Les réunions interchrétiennes de Bkerké devront reprendre après Pâques, assure un des participants à ces assises qui devraient déboucher sur l’élaboration d’un document final définissant les principes généraux d’une politique nationale fondée sur les constantes libanaises.

Les partis chrétiens des Forces libanaises (FL), des Kataëb, du PNL et du Courant patriotique libre (CPL) ainsi que le bloc parlementaire du Renouveau, du député Michel Moawad, et des indépendants sont engagés dans un débat autour d’une feuille de route proposée par Bkerké et qui doit servir de base pour le document attendu. Celui-ci devra être par la suite distribué aux différentes composantes libanaises, dans l’espoir d’un dialogue national sur les questions brûlantes que sont le blocage de la présidentielle, la crise économique, celle des migrants et des déplacés syriens et, d’une certaine manière aussi, la problématique que pose le Hezbollah, notamment son rôle de mini État au sein de l’État, et ses armes.

Aucune date n’a encore été fixée pour la reprise des réunions qui, rappelle-t-on, se tiennent loin des feux de la rampe. Bkerké, indique-t-on de même source, attend que le CPL que préside Gebran Bassil termine l’élaboration d’un document qui porte notamment sur les armes du Hezbollah avant de convoquer une nouvelle réunion.

Deux autres documents doivent également être examinés, présentés l’un par les Forces libanaises et l’autre par les Kataëb, sachant que les deux pourraient être réunis en un seul, en raison de leur similitude sur plusieurs points.

Les FL notamment devraient examiner leur document avec un évêque mandaté par le patriarcat avant que le chef de ce parti, Samir Geagea, en discute avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï.

Dans son dernier entretien télévisé, le chef des FL s’était montré très sceptique quant à l’aboutissement des discussions de Bkerké, mettant en doute en particulier les intentions de Gebran Bassil, en qui il a dit ne pas avoir confiance "parce que ses positions sont dictées par ses seuls intérêts".

Le document final qui doit émaner des assises de Bkerké devrait être une somme de ceux présentés par les trois partis chrétiens. La question reste de savoir si les trois, avec le Renouveau, pourront s’entendre avec le CPL sur le point relatif aux armes du Hezbollah. Ces derniers sont intransigeants sur l’urgence d’un règlement du problème que posent les armes du Hezbollah, alors que Gebran Bassil adopte une position plus nuancée. C’est que le chef du CPL, qui a scellé en 2006 un document d’entente avec le Hezbollah, dit l’accord de Mar Mikhaël, maintient un minimum de relations avec la formation pro-iranienne, en dépit de leurs divergences sur plusieurs questions. Il faut dire que les deux ont besoin l’un de l’autre pour des raisons strictement liées à leurs intérêts. N’oublions pas que c’est surtout grâce aux voix du Hezbollah que le CPL a pu faire élire certains de ses députés et que c’est grâce à Michel Aoun, l’ancien président et fondateur du CPL, que la formation pro-iranienne a bénéficié d’une couverture officielle et chrétienne.

Aussi, Gebran Bassil veut-il aborder la question des armes avec plus de nuances que les FL, les Kataëb, le PNL et le Renouveau, farouchement hostiles aux pratiques du Hezb qui sapent les fondements de l’État libanais et nuisent au pays. Il essaie pour le moment de concilier son recoupement avec l’opposition autour de la candidature de l’ancien ministre, Jihad Azour, à la présidence de la République et sa volonté de ne pas couper les ponts avec le Hezbollah. Dans ses récentes déclarations, le chef du CPL a critiqué l’ouverture du front sud et mis en garde contre toute implication du Liban dans une guerre destructrice, tout en réclamant une stratégie nationale de défense et en soulignant son attachement à la "résistance" parce que l’armée ne peut pas, selon lui, protéger le Liban. En d’autres termes, il a de nouveau cautionné les armes illégales.

Il faut dire que durant les réunions de Bkerké, les représentants du CPL ne se sont pas opposés au fait que le problème des armes du Hezb soit discuté et évoqué dans le document final. Toutefois, ils ont demandé à élaborer la formule qui s’y rapporte pour ne pas heurter ce dernier.