles pour le magazine GQ. Il est drôle, érudit, percutant. Mais collectionne pour 4.000 livres sterling d'amendes de stationnement avec les voitures qu'il teste.

Entrée en politique

Il entre au Parlement en 2001, rapidement renvoyé du "cabinet fantôme" de l'opposition pour avoir menti sur une liaison.



Puis, il prend la mairie de Londres aux travaillistes en 2008, à l'époque pro-Européen et pro-immigration.

Il y reste huit ans, se taille une stature internationale, aidé par les jeux Olympiques.

Il devient ensuite l'une des principales figures de la campagne du Brexit, puis chef de la diplomatie sous Theresa May, et la remplace comme Premier ministre en juillet 2019.

"C'est un artiste brillant, mais inapte à des fonctions nationales, car il semble qu'il ne se soucie que de son destin et de sa satisfaction personnelle", a dit de lui son ancien patron au Telegraph Max Hastings.

Sa vie privée est à la hauteur du personnage. Marié trois fois, en 1987, 1993 et 2020, il a au moins sept enfants, dont les deux plus jeunes nés de son mariage en 2020 avec Carrie Symonds, 34 ans, ancienne chargée de communication du parti conservateur.


La chute

Boris Johnson, formidable machine à gagner pendant la tempête du Brexit en 2019, était devenu pour les conservateurs une machine à perdre, après plusieurs revers lors d'élections locales et législatives partielles.



Sa cote de popularité était passée de 66% d’opinions favorables en avril 2020 à 23% fin juin (baromètre YouGov).

Et entre 69% et 72% des Britanniques souhaitaient sa démission, selon deux sondages cette semaine.

Mais ce voltigeur de la politique à l'aplomb phénoménal, pour lequel mentir n'a jamais été un problème, s'y refusait obstinément.

Chevelure paille désordonnée, énergie communicative et brouillonne, il défendait son bilan, le chômage au plus bas, la campagne efficace de vaccinations contre le Covid et son soutien résolu au président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Mais sur tous les sujets intérieurs, inflation, immigration, impôts, logement, économie, santé, transports, Brexit, éducation, criminalité, environnement… une majorité des Britanniques pensaient que son gouvernement faisait du mauvais travail, selon un récent sondage YouGov.

Démissions en cascade

Sa fin avait été signée mardi 5 juillet au soir, avec la démission, à quelques minutes d'intervalle, du ministre des Finances Rishi Sunak et de la Santé Sajid Javid, lassés des scandales à répétition liés au Premier ministre. Une cinquantaine de membres du gouvernement leur ont emboîté le pas, privant Boris Johnson de toute marge de manœuvre, lui qui voulait poursuivre sa tâche "colossale" à la tête du pays.

En juin, une motion de défiance avait montré la désillusion croissante des députés conservateurs, 41% lui refusant leur confiance.



Avec son optimisme habituel, Boris Johnson, 58 ans, avait voulu voir dans ce vote une "occasion (…) de passer à autre chose".

Les sondages et les commentaires racontaient pourtant une tout autre histoire depuis des mois. Le scandale du "partygate", ces fêtes à Downing Street durant le confinement anti-Covid, ses explications variables, l'enquête de police estimant qu'il avait enfreint la loi, l'enquête administrative dénonçant la culture laxiste à Downing Street ont eu raison de la confiance du pays, dans un contexte d'inflation au plus haut depuis 40 ans, de tensions sociales et d'augmentation des taxes.

Un dernier scandale, celui du "whip" en chef adjoint, chargé de la discipline parlementaire des députés conservateurs, accusé d'attouchements et dont M. Johnson connaissait le passé lorsqu'il l'avait nommé en février, a été le dernier clou à son cercueil.

Avec AFP
Commentaires
  • Aucun commentaire