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Au cœur des montagnes libanaises, la ville de Bcharré rend hommage à l’enfant du pays, l’écrivain Gibran Khalil Gibran, en célébrant le centenaire de son ouvrage le plus célèbre, Le Prophète. Ce musée, dédié à sa mémoire, est érigé dans l’ancien monastère où Gibran passa une partie de son enfance, transformé en écrin pour ses restes mortuaires depuis 1931.

Le Prophète, best-seller international, traduit en 115 langues, continue de fasciner, cent ans après sa première publication aux États-Unis. L’œuvre, qui se compose de 26 textes poétiques, touche une corde universelle en traitant de sujets aussi divers que la vie, la mort, l’amour et l’amitié. Joseph Geagea, directeur du musée, rappelle l’impact culturel du livre, récemment mis en lumière lors du Salon du livre de Beyrouth où l’écrivain Alexandre Najjar a souligné son influence sur le mouvement hippie des années 1960.

Crédit photo: Joseph Eid/AFP

L’influence du Prophète s’étend bien au-delà des cercles littéraires, atteignant des personnalités mondiales telles que l’ancienne impératrice Michiko du Japon, Indira Gandhi et John Lennon. Elvis Presley était tellement passionné par cette œuvre qu’il avait l’habitude d’en offrir des exemplaires annotés de sa propre main à ses amis à chaque anniversaire.

Crédit photo: Joseph Eid/AFP

L’architecture stylistique de l’œuvre puise autant dans le biblique que dans le soufisme, alliant la profondeur philosophique de Ainsi parlait Zarathoustra à une poésie propre à Gibran, selon M. Najjar.

La collection du musée comprend des éditions précieuses du Prophète ainsi que d’autres œuvres qui ont influencé Gibran, dont Les Misérables de Victor Hugo. Les visiteurs peuvent également découvrir les talents de peintre de Gibran à travers 150 de ses œuvres exposées, reflet de sa vision spirituelle de l’existence.

Crédit photo: Joseph Eid/AFP

Né en 1883 sous l’Empire ottoman, Gibran a émigré aux États-Unis à l’âge de 12 ans. Malgré son souhait ardent de retour à Bcharré, il n’a jamais revu sa ville natale. Après son décès, sa sœur Mariana a acquis le monastère pour en faire son dernier repos et un sanctuaire pour son héritage culturel. Aujourd’hui, le musée accueille près de 50.000 visiteurs annuellement, venant des quatre coins du monde.

Pour marquer le centenaire du Prophète, le musée a participé à une exposition en avril au siège de l’ONU à New York, sélectionnant 23 tableaux – en hommage à l’année 2023 –, chacun représentant une figure clé ayant influencé l’œuvre et la vie de Gibran, à l’instar de sa mère, pilier de son soutien.

Avec AFP