En lutte contre le PKK depuis 1984, la Turquie est intervenue à plusieurs reprises en Irak et en Syrie. Depuis mai, le président Erdogan souhaite mener une nouvelle opération militaire en Syrie. En effet, le PKK est vu comme « une menace existentielle » par les dirigeants turcs, auquel se mêlent des enjeux de politique intérieure à l’approche des élections législatives.
Présente depuis plusieurs années en Syrie et en Irak, La Turquie pourrait profiter de la guerre en Ukraine afin de continuer sa politique de lutte contre le PKK et ses alliés. En effet, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a constitué un tournant majeur dans les priorités des puissances occidentales, qui ont depuis quelque peu délaissé leurs intérêts au Proche-Orient. Fort de ce constat, Erdogan pourrait en profiter pour poursuivre ses ambitions en Syrie et en Irak. Depuis mai d’ailleurs, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé à plusieurs reprises vouloir mener une nouvelle opération militaire en Syrie contre le YPG, branche armée du PYD, un parti kurde proche du PKK. Erdogan mène en outre depuis avril une opération militaire, essentiellement aérienne, contre le PKK en Irak.
En guerre avec le PKK depuis 1984, La Turquie souhaite approfondir sa lutte à la fois à la frontière syrienne, mais également dans le Nord de l’Irak. En effet, elle craint par-dessus tout l’existence de zones indépendantes kurdes à ses frontières qui pourraient accentuer les velléités indépendantistes des Kurdes de Turquie. Or, l’intervention américaine de 2003 en Irak ainsi que l’avènement de Daech a favorisé l’émergence et l’affirmation du gouvernement régional kurde d’Erbil. La guerre en Syrie depuis 2011 a morcelé le territoire syrien, permettant une certaine autonomie au PYD au nord de la Syrie. La présence de camps d’entrainement du PKK dans les montagnes irakiennes et de celle du PYD en Syrie à ses frontières constituent ainsi une menace pour Ankara, la poussant à intervenir en Syrie. Entre 2016 et 2019, la Turquie a donc mené trois opérations militaires importantes à la frontière syrienne afin de chasser les combattants kurdes proche du PKK qu’elle qualifie de « terroristes ».
Convoi turc dans le nord de la Syrie (AFP)
Fin mai, le président turc avait annoncé sa volonté de mener une nouvelle opération militaire en Syrie afin de créer une zone tampon longue de 480 kilomètres à sa frontière. Dès 2019, Erdogan avait en effet prévenu que « tant que les (zones contrôlées par les YPG) n’auront pas disparu, la Turquie ne se sentira pas en sécurité ». Directeur du Centre Français de Recherche sur l’Irak (CFRI), Adel Bakawan, souligne que « la stratégie globale turque contre le PKK est une stratégie sécuritaire. Il n’y a pas d’approche diplomatique pour résoudre le problème, la seule approche est l’approche sécuritaire ». Contacté par Ici Beyrouth, un autre chercheur affirme que « depuis deux ans les opérations turques en Irak et en Syrie ont le même objectif de lutte contre le PKK. Il y a deux endroits d’affrontement : le nord de l’Irak où la Turquie a déployé en masse des soldats et à Afrin, dans le nord syrien». « La Turquie est un peu bloquée dans un cercle de logique d’affrontement, car elle pense que sa politique de répression marche », souligne-t-il.
L’enjeu est double pour Erdogan, car la menace du PKK constitue une priorité effective pour Ankara, et l’approche des élections législatives et présidentielle, prévues en 2023, renforce la volonté du président d’accroitre sa popularité. « Pour Ankara, le PKK est l’ennemi public numéro 1. Il est perçu comme une menace existentielle par les dirigeants turcs, car si ses revendications étaient satisfaites, la Turquie serait amputée d’une partie de son territoire » souligne Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS. En outre, dans un pays fortement marqué par une crise économique, Erdogan cherche à réveiller le patriotisme des Turcs, pour conserver une assise populaire. D’autant que les sondages indiquent une défaite de l’AKP aux législatives.
L'inflation a frôlé les 80% en juin en Turquie, au plus haut depuis 1998 (AFP)
« La situation économique en Turquie est infiniment préoccupante et ne va pas dans le sens des intérêts d’Erdogan » affirme Didier Billion, soulignant l’intérêt « d’activer la fibre patriotique des Turcs afin de limiter la baisse des intentions de vote, voire reconvertir une partie de l’électorat turc ». Ainsi, l’incertitude de sa réélection pourrait pousser Erdogan à intensifier ses actions en Syrie. L’arrivée massive de réfugiés syriens en Turquie et la montée du ressentiment d’une partie de la population turque contre ces derniers, est également un enjeu supplémentaire pour la politique syrienne d’Erdogan. En effet, comme le souligne un chercheur spécialiste de la Syrie : « Le facteur électoral pèse beaucoup dans les actions d’Erdogan, surtout avec l’arrivée massive des réfugiés syriens qui a fait perdre des soutiens à l’AKP, ainsi que la mairie de la ville d’Istanbul ».
Présente depuis plusieurs années en Syrie et en Irak, La Turquie pourrait profiter de la guerre en Ukraine afin de continuer sa politique de lutte contre le PKK et ses alliés. En effet, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a constitué un tournant majeur dans les priorités des puissances occidentales, qui ont depuis quelque peu délaissé leurs intérêts au Proche-Orient. Fort de ce constat, Erdogan pourrait en profiter pour poursuivre ses ambitions en Syrie et en Irak. Depuis mai d’ailleurs, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé à plusieurs reprises vouloir mener une nouvelle opération militaire en Syrie contre le YPG, branche armée du PYD, un parti kurde proche du PKK. Erdogan mène en outre depuis avril une opération militaire, essentiellement aérienne, contre le PKK en Irak.
La lutte contre le PKK au cœur de la stratégie turque
En guerre avec le PKK depuis 1984, La Turquie souhaite approfondir sa lutte à la fois à la frontière syrienne, mais également dans le Nord de l’Irak. En effet, elle craint par-dessus tout l’existence de zones indépendantes kurdes à ses frontières qui pourraient accentuer les velléités indépendantistes des Kurdes de Turquie. Or, l’intervention américaine de 2003 en Irak ainsi que l’avènement de Daech a favorisé l’émergence et l’affirmation du gouvernement régional kurde d’Erbil. La guerre en Syrie depuis 2011 a morcelé le territoire syrien, permettant une certaine autonomie au PYD au nord de la Syrie. La présence de camps d’entrainement du PKK dans les montagnes irakiennes et de celle du PYD en Syrie à ses frontières constituent ainsi une menace pour Ankara, la poussant à intervenir en Syrie. Entre 2016 et 2019, la Turquie a donc mené trois opérations militaires importantes à la frontière syrienne afin de chasser les combattants kurdes proche du PKK qu’elle qualifie de « terroristes ».
Convoi turc dans le nord de la Syrie (AFP)
Fin mai, le président turc avait annoncé sa volonté de mener une nouvelle opération militaire en Syrie afin de créer une zone tampon longue de 480 kilomètres à sa frontière. Dès 2019, Erdogan avait en effet prévenu que « tant que les (zones contrôlées par les YPG) n’auront pas disparu, la Turquie ne se sentira pas en sécurité ». Directeur du Centre Français de Recherche sur l’Irak (CFRI), Adel Bakawan, souligne que « la stratégie globale turque contre le PKK est une stratégie sécuritaire. Il n’y a pas d’approche diplomatique pour résoudre le problème, la seule approche est l’approche sécuritaire ». Contacté par Ici Beyrouth, un autre chercheur affirme que « depuis deux ans les opérations turques en Irak et en Syrie ont le même objectif de lutte contre le PKK. Il y a deux endroits d’affrontement : le nord de l’Irak où la Turquie a déployé en masse des soldats et à Afrin, dans le nord syrien». « La Turquie est un peu bloquée dans un cercle de logique d’affrontement, car elle pense que sa politique de répression marche », souligne-t-il.
Des intérêts liés à la politique intérieure
L’enjeu est double pour Erdogan, car la menace du PKK constitue une priorité effective pour Ankara, et l’approche des élections législatives et présidentielle, prévues en 2023, renforce la volonté du président d’accroitre sa popularité. « Pour Ankara, le PKK est l’ennemi public numéro 1. Il est perçu comme une menace existentielle par les dirigeants turcs, car si ses revendications étaient satisfaites, la Turquie serait amputée d’une partie de son territoire » souligne Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS. En outre, dans un pays fortement marqué par une crise économique, Erdogan cherche à réveiller le patriotisme des Turcs, pour conserver une assise populaire. D’autant que les sondages indiquent une défaite de l’AKP aux législatives.
L'inflation a frôlé les 80% en juin en Turquie, au plus haut depuis 1998 (AFP)
« La situation économique en Turquie est infiniment préoccupante et ne va pas dans le sens des intérêts d’Erdogan » affirme Didier Billion, soulignant l’intérêt « d’activer la fibre patriotique des Turcs afin de limiter la baisse des intentions de vote, voire reconvertir une partie de l’électorat turc ». Ainsi, l’incertitude de sa réélection pourrait pousser Erdogan à intensifier ses actions en Syrie. L’arrivée massive de réfugiés syriens en Turquie et la montée du ressentiment d’une partie de la population turque contre ces derniers, est également un enjeu supplémentaire pour la politique syrienne d’Erdogan. En effet, comme le souligne un chercheur spécialiste de la Syrie : « Le facteur électoral pèse beaucoup dans les actions d’Erdogan, surtout avec l’arrivée massive des réfugiés syriens qui a fait perdre des soutiens à l’AKP, ainsi que la mairie de la ville d’Istanbul ».
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