Il n’est pas facile de savoir ce qui se passe au sein du Hezbollah. La discrétion et le secret restent les maîtres mots qui guident les activités de la formation chiite, ce qui est somme toute normal, puisqu’il s’agit d’une entité sécuritaire avant d’être politique.
Mais le Hezbollah a beau être vigilant sur ce point, il n’est pas à l’abri des oreilles indiscrètes. Il suffit qu’un de ses membres laisse échapper une indiscrétion dans son cercle privé, aussi réduit soit-il, pour que la chaîne du bouche à oreille se mette en marche et que cette indiscrétion atterrisse chez ceux qui s’intéressent particulièrement aux activités du parti pro-iranien.
Un ancien ministre originaire de la Békaa fait état ainsi d’informations qui lui sont parvenues, selon lesquelles " les services concernés " du Hezbollah seraient en train d’enquêter sur une série d’affaires de corruption dans lesquelles une trentaine de ses membres seraient engagées. Ces derniers seraient soupçonnés d’avoir mis la main sur des quantités importantes de mazout importé en septembre et octobre derniers d’Iran, au moment où le Liban faisait face à une grave pénurie de carburants et que la compagnie de distribution de fuel relevant du parti, Al-Amana, distribuait aux individus et aux établissements qui en avaient besoin. Parmi les membres du parti qui font l’objet d’investigations, le fils d’un cadre important du Hezb, M. Y. qui aurait mis la main pour son propre compte sur 700 000 litres de mazout destinés à la distribution.
Selon ce même ministre, cette affaire rappelle d’autres incidents du genre répertoriés notamment durant la guerre en Syrie. Là, le trafic porte sur des armes et non du mazout. L’indiscrétion vient également d’habitants de la Békaa qui racontent que durant la bataille des jurds (2014-2017) le fils d’un éminent chef religieux du parti s’est arrangé pour conclure avec le groupe Etat islamique, un accord en vertu duquel il leur livrait des armes et des munitions, puisées dans l’arsenal du Hezb dans la Békaa, moyennant des milliers de dollars frais. Le pot aux roses n’a pas tardé à être découvert. Le fils du chef religieux a été arrêté.
Parallèlement, des habitants d’un village frontalier dans la partie est de la Békaa transportaient des plats chauds aux combattants du groupe jihadiste " Etat islamique ", dont les célèbres galettes à la viande hachée de Baalbeck, moyennant bien entendu des sommes importantes en devises.
Selon les mêmes sources, le fils d’un important cadre de la formation chiite serait aussi à la tête d’un important réseau de trafic de drogue, mais celui-là n’est pas inquiété. Toutes ces opérations attribuées à des membres du parti de Hassan Nasrallah, font dire à une personnalité d’origine palestinienne ayant travaillé en Iran : " Le Hezbollah est noyauté de profiteurs qui ont fait fortune illégalement. Aujourd’hui, il ne possède plus de dollars frais et il semble que l’Iran lui aurait conseillé de payer les salaires de ses membres grâce aux recettes de la vente de carburants qu’il importe ".