©Crédit Photo: Fred Tanneau/AFP
Offre surabondante, inflation des coûts de production, baisse du pouvoir d’achat, pénurie de personnel expérimenté, l’inquiétude ronge le secteur des musiques actuelles derrière l’image rassurante des foules devant les scènes de certains festivals cet été en France.
« Quand on dit “les festivals reprennent”, il ne faut pas penser qu’on a retrouvé la croissance de 2019 avant la crise sanitaire. Ce n’est pas le cas », résume Malika Seguineau, responsable du Prodiss, syndicat national du spectacle musical et de variété, rencontrée aux Francofolies à La Rochelle.
Ce festival a fait le plein, tout comme les Vieilles Charrues à Carhaix (280.000 spectateurs cet été, « on sera dans le vert », selon son directeur Jérôme Tréhorel).
Mais ce n’est pas le cas partout. Et les rendez-vous estivaux ont traversé cette année des turbulences ponctuelles (canicule, pluie diluvienne, artistes annulant pour Covid-19), mais surtout structurelles. Malika Seguineau décrit une « reprise lente et difficile ». « Les Français ont modifié leurs comportements, ils achètent très tardivement des billets en se disant : “Si j’ai le Covid, il faudra que j’annule”, et ont par ailleurs parfois déjà en mains trois spectacles reportés », détaille-t-elle. La dirigeante du Prodiss avance aussi un « contexte qui n’est pas à la fête entre guerre en Ukraine, élection présidentielle en France - toujours un temps suspendu - et la question du pouvoir d’achat ».
Après deux étés en berne, ou presque, les festivals ont voulu mettre les bouchées doubles et proposer des affiches exceptionnelles.
Si le Hellfest (Clisson, Loire-Atlantique) a gagné son pari (350 groupes, 420.000 spectateurs), l’Aluna Festival (Ruoms, Ardèche) a vu trop gros avec quatre jours. Et trop de têtes d’affiche (Feu ! Chatterton, Julien Doré et Angèle le même soir), comme l’a dit au micro devant le public, en toute franchise, son président Jean Boucher. « C’est fou le nombre de festivals. Les cachets des artistes montent et les prix des places n’ont pas augmenté », constate Gérard Pont, patron des « Francos ». « Entre reports, nouveaux projets, il y a plus de propositions, qui coûtent plus cher à organiser, et pas plus de public avec un pouvoir d’achat moins important. Ça ne marche pas », confirme Jérôme Tréhorel, directeur des « Charrues ».
Fin juin, on trouvait aux mêmes dates l’Aluna Festival, le Hellfest, Solidays à Paris et le concert des mastodontes d’Iron Maiden à Paris. Même chose mi-juillet entre les Francofolies, les Vieilles Charrues, le Lollapalooza à Paris et le concert de Coldplay dans la capitale. « Il y a eu engorgement et précipitation. Programmer dans la même région Vianney 15 fois, ça ne marche pas », souligne Malika Seguineau. « Dans le contexte de la guerre en Ukraine, de la crise sanitaire, les festivals - ces villes qui sortent de terre - ont été confrontés à la pénurie de matières premières et des cachets d’artistes - privés de tournée pendant deux ans - qui augmentent : on arrive à une hausse des coûts entre 15 % et 20 % », ajoute-t-elle.
« Dans ce contexte mondial d’inflation, de pénuries, des évènements vont au tapis, avec des coûts de production augmentant jusqu’à 20-30 % », chiffre de son côté Jérôme Tréhorel. Le festival RhinoFéRock, en Vaucluse, qui devait programmer Benjamin Biolay, Gaëtan Roussel ou Hoshi, a ainsi annulé pour toutes ces raisons. Sans oublier, comme le dit Gérard Pont, « beaucoup de pros (techniciens) qui se sont recyclés pendant la crise sanitaire, d’où une compétition entre festivals pour un savoir-faire devenu rare et cher ».
« Même en étant complets, certains festivals vont être déficitaires », prévient Jérôme Tréhorel. Le Prodiss fera « un bilan en septembre », avec déjà en vue pour Malika Seguineau une « réflexion sur un modèle économique peut-être en fin d’un cycle ». « On ne demande pas à vivre sous perfusion, mais on dit : “On a besoin d’un CNM (Centre national de la musique) plus fort, pour respecter son engagement de développer des programmes de soutiens structurants, pour nous aider à prendre des risques”.
AFP
« Quand on dit “les festivals reprennent”, il ne faut pas penser qu’on a retrouvé la croissance de 2019 avant la crise sanitaire. Ce n’est pas le cas », résume Malika Seguineau, responsable du Prodiss, syndicat national du spectacle musical et de variété, rencontrée aux Francofolies à La Rochelle.
Ce festival a fait le plein, tout comme les Vieilles Charrues à Carhaix (280.000 spectateurs cet été, « on sera dans le vert », selon son directeur Jérôme Tréhorel).
Mais ce n’est pas le cas partout. Et les rendez-vous estivaux ont traversé cette année des turbulences ponctuelles (canicule, pluie diluvienne, artistes annulant pour Covid-19), mais surtout structurelles. Malika Seguineau décrit une « reprise lente et difficile ». « Les Français ont modifié leurs comportements, ils achètent très tardivement des billets en se disant : “Si j’ai le Covid, il faudra que j’annule”, et ont par ailleurs parfois déjà en mains trois spectacles reportés », détaille-t-elle. La dirigeante du Prodiss avance aussi un « contexte qui n’est pas à la fête entre guerre en Ukraine, élection présidentielle en France - toujours un temps suspendu - et la question du pouvoir d’achat ».
Après deux étés en berne, ou presque, les festivals ont voulu mettre les bouchées doubles et proposer des affiches exceptionnelles.
Si le Hellfest (Clisson, Loire-Atlantique) a gagné son pari (350 groupes, 420.000 spectateurs), l’Aluna Festival (Ruoms, Ardèche) a vu trop gros avec quatre jours. Et trop de têtes d’affiche (Feu ! Chatterton, Julien Doré et Angèle le même soir), comme l’a dit au micro devant le public, en toute franchise, son président Jean Boucher. « C’est fou le nombre de festivals. Les cachets des artistes montent et les prix des places n’ont pas augmenté », constate Gérard Pont, patron des « Francos ». « Entre reports, nouveaux projets, il y a plus de propositions, qui coûtent plus cher à organiser, et pas plus de public avec un pouvoir d’achat moins important. Ça ne marche pas », confirme Jérôme Tréhorel, directeur des « Charrues ».
Fin juin, on trouvait aux mêmes dates l’Aluna Festival, le Hellfest, Solidays à Paris et le concert des mastodontes d’Iron Maiden à Paris. Même chose mi-juillet entre les Francofolies, les Vieilles Charrues, le Lollapalooza à Paris et le concert de Coldplay dans la capitale. « Il y a eu engorgement et précipitation. Programmer dans la même région Vianney 15 fois, ça ne marche pas », souligne Malika Seguineau. « Dans le contexte de la guerre en Ukraine, de la crise sanitaire, les festivals - ces villes qui sortent de terre - ont été confrontés à la pénurie de matières premières et des cachets d’artistes - privés de tournée pendant deux ans - qui augmentent : on arrive à une hausse des coûts entre 15 % et 20 % », ajoute-t-elle.
« Dans ce contexte mondial d’inflation, de pénuries, des évènements vont au tapis, avec des coûts de production augmentant jusqu’à 20-30 % », chiffre de son côté Jérôme Tréhorel. Le festival RhinoFéRock, en Vaucluse, qui devait programmer Benjamin Biolay, Gaëtan Roussel ou Hoshi, a ainsi annulé pour toutes ces raisons. Sans oublier, comme le dit Gérard Pont, « beaucoup de pros (techniciens) qui se sont recyclés pendant la crise sanitaire, d’où une compétition entre festivals pour un savoir-faire devenu rare et cher ».
« Même en étant complets, certains festivals vont être déficitaires », prévient Jérôme Tréhorel. Le Prodiss fera « un bilan en septembre », avec déjà en vue pour Malika Seguineau une « réflexion sur un modèle économique peut-être en fin d’un cycle ». « On ne demande pas à vivre sous perfusion, mais on dit : “On a besoin d’un CNM (Centre national de la musique) plus fort, pour respecter son engagement de développer des programmes de soutiens structurants, pour nous aider à prendre des risques”.
AFP
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