Au centre culturel Zico House, à Beyrouth et jusqu’au 19 avril, se tient l’exposition en solo de Elio Chaghoury, intitulée A word never written ou Un mot jamais écrit. Artiste multidisciplinaire basé à Beyrouth, Elio Chaghoury expérimente l’art à travers le son, la musique, l’installation et la peinture. Son emploi de l’abstraction dans la calligraphie est une forme d’auto-exploration, d’expression et de compréhension du monde qui l’entoure.

Au cours d’une période d’isolement, Élio s’est connecté avec ses sentiments et ressentis les plus profonds. Loin de toute interaction sociale, l’artiste s’est donné l’occasion de se libérer dans un but de croissance et d’introspection. Il est ainsi revenu aux moyens primitifs de communication: les symboles et l’abstraction. Ce langage qui traverse toutes les frontières des cultures et des époques est un moyen pour Élio de se connecter à un niveau profond de communication émotionnelle.

L’approche de l’artiste de la calligraphie abstraite consiste à déformer et déconstruire les formes et les lettres écrites par l’homme. Ceci lui a ainsi permis de créer de nouveaux langages visuels qui remettent en question la perception du spectateur de la calligraphie abstraite. Les compositions obtenues sont à la fois belles et stimulantes, car elles brouillent souvent les lignes entre le langage et l’art visuel. Dans l’ensemble, l’abstraction de la calligraphie offre une perspective fraîche et passionnante d’une forme d’art intemporel.

Sur des supports différents, que ce soit le papier de riz, les cartons ou les toiles, Élio Chaghoury dessine des mots que seule la sensibilité humaine peut lire. Il ne s’agit pas de la calligraphie dont le spectateur est familier. C’est plutôt un langage abstrait et émotionnel qui émane de ses dessins.

Les médias utilisés sont également variés. On découvre des messages visuels peints ou écrits à l’encre, à l’acrylique ou à l’aquarelle. Les couleurs terre sont priviligiées chez l’artiste qui use d’un spectre coloré qui va du noir au blanc, en passant par toutes les tonalités du beige et de ses dérivés. "La peinture est revenue à ses origines, à une ère au-delà du langage, à un monde mystérieux qui ne peut être exprimé que par des symboles et des images abstraites", écrit l’artiste.

Cette exposition donne une impression intéressante et intelligente qui pousse l’observateur à lire entre les lignes et à déchiffrer les symboles. C’est d’ailleurs, comme dans toute forme d’abstraction, un message personnel qui peut se ressentir et se lire différemment par chacun.

La force des compositions d’Élio Chaghoury se manifeste sur des toiles de formats variés, qui invitent, chacune à sa manière, à la réflexion et même à l’introspection. Les monochromes de tonalités terre et la gamme de couleurs ternes invitent à un retour aux sources. Par ailleurs, le cadre de Zico House, cet ancien appartement aux fenêtres de bois et aux dalles d’époque, met en valeur les peintures de manière spontanée.

Grâce à l’œil expérimenté du Dr Tony Karam, curateur de l’exposition, l’installation s’est faite méticuleusement afin de créer une ambiance fusionnelle entre l’œuvre de l’artiste et le lieu de réception. On prend en effet plaisir à déchiffrer le mot jamais écrit par ce jeune artiste prometteur.

Zeina Nader
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