L'un des principaux objectifs de la visite du président Biden à Ryad serait de convaincre l'Arabie Saoudite d'augmenter sa production de pétrole, afin de faire baisser les cours sur les marchés. Une entreprise ardue qui se confrontera à plusieurs obstacles, économiques et géopolitiques. D'une part, l'Arabie Saoudite profite considérablement de la conjoncture avec une croissance annuelle de 9,6%. D'autre part, les capacités de production du pays sont presque au maximum, ce qui limite sa marge de manœuvre. Enfin, Ryad attend des signaux positifs sur la fin de l'accord nucléaire avec l'Iran pour céder aux pressions américaines.
Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a déclaré que le président Biden "n'a pas exprimé de regrets" concernant sa déclaration qualifiant de paria le prince héritier Mohammed ben Salmane lors de sa campagne électorale. Selon la Maison-Blanche, l'objectif n'a jamais été de menacer les relations bilatérales, mais de mettre fin au "chèque en blanc" accordé à Ryad par l'administration Trump. (AFP)
Joe Biden se rend vendredi pour la première fois en tant que président américain en Arabie saoudite, espérant convaincre Ryad de mettre sur le marché plus de pétrole pour calmer l'envolée des cours de l'or noir et apaiser l'inflation.
Le président américain avait estimé avant son élection à la Maison-Blanche que l'Arabie saoudite devait être traitée en État "paria" suite à l'assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi. Il avait promis, lors de son arrivée au pouvoir, un "recalibrage" des relations avec ce partenaire stratégique de l'Amérique.
Mais depuis, la guerre en Ukraine a éclaté et propulsé les cours du brut à des niveaux plus vus depuis la crise financière de 2008, lorsqu'ils avaient atteint leurs records historiques. De quoi inciter le président américain à calmer le jeu et mettre de côté les préoccupations liées aux droits humains.
Pour Craig Erlam, analyste pour Oanda, cette visite met en évidence "le désespoir de Biden à l'approche des élections de mi-mandat, qui souhaite au moins donner l'impression qu'il atténue la tension sur le marché et de faire baisser les prix". "Aux grands maux les grands remèdes", abonde-t-il.
En début juin, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rencontré ses homologues du Conseil de coopération du Golfe à Ryad. Son but était de s'assurer de l'attachement des pays de la région à l'accord de l'OPEP+, qui prévoit de maintenir la production de pétrole à des niveaux modérés, et qui devrait expirer en septembre. (AFP)
"L'expiration de l'accord Opep+ en septembre crée une opportunité" pour le président américain, souligne cependant Craig Erlam.
En effet, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dont l'Arabie saoudite est considérée comme le leadeur, et leurs dix partenaires (Opep+) emmenés par la Russie, avaient laissé volontairement sous terre des millions de barils au plus fort de la pandémie de Covid-19 pour ne pas inonder le marché avec un pétrole qu'il ne pouvait pas absorber du fait des confinements et restrictions sanitaires.
Avec la réouverture de l'économie et le rebond de la demande en brut, l'Opep+ a alors décidé de réduire progressivement ses coupes, lançant en mai 2022 une stratégie d'augmentation graduelle de son volume total de production.
En théorie, si l'alliance parvient à remplir ses quotas, elle devrait retrouver ses niveaux de production pré-pandémie après le mois d'août, mettant fin à l'accord actuel. La visite du président américain a donc lieu avant la prochaine réunion de l'Opep+ en août, lors de laquelle un nouvel accord pourrait émerger.
"Ce serait une énorme surprise si l'Arabie saoudite produisait plus de pétrole", lance cependant Stephen Innes, analyste chez Spi Asset Management, la hausse des cours du brut ayant stimulé les économies du Golfe.
L'Arabie saoudite a enregistré son taux de croissance le plus important en dix ans au premier trimestre, avec une hausse de 9,6% de son produit intérieur brut (PIB) sur un an. Et ce, grâce au secteur pétrolier.
Pour Walid Koudmani, analyste chez XTB, il s'agit d'une "incitation économique significative à ne pas augmenter la production".
D'autant que le pays semblerait être proche de ses capacités maximales de production. "Le royaume a fait ce qu'il pouvait", avait affirmé le ministre des Affaires étrangères de l'Arabie saoudite, le prince Faysal ben Farhane au Forum économique mondial en mai dernier, estimant qu'il s'agissait davantage d'augmenter la capacité de raffinage que d'apporter de nouveaux barils sur le marché.
Reste un autre point de discorde majeur entre les deux nations : l'Iran, ennemi de longue date de l'Arabie saoudite. L'Arabie saoudite est à la tête d'une coalition militaire au Yémen qui soutient depuis 2015 le pouvoir face aux Houthis, soutenus par l'Iran.
Washington est engagé dans des négociations avec Téhéran pour réintégrer l'accord sur le nucléaire iranien, qui restent pour l'instant au point mort. Une issue positive des négociations entraînerait la levée des sanctions américaines contre l'Iran et permettrait son retour au maximum de sa capacité d'exportation sur le marché du pétrole.
Des pourparlers indirects avaient eu lieu fin juin à Doha entre les États-Unis et l'Iran, par l'intermédiaire de l'Union européenne, pour tenter de débloquer les négociations lancées en avril 2021 à Vienne afin de ressusciter l'accord de 2015, mais sans résultat.
Selon Walid Koudmani, l'accord "sera probablement abandonné par les États-Unis s'ils reçoivent des assurances de l'Arabie saoudite après la visite du président Biden".
Pour Stephen Innes également, il paraît impossible que les relations avec le Ryad se réchauffent si l'administration Biden cherche à poursuivre les discussions avec l'Iran.
Avec AFP
Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a déclaré que le président Biden "n'a pas exprimé de regrets" concernant sa déclaration qualifiant de paria le prince héritier Mohammed ben Salmane lors de sa campagne électorale. Selon la Maison-Blanche, l'objectif n'a jamais été de menacer les relations bilatérales, mais de mettre fin au "chèque en blanc" accordé à Ryad par l'administration Trump. (AFP)
Joe Biden se rend vendredi pour la première fois en tant que président américain en Arabie saoudite, espérant convaincre Ryad de mettre sur le marché plus de pétrole pour calmer l'envolée des cours de l'or noir et apaiser l'inflation.
Le président américain avait estimé avant son élection à la Maison-Blanche que l'Arabie saoudite devait être traitée en État "paria" suite à l'assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi. Il avait promis, lors de son arrivée au pouvoir, un "recalibrage" des relations avec ce partenaire stratégique de l'Amérique.
Mais depuis, la guerre en Ukraine a éclaté et propulsé les cours du brut à des niveaux plus vus depuis la crise financière de 2008, lorsqu'ils avaient atteint leurs records historiques. De quoi inciter le président américain à calmer le jeu et mettre de côté les préoccupations liées aux droits humains.
Pour Craig Erlam, analyste pour Oanda, cette visite met en évidence "le désespoir de Biden à l'approche des élections de mi-mandat, qui souhaite au moins donner l'impression qu'il atténue la tension sur le marché et de faire baisser les prix". "Aux grands maux les grands remèdes", abonde-t-il.
La fin de l'accord OPEP+, une opportunité pour Biden
En début juin, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rencontré ses homologues du Conseil de coopération du Golfe à Ryad. Son but était de s'assurer de l'attachement des pays de la région à l'accord de l'OPEP+, qui prévoit de maintenir la production de pétrole à des niveaux modérés, et qui devrait expirer en septembre. (AFP)
"L'expiration de l'accord Opep+ en septembre crée une opportunité" pour le président américain, souligne cependant Craig Erlam.
En effet, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dont l'Arabie saoudite est considérée comme le leadeur, et leurs dix partenaires (Opep+) emmenés par la Russie, avaient laissé volontairement sous terre des millions de barils au plus fort de la pandémie de Covid-19 pour ne pas inonder le marché avec un pétrole qu'il ne pouvait pas absorber du fait des confinements et restrictions sanitaires.
Avec la réouverture de l'économie et le rebond de la demande en brut, l'Opep+ a alors décidé de réduire progressivement ses coupes, lançant en mai 2022 une stratégie d'augmentation graduelle de son volume total de production.
En théorie, si l'alliance parvient à remplir ses quotas, elle devrait retrouver ses niveaux de production pré-pandémie après le mois d'août, mettant fin à l'accord actuel. La visite du président américain a donc lieu avant la prochaine réunion de l'Opep+ en août, lors de laquelle un nouvel accord pourrait émerger.
"Le royaume a fait ce qu'il pouvait"
"Ce serait une énorme surprise si l'Arabie saoudite produisait plus de pétrole", lance cependant Stephen Innes, analyste chez Spi Asset Management, la hausse des cours du brut ayant stimulé les économies du Golfe.
L'Arabie saoudite a enregistré son taux de croissance le plus important en dix ans au premier trimestre, avec une hausse de 9,6% de son produit intérieur brut (PIB) sur un an. Et ce, grâce au secteur pétrolier.
Pour Walid Koudmani, analyste chez XTB, il s'agit d'une "incitation économique significative à ne pas augmenter la production".
D'autant que le pays semblerait être proche de ses capacités maximales de production. "Le royaume a fait ce qu'il pouvait", avait affirmé le ministre des Affaires étrangères de l'Arabie saoudite, le prince Faysal ben Farhane au Forum économique mondial en mai dernier, estimant qu'il s'agissait davantage d'augmenter la capacité de raffinage que d'apporter de nouveaux barils sur le marché.
La fin de l'accord avec l'Iran contre l'ouverture des vannes
Reste un autre point de discorde majeur entre les deux nations : l'Iran, ennemi de longue date de l'Arabie saoudite. L'Arabie saoudite est à la tête d'une coalition militaire au Yémen qui soutient depuis 2015 le pouvoir face aux Houthis, soutenus par l'Iran.
Washington est engagé dans des négociations avec Téhéran pour réintégrer l'accord sur le nucléaire iranien, qui restent pour l'instant au point mort. Une issue positive des négociations entraînerait la levée des sanctions américaines contre l'Iran et permettrait son retour au maximum de sa capacité d'exportation sur le marché du pétrole.
Des pourparlers indirects avaient eu lieu fin juin à Doha entre les États-Unis et l'Iran, par l'intermédiaire de l'Union européenne, pour tenter de débloquer les négociations lancées en avril 2021 à Vienne afin de ressusciter l'accord de 2015, mais sans résultat.
Selon Walid Koudmani, l'accord "sera probablement abandonné par les États-Unis s'ils reçoivent des assurances de l'Arabie saoudite après la visite du président Biden".
Pour Stephen Innes également, il paraît impossible que les relations avec le Ryad se réchauffent si l'administration Biden cherche à poursuivre les discussions avec l'Iran.
Avec AFP
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