Le Japon, en deuil, pleure Shinzo Abe
©La police a reconnu des "failles évidentes" dans la sécurité de l'ancien Premier ministre. Dans un pays peu habitué aux crimes violents, Les mesures de sécurité sont parfois peu strictes lors des meetings électoraux locaux. (AFP)
L'assassinat de l'ancien Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a provoqué une véritable stupéfaction dans le pays, dans lequel les crimes violents et assassinats politiques sont quasi inexistants. De nombreuses personnes se sont recueillies sur le lieu de l'attaque, tandis que le Premier ministre Kishida a dénoncé un "acte barbare" et "impardonnable". L'assassinat a été condamné dans le monde entier, même par la Chine et la Corée du Sud, avec qui le Japon entretient des relations souvent houleuses. La police a reconnu des "failles indéniables" dans la sécurité de l'ancien Premier ministre lors du meeting électoral auquel il participait lorsqu'il a été abattu. 

Ancien premier ministre du Japon de 2012 à 2020, Shinzo Abe gardait une popularité certaine dans le pays, ainsi qu'une grande influence au sein du parti libéral-démocrate. (AFP)

Le Japon était sous le choc samedi, au lendemain de l'assassinat par balles de son ancien Premier ministre Shinzo Abe pendant un meeting électoral à Nara, dans l'ouest du pays, où la police a reconnu des failles "indéniables" dans la sécurité.

L'assassinat de l'un des hommes politiques les plus connus de l'archipel, qu'il a gouverné durant plus de huit ans, a profondément meurtri et ému au Japon comme à l'étranger.

L'auteur présumé de l'attaque, arrêté sur les lieux, a avoué avoir délibérément visé M. Abe, expliquant à la police en vouloir à une organisation à laquelle il croyait que celui-ci était affilié. Certains médias japonais ont évoqué un groupe religieux. Cet homme de 41 ans, un ancien membre de la Force d'autodéfense maritime (la marine japonaise) selon les médias locaux, a d'après la police utilisé une arme "d'apparence artisanale", sur laquelle des analyses complémentaires étaient en cours.

Au moment de l'attaque, M. Abe faisait campagne à Nara (ouest) pour le scrutin sénatorial de dimanche, et le Premier ministre Fumio Kishida a annoncé vendredi que les préparatifs pour les élections, "fondement de la démocratie", se poursuivraient normalement.

M. Kishida, membre comme Shinzo Abe du Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste), a participé samedi matin à un meeting de campagne à Yamanashi (ouest de Tokyo) devant 600 personnes, déclarant selon le quotidien Mainichi que "la violence ne saurait l'emporter sur la parole". "On ne va pas laisser se reproduire ce qui s'est passé hier", a lancé un membre de la sécurité cité par le quotidien, qui décrivait un dispositif de protection renforcé, avec installation de détecteurs de métaux et fouille des sacs des spectateurs.

Le corps de Shinzo Abe est arrivé samedi en début d'après-midi à son domicile de Tokyo, à bord d'un corbillard dans lequel avait pris place Akie, son épouse, et qui avait quitté à l'aube l'hôpital de Kashihara, près de Nara, où l'ancien Premier ministre avait été pris en charge.

Le Japon choqué par cet "acte de barbarie"

De nombreuses personnes se sont recueillies sur le lieu de l'attaque pour honorer la mémoire de Shinzo Abe. Une veillée funèbre est prévue lundi soir et les funérailles auront lieu mardi prochain, en présence de la famille et des proches. (AFP) 

Atteint de deux balles au cou, M. Abe a été déclaré mort quelques heures après son agression, malgré les efforts déployés par une équipe de vingt médecins.

Selon des médias locaux, une veillée funèbre est prévue lundi soir et les funérailles auront lieu mardi, en présence uniquement de la famille et de proches de M. Abe.


La mort de Shinzo Abe a bouleversé au Japon, où le Premier ministre Kishida, dont il était le mentor, a dénoncé un "acte barbare" et "impardonnable".

L'assassinat a été condamné dans le monde entier, le président américain Joe Biden se disant "stupéfait, choqué et profondément attristé". La Chine et la Corée du Sud, avec lesquelles le Japon entretient des relations souvent houleuses, ont également exprimé leurs condoléances. Le président chinois Xi Jinping s'est dit "profondément attristé par ce décès soudain". En Australie, l'Opéra de Sydney sera illuminé dimanche en hommage à Shinzo Abe.

De nombreuses personnes se recueillent depuis vendredi sur les lieux de l'attaque. "Je ne peux pas croire qu'une chose pareille puisse arriver au Japon", a dit à l'AFP Akira Takahashi, 54 ans. "Il aurait dû y avoir davantage de membres de la sécurité".

Des failles sécuritaires indéniables 



Des responsables locaux du PLD ont précisé n'avoir reçu aucune menace avant l'attaque, dont les images ont tourné en boucle sur les chaînes de télévision. On y voit l'ex-chef du gouvernement debout sur un podium, quand une forte détonation retentit, suivie d'un dégagement de fumée. Les spectateurs, surpris, se baissent, et on aperçoit plusieurs personnes en plaquer une autre à terre.

Les mesures de sécurité sont parfois peu strictes lors des meetings électoraux locaux au Japon, où les crimes violents sont rares et où les lois sur les armes à feu très sévères, mais la police a reconnu que le dispositif était insuffisant à Nara. "Je pense qu'il est indéniable qu'il y avait des problèmes avec les mesures de sécurité", a déclaré aux journalistes le chef de la police du département de Nara, Tomoaki Onizuka.

M. Abe, héritier d'une dynastie politique, détient le record de longévité au poste de Premier ministre au Japon, qu'il a occupé en 2006-2007, puis de nouveau de 2012 à 2020. À la fois nationaliste et pragmatique, il a marqué les esprits avec sa politique économique audacieuse, surnommée les "Abenomics", combinant des relances budgétaires massives avec une politique monétaire ultra-accommodante.

Il prônait aussi un Japon décomplexé de son passé militariste, et rêvait de réviser la Constitution pacifiste japonaise de 1947, écrite par les occupants américains et jamais amendée depuis.

Il avait été contraint de démissionner pour des raisons de santé, mais était resté très influent au sein du PLD qu'il avait dirigé.

Avec AFP
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