"Le nom du chef du gouvernement ne figure pas sur l’agenda de la semaine du chef de l’État", a indiqué une source proche de Baabda à Ici Beyrouth.
Avec le retour du Premier ministre désigné Najib Mikati à Beyrouth après les vacances de la fête de l’Adha, les tractations pour la formation d’un gouvernement, devraient (normalement) reprendre. Or "aucune réunion n’est prévue avec le président de la République Michel Aoun et aucun progrès n’a été effectué au niveau de la composition du prochain cabinet", d’après une source proche du Sérail où le blocage du gouvernement a été abordé, entre autres, au cours de deux entretiens de M. Mikati avec les ambassadrices de France Anne Grillo, et des États-Unis Dorothy Shea.
Même son de cloche du côté du palais présidentiel, où l'on a confirmé à Ici Beyrouth que "le nom du chef du gouvernement ne figure pas sur l’agenda de la semaine du chef de l’État". Et de préciser: "Planifier une réunion entre les deux pôles de l’Exécutif ne nécessite pas une procédure extensive. Un simple coup de fil suffit".
Cependant, il serait naïf de croire qu’un simple coup de fil pourrait assainir les relations entre les deux hommes et mettre un terme aux atermoiements au niveau du dossier gouvernemental, d'autant que le chef de l'État reste semble-il déterminé à obtenir la mise en place d’un cabinet qui corresponde à ses ambitions et celles du parti qu’il a fondé, le Courant patriotique libre. Cela dit, la paralysie politique n’est certainement pas méconnue des Libanais, spécialement sous le mandat de Michel Aoun. Durant ce sexennat, aucune opération de formation d’un cabinet n’a été facile, compte-tenu des priorités fixées, à savoir obtenir une équipe pratiquement placée sous le contrôle du chef du CPL, Gebran Bassil, et de ses alliés. Cela s’est surtout manifesté dans la dégradation progressive des rapports entre l’ancien chef du gouvernement, Saad Hariri, et Gebran Bassil, laquelle a éclaté au grand jour avec le début de la crise et le soulèvement populaire de 2019. Cette période a été marquée par trois tentatives de former un gouvernement, à la suite de la démission de Saad Hariri. Puis, lorsqu’après la démission du gouvernement de Hassane Diab quelques jours après l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, M. Hariri avait essayé de mettre en place un gouvernement de technocrates indépendants, entre novembre 2020 et juillet 2022, pour répondre aux exigences en ce sens de la communauté internationale, mais il s’était heurté aux conditions politiques du tandem Aoun-Bassil. Le blocage institutionnel reste semble-t-il inhérent à la stratégie politique du "mandat fort" engagé en permanence dans des luttes d’influence.
Cette approche "obstructionniste" menée par le président et par son gendre est flagrante. La célèbre expression américaine "It’s my way or the highway" (en français: c’est ce que je veux ou rien) la décrit parfaitement. Mercredi dernier, le bureau de presse de la présidence, dans le cadre d’une valse de communiqués avec le Sérail, avait indiqué que "la Constitution a clairement défini le mécanisme de formation du gouvernement, notamment dans son article 53, qui stipule que le chef de l’État promulgue, en accord avec le président du Conseil des ministres, le décret de formation du gouvernement, et celui portant acceptation de la démission des ministres ou leur révocation". Aussi, n’est-il pas près de renoncer à ce partenariat (…) ce qui signifie qu’il ne suffit pas que le Premier ministre désigné lui soumette une formule gouvernementale qui soit le fruit de convictions qu’il a développées, sur base de données disponibles et des positions des groupes parlementaires et des leaderships politiques, selon le texte. Pourtant, ce que Nagib Mikati avait soumis au chef de l’État, c’était un léger remaniement de l’équipe actuelle.
Face au clivage Aoun-Mikati, il est difficile de déceler aujourd’hui un vrai partenariat entre les deux hommes, surtout en l’absence de dialogue. Le président tente inlassablement d’imposer ses conditions au chef du gouvernement, qui refuse à son tour de céder aux pressions auxquelles il est soumis. Pour ne rien arranger, Gebran Bassil a jeté de l’huile sur le feu en reprochant au Premier ministre d’empiéter sur les prérogatives constitutionnelles de la magistrature suprême. "Le président Michel Aoun est un partenaire à part entière dans le processus de formation du gouvernement, quelle que soit la position du CPL à ce sujet. Il a le droit au même titre que le Premier ministre désigné, de donner son point de vue au sujet de la répartition politique et communautaire des portefeuilles ministériels".
En conclusion, aucun signe positif d’une formation prochaine d’un gouvernement. Les Libanais devront donc se faire à l’idée que les yeux de la classe dirigeante sont désormais rivés sur l’élection présidentielle.
Avec le retour du Premier ministre désigné Najib Mikati à Beyrouth après les vacances de la fête de l’Adha, les tractations pour la formation d’un gouvernement, devraient (normalement) reprendre. Or "aucune réunion n’est prévue avec le président de la République Michel Aoun et aucun progrès n’a été effectué au niveau de la composition du prochain cabinet", d’après une source proche du Sérail où le blocage du gouvernement a été abordé, entre autres, au cours de deux entretiens de M. Mikati avec les ambassadrices de France Anne Grillo, et des États-Unis Dorothy Shea.
Même son de cloche du côté du palais présidentiel, où l'on a confirmé à Ici Beyrouth que "le nom du chef du gouvernement ne figure pas sur l’agenda de la semaine du chef de l’État". Et de préciser: "Planifier une réunion entre les deux pôles de l’Exécutif ne nécessite pas une procédure extensive. Un simple coup de fil suffit".
Cependant, il serait naïf de croire qu’un simple coup de fil pourrait assainir les relations entre les deux hommes et mettre un terme aux atermoiements au niveau du dossier gouvernemental, d'autant que le chef de l'État reste semble-il déterminé à obtenir la mise en place d’un cabinet qui corresponde à ses ambitions et celles du parti qu’il a fondé, le Courant patriotique libre. Cela dit, la paralysie politique n’est certainement pas méconnue des Libanais, spécialement sous le mandat de Michel Aoun. Durant ce sexennat, aucune opération de formation d’un cabinet n’a été facile, compte-tenu des priorités fixées, à savoir obtenir une équipe pratiquement placée sous le contrôle du chef du CPL, Gebran Bassil, et de ses alliés. Cela s’est surtout manifesté dans la dégradation progressive des rapports entre l’ancien chef du gouvernement, Saad Hariri, et Gebran Bassil, laquelle a éclaté au grand jour avec le début de la crise et le soulèvement populaire de 2019. Cette période a été marquée par trois tentatives de former un gouvernement, à la suite de la démission de Saad Hariri. Puis, lorsqu’après la démission du gouvernement de Hassane Diab quelques jours après l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, M. Hariri avait essayé de mettre en place un gouvernement de technocrates indépendants, entre novembre 2020 et juillet 2022, pour répondre aux exigences en ce sens de la communauté internationale, mais il s’était heurté aux conditions politiques du tandem Aoun-Bassil. Le blocage institutionnel reste semble-t-il inhérent à la stratégie politique du "mandat fort" engagé en permanence dans des luttes d’influence.
Cette approche "obstructionniste" menée par le président et par son gendre est flagrante. La célèbre expression américaine "It’s my way or the highway" (en français: c’est ce que je veux ou rien) la décrit parfaitement. Mercredi dernier, le bureau de presse de la présidence, dans le cadre d’une valse de communiqués avec le Sérail, avait indiqué que "la Constitution a clairement défini le mécanisme de formation du gouvernement, notamment dans son article 53, qui stipule que le chef de l’État promulgue, en accord avec le président du Conseil des ministres, le décret de formation du gouvernement, et celui portant acceptation de la démission des ministres ou leur révocation". Aussi, n’est-il pas près de renoncer à ce partenariat (…) ce qui signifie qu’il ne suffit pas que le Premier ministre désigné lui soumette une formule gouvernementale qui soit le fruit de convictions qu’il a développées, sur base de données disponibles et des positions des groupes parlementaires et des leaderships politiques, selon le texte. Pourtant, ce que Nagib Mikati avait soumis au chef de l’État, c’était un léger remaniement de l’équipe actuelle.
Face au clivage Aoun-Mikati, il est difficile de déceler aujourd’hui un vrai partenariat entre les deux hommes, surtout en l’absence de dialogue. Le président tente inlassablement d’imposer ses conditions au chef du gouvernement, qui refuse à son tour de céder aux pressions auxquelles il est soumis. Pour ne rien arranger, Gebran Bassil a jeté de l’huile sur le feu en reprochant au Premier ministre d’empiéter sur les prérogatives constitutionnelles de la magistrature suprême. "Le président Michel Aoun est un partenaire à part entière dans le processus de formation du gouvernement, quelle que soit la position du CPL à ce sujet. Il a le droit au même titre que le Premier ministre désigné, de donner son point de vue au sujet de la répartition politique et communautaire des portefeuilles ministériels".
En conclusion, aucun signe positif d’une formation prochaine d’un gouvernement. Les Libanais devront donc se faire à l’idée que les yeux de la classe dirigeante sont désormais rivés sur l’élection présidentielle.
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