Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, avait expressément fait part de son opposition à l’acharnement de la procureure générale près la Cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, contre le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, durant un entretien téléphonique la semaine dernière avec la députée Bahia Hariri.

De sources informées, on indique que le chef du gouvernement est entré dans une colère noire lorsque la juge avait envoyé une unité du service de Sécurité de l’État, proche du président de la République, pour faire exécuter un mandat d’amener contre Riad Salamé, puis lorsqu’elle a engagé des poursuites contre le directeur des Forces de sécurité intérieure, le général Imad Osman, qu’elle accuse d’obstruction à l’exécution du mandat d’amener.

M. Mikati a été profondément irrité par ce comportement, d’abord parce que l’acharnement contre M. Salamé et le général Osman est, selon lui, l’expression d’une politique vindicative qu’il ne peut pas tolérer, ensuite parce que les retombées de ces agissements coûteront cher au Liban, aux plans économique et financier.

Selon ces mêmes sources, une éventuelle arrestation de Riad Salamé générera au plan local des secousses financières que le pays ne peut pas supporter ou affronter, compte tenu des difficultés dans lesquelles il se débat pour le moment. Au plan international, ajoute-t-on de mêmes sources, le risque sera grand que le Liban perde la seule banque correspondante qui traite avec lui pour le moment, la JPMorgan Chase.

De mêmes sources, on révèle que Najib Mikati a adressé un message dur et ferme en ce sens aux autorités concernées, sans qu’on ne sache lesquelles, demandant à ce qu’un terme soit mis à "cette mascarade qui risque de nous plonger dans l’inconnu". M. Mikati a insisté sur les conséquences de ces agissements qu’il juge irrationnels. Et là, il ne parlait pas seulement d’économie et de finances. Parce que l’affaire Riad Salamé et Imad Osman commence à se répercuter sur son gouvernement en raison des remous politiques qu’elle suscite. On sait qu’en plus du chef du gouvernement, le ministre de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, mais aussi les ministres d’Amal et du PSP sont opposés à la cabale menée par la juge contre le gouverneur de la Banque centrale et récemment contre le directeur des FSI, tous deux proches du courant du Futur et dont les postes sont lorgnés par le camp présidentiel.

De mêmes sources, on indique qu’une démission du Premier ministre n’est pas exclue au cas où "cette mascarade se poursuivrait, parce que Najib Mikati a réalisé que certains essaient à travers la justice d’atteindre des objectifs politiques vindicatifs".

Toutes ces questions devraient être évoquées au cours de l’entretien que M. Mikati prévoit avec le président Michel Aoun, à son retour de Munich. Le Premier ministre doit rendre compte au chef de l’État du résultat de ses entretiens officiels dans cette ville allemande où il a participé à une conférence sur la sécurité.

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