L’avant-première officielle du nouveau film de la réalisatrice libanaise Mounia Akl, Costa Brava, au Liban, a eu lieu le lundi 8 août, à ABC Achrafieh, à l’invitation de la boîte de production Abbout Productions. Le thème principal? La perpétuelle question des ordures qui n’en finit pas de travailler les Libanais, voire plus, qui a raison de leur santé, de leur vie… Une cause pour laquelle des milliers de personnes se sont mobilisées et déplacées dans la rue, en quête d’un droit de vie basique: le droit à la respiration.

Au-delà de la question environnementale, Costa Brava développe des questions existentielles, soulève des sujets sociétaux, familiaux, relationnels, anthropologiques, artistiques, et ce à travers la vie quotidienne d’une famille qui a décidé de quitter Beyrouth après l’explosion du port le 4 août 2020 pour se retirer à la campagne, là où l’air est plus sain… jusqu’au moment où les déchets les poursuivent parmi les arbres.

Les acteurs, Nadine Labaki, Saleh Bakri, Yumna Marwan, Nadia Charbel, Geana Restom… incarnent leurs rôles, d’une crédibilité frappante, par leurs paroles, leurs interactions, mais aussi leurs silences, non-dits, réflexions et révoltes intérieures et extérieures. Le film est rythmé par leur souffle, ainsi que par les bruits agressifs des machines, tracteurs et grues qui viennent violer leur petit coin de paradis… mais aussi par la musique de Nathan Larson et les chansons fredonnées en libanais.

La trame se déroule, captivante, au fil des images poétiques et révélatrices de Joe Saadé, dans l’ombre et la lumière, le bleu du ciel ou des sacs en plastique, le reflet de l’eau salvatrice, profonde, purifiante.

Autant d’images que de paroles, de sons et, mine de rien, de leçons de vie, dans la simplicité du quotidien, parfois même de vérités sortant de la bouche des enfants. Les enfants, ceux qui voient. Témoins silencieux, la plupart du temps oui, peut-être, mais aussi actifs, réactifs, purs et crédibles.

Et l’on compte avec eux. Les mots. Les maux. Les pas. Le souffle. Les instants de disputes. Le temps. On compte, alors que Mounia Akl, maîtrisant son scénario – coécrit avec Clara Roquet –, ses personnages, la direction des acteurs, les effets spéciaux et visuels qui nous révoltent ou nous emportent, conte si bien qu’on a tous les sens en éveil: on écoute, on voit et on sent presque les odeurs.

Le film sera bientôt en salles, début septembre. À voir, oui, mais surtout à traverser, comme on traverse une histoire, un conte, différents âges et une partie de l’existence.