Optimisme prudent. La réunion d'experts militaires ukrainiens, russes, turcs ainsi que des spécialistes de l'ONU à Istanbul mercredi a laissé une impression positive. Aucune décision concrète n'a été prise, mais les discussions sur l'épineuse question du blocage des exportations de céréales à partir des ports ukrainiens reprendront la semaine prochaine. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a lui même affirmé que des "progrès réellement substantiels" ont été réalisés, et dit espérer qu'un "accord formel" pourrait être prochainement conclu. "Aujourd'hui, à Istanbul, nous avons vu une étape capitale, un pas en avant pour assurer l'exportation sûre et sécurisée des produits alimentaires ukrainiens à travers la mer Noire", a-t-il poursuivi. "Nous avons une lueur d'espoir pour soulager la souffrance humaine et soulager la faim dans le monde". Hormis le fait que l'ordre du jour était crucial pour la sécurité alimentaire au niveau mondial, le fait que des délégations d'Ukrainiens et de Russes soient assis à la même table de négociations marquent une évolution diplomatique importante.
Les experts militaires ukrainiens, russes et turcs ainsi que des émissaires de l'ONU ont été réunis mercredi à Istanbul.
Optimisme prudent également du côté du ministre turc de la Défense Hulusi Akar qui a souligné que les experts militaires russes et ukrainiens s'étaient entendus sur des "contrôles communs" dans les ports et sur les moyens de "garantir la sécurité des voies de transfert", autrement dit des couloirs sécurisés pour le transport maritime des produits agricoles.
"Il a été convenu que les délégations de la Russie et de l'Ukraine se rencontreraient de nouveau en Turquie la semaine prochaine", a-t-il relevé, jugeant qu'un accord final sur les céréales actuellement immobilisées dans les ports ukrainiens du fait de l'invasion russe déclenchée le 24 février pourrait alors intervenir.
"La délégation ukrainienne m'a informé que des progrès avaient été réalisés. Nous nous mettrons d'accord sur les détails avec le secrétaire général des Nations unies dans les prochains jours", a pour sa part réagi dans la soirée le président Volodymyr Zelensky.
"Nous sommes à deux doigts d'un accord", avait auparavant estimé le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.
L'accord négocié par Antonio Guterres depuis plus de deux mois vise non seulement à faire sortir par la mer Noire quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans des silos ukrainiens, en particulier à Odessa, mais à faciliter les exportations russes de grains et d'engrais.
Autant de produits qui font cruellement défaut sur le marché mondial.
C'était la première fois en trois mois que Russes et Ukrainiens se retrouvaient à Istanbul. Organisés sur la rive européenne du Bosphore, en présence de représentants des Nations unies, les pourparlers ont duré trois heures au total.
L'Ukraine est l'un des principaux exportateurs mondiaux de blé et d'autres céréales et le temps presse, face à la hausse mondiale des prix des denrées alimentaires qui fait peser des risques de famine, notamment sur l'Afrique.
Selon le ministère russe de la Défense, "la délégation russe a préparé et présenté (...) un ensemble de propositions pour une réponse rapide dans la pratique à cette question". Moscou avait rappelé mardi son exigence de "contrôler et fouiller les navires pour éviter la contrebande d'armes et un engagement de Kiev à ne pas organiser de provocations".
La Russie veut par ailleurs que l'Ukraine démine ses ports, ce que cette dernière refuse d'envisager, de crainte d'un assaut amphibie sur des villes telles qu'Odessa.
La Turquie, membre de l'Otan et alliée des deux belligérants, multiplie depuis des mois les démarches diplomatiques pour faciliter la reprise des livraisons.
Des responsables turcs ont assuré disposer de 20 cargos en mer Noire prêts à être rapidement chargés de céréales ukrainiennes. Jusqu'à présent, les efforts turcs, déployés à la demande de l'ONU, n'ont pas permis de régler la situation.
Hormis le blocage des ports, la destruction des récoltes est en partie responsable de la baisse de l'offre de blé ukrainien à l'exportation.
Le déplacement début juin à Ankara du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov n'avait abouti à aucune avancée sur ce dossier, en l'absence de toute représentation ukrainienne.
Les présidents russe, Vladimir Poutine, et turc, Recep Tayyip Erdogan, doivent se retrouver le 19 juillet à Téhéran en marge d'un sommet sur la Syrie, qui pourrait fournir le cadre propice à l'annonce d'un accord.
Le chef de l'Etat turc se pose en médiateur depuis le début de la guerre, prenant soin cependant, tout en fournissant des drones de combat à l'Ukraine, de ne pas froisser Moscou.
La Turquie et son économie en difficulté, avec une inflation record de 79% sur un an, dépendent étroitement des échanges avec la Russie et du gaz russe.
L'Ukraine s'est même plusieurs fois insurgée contre les navettes de cargos turcs à travers la mer Noire, depuis et vers les ports ukrainiens sous contrôle russe.
La Russie n'a pas mené d'offensive terrestre majeure depuis qu'elle est arrivée à bout début juillet des dernières poches de résistance dans la région de Lougansk, formant avec celle de Donetsk le bassin minier du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses.
Les analystes évoquent une "pause opérationnelle" des forces russes avant l'assaut contre les villes de Sloviansk et de Kramatorsk, le centre administratif du Donbass encore sous contrôle ukrainien, dans la région de Donetsk.
Pour les responsables américains, les Russes tentent de surmonter leurs pertes tout en négociant l'acquisition de centaines de drones de combat avec l'Iran.
De son côté, l'Ukraine tente de contrer les Russes en organisant des attaques de plus en plus puissantes avec de nouveaux systèmes de roquettes américains et européens ciblant les dépôts d'armes.
Selon l'état-major de l'armée ukrainienne, Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est, a de nouveau été bombardée mercredi.
Et le bilan de la frappe russe dimanche sur un immeuble d'habitation à Tchassiv Iar, dans ce même bassin du Donbass, est monté à 48 morts, selon les secours ukrainiens.
Dans ce contexte, une quarantaine de pays dont les Etats-Unis, les membres de l'Union européenne, le Royaume-Uni et des Etats asiatiques ont réclamé à la Russie, mercredi dans une déclaration commune rendue publique à New York, d'arrêter "immédiatement ses opérations militaires en Ukraine".
Avec AFP
Les experts militaires ukrainiens, russes et turcs ainsi que des émissaires de l'ONU ont été réunis mercredi à Istanbul.
Optimisme prudent également du côté du ministre turc de la Défense Hulusi Akar qui a souligné que les experts militaires russes et ukrainiens s'étaient entendus sur des "contrôles communs" dans les ports et sur les moyens de "garantir la sécurité des voies de transfert", autrement dit des couloirs sécurisés pour le transport maritime des produits agricoles.
"Il a été convenu que les délégations de la Russie et de l'Ukraine se rencontreraient de nouveau en Turquie la semaine prochaine", a-t-il relevé, jugeant qu'un accord final sur les céréales actuellement immobilisées dans les ports ukrainiens du fait de l'invasion russe déclenchée le 24 février pourrait alors intervenir.
"La délégation ukrainienne m'a informé que des progrès avaient été réalisés. Nous nous mettrons d'accord sur les détails avec le secrétaire général des Nations unies dans les prochains jours", a pour sa part réagi dans la soirée le président Volodymyr Zelensky.
"Nous sommes à deux doigts d'un accord", avait auparavant estimé le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.
20 millions de tonnes de céréales
L'accord négocié par Antonio Guterres depuis plus de deux mois vise non seulement à faire sortir par la mer Noire quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans des silos ukrainiens, en particulier à Odessa, mais à faciliter les exportations russes de grains et d'engrais.
Autant de produits qui font cruellement défaut sur le marché mondial.
C'était la première fois en trois mois que Russes et Ukrainiens se retrouvaient à Istanbul. Organisés sur la rive européenne du Bosphore, en présence de représentants des Nations unies, les pourparlers ont duré trois heures au total.
L'Ukraine est l'un des principaux exportateurs mondiaux de blé et d'autres céréales et le temps presse, face à la hausse mondiale des prix des denrées alimentaires qui fait peser des risques de famine, notamment sur l'Afrique.
Selon le ministère russe de la Défense, "la délégation russe a préparé et présenté (...) un ensemble de propositions pour une réponse rapide dans la pratique à cette question". Moscou avait rappelé mardi son exigence de "contrôler et fouiller les navires pour éviter la contrebande d'armes et un engagement de Kiev à ne pas organiser de provocations".
La Russie veut par ailleurs que l'Ukraine démine ses ports, ce que cette dernière refuse d'envisager, de crainte d'un assaut amphibie sur des villes telles qu'Odessa.
La Turquie, membre de l'Otan et alliée des deux belligérants, multiplie depuis des mois les démarches diplomatiques pour faciliter la reprise des livraisons.
Des responsables turcs ont assuré disposer de 20 cargos en mer Noire prêts à être rapidement chargés de céréales ukrainiennes. Jusqu'à présent, les efforts turcs, déployés à la demande de l'ONU, n'ont pas permis de régler la situation.
Hormis le blocage des ports, la destruction des récoltes est en partie responsable de la baisse de l'offre de blé ukrainien à l'exportation.
Le déplacement début juin à Ankara du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov n'avait abouti à aucune avancée sur ce dossier, en l'absence de toute représentation ukrainienne.
Les présidents russe, Vladimir Poutine, et turc, Recep Tayyip Erdogan, doivent se retrouver le 19 juillet à Téhéran en marge d'un sommet sur la Syrie, qui pourrait fournir le cadre propice à l'annonce d'un accord.
Le chef de l'Etat turc se pose en médiateur depuis le début de la guerre, prenant soin cependant, tout en fournissant des drones de combat à l'Ukraine, de ne pas froisser Moscou.
La Turquie et son économie en difficulté, avec une inflation record de 79% sur un an, dépendent étroitement des échanges avec la Russie et du gaz russe.
L'Ukraine s'est même plusieurs fois insurgée contre les navettes de cargos turcs à travers la mer Noire, depuis et vers les ports ukrainiens sous contrôle russe.
Les Russes négocient l'acquisition de drones avec l'Iran
La Russie n'a pas mené d'offensive terrestre majeure depuis qu'elle est arrivée à bout début juillet des dernières poches de résistance dans la région de Lougansk, formant avec celle de Donetsk le bassin minier du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses.
Les analystes évoquent une "pause opérationnelle" des forces russes avant l'assaut contre les villes de Sloviansk et de Kramatorsk, le centre administratif du Donbass encore sous contrôle ukrainien, dans la région de Donetsk.
Pour les responsables américains, les Russes tentent de surmonter leurs pertes tout en négociant l'acquisition de centaines de drones de combat avec l'Iran.
De son côté, l'Ukraine tente de contrer les Russes en organisant des attaques de plus en plus puissantes avec de nouveaux systèmes de roquettes américains et européens ciblant les dépôts d'armes.
Selon l'état-major de l'armée ukrainienne, Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est, a de nouveau été bombardée mercredi.
Et le bilan de la frappe russe dimanche sur un immeuble d'habitation à Tchassiv Iar, dans ce même bassin du Donbass, est monté à 48 morts, selon les secours ukrainiens.
Dans ce contexte, une quarantaine de pays dont les Etats-Unis, les membres de l'Union européenne, le Royaume-Uni et des Etats asiatiques ont réclamé à la Russie, mercredi dans une déclaration commune rendue publique à New York, d'arrêter "immédiatement ses opérations militaires en Ukraine".
Avec AFP
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