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Abdelinho, un jeune Marocain pris au piège entre une mère tyrannique et un emploi bureaucratique, rêve d’un Brésil imaginaire et sensuel. Son unique fenêtre sur ce géant sud-américain est à travers ses télénovelas.

Le quatrième film du réalisateur marocain Hicham Ayouch, frère du célèbre cinéaste Nabil Ayouch, sort dans les salles ce mercredi, après avoir connu le succès dans son pays natal près de deux ans auparavant.

Le film, tant loufoque qu’onirique, met en scène une relation fantasmée entre le protagoniste, Abdelinho (interprété par Aderrahim Tamimi), et la belle Maria (Inês Monteiro), héroïne d’un feuilleton qu’Abdelinho suit assidûment depuis son refuge sur le toit de sa maison, loin du regard réprobateur de sa mère. Ce réalisme magique revendiqué par le réalisateur a été inspiré par des écrivains sud-américains tels que Gabriel García Márquez et Mario Vargas Llosa.

Hicham Ayouch explique que son intérêt ne réside pas tant dans le Brésil comme pays, mais plutôt dans ce que le Brésil représente dans l’inconscient collectif, en particulier en termes de liberté corporelle et sexuelle. Ayouch compare cette représentation à la réalité schizophrénique du Maroc, où l’on peut ressentir qu’on est à Ibiza une minute et à Kaboul la suivante. Le Brésil, selon lui, sert d’échappatoire métaphorique à cette réalité.

Le film présente également un élément de conflit avec l’arrivée du téléprédicateur islamiste Amr Taleb (Ali Suliman) qui menace Abdelinho et ses cours de samba pour les femmes de sa ville. L’inspiration pour ce personnage provient d’Égypte, et, dans le film, le prédicateur réinterprète le célèbre tube de gospel Happy Day avec des extraits du Coran, une fusion de musique et de fondamentalisme inhabituelle dans le monde musulman.

Le réalisateur aborde également des sujets tabous de la société marocaine, tout comme l’a fait son frère Nabil, notamment avec Much Loved , un film sur la prostitution des jeunes, interdit par les autorités. Selon Hicham Ayouch, faire un film sur l’islamisme et la société marocaine n’est pas difficile aujourd’hui, car les islamistes ont changé de stratégie et ne font plus de scandales.

Après huit ans d’absence derrière la caméra, depuis Fièvres (2013), un film plus sombre sur un jeune homme perdu dans la banlieue parisienne, Ayouch revient avec un regard sur la jeunesse marocaine, une situation qu’il trouve difficile pour les jeunes des quartiers défavorisés du monde entier. Parfois, comme il l’observe au Maroc, la situation explose, et les jeunes prennent la direction de l’Europe.

Le film d’Ayouch, avec son mélange d’humour, de magie et de réalisme social, offre une perspective unique et provocante sur la jeunesse, la culture et la religion dans le Maroc contemporain.

Avec AFP

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