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Alors que le monde de la musique célèbre la diversité et la richesse des genres, la cérémonie des Grammy Awards semble rester en marge de cette tendance, notamment en ce qui concerne la reconnaissance de la musique latino-américaine.

Malgré une popularité indéniable et un engouement global pour les artistes latino-américains, la soirée des récompenses de l’industrie musicale américaine continue de susciter des interrogations quant à l’inclusion des talents latino-américains dans ses nominations les plus prestigieuses.

L’année dernière, Bad Bunny avait ouvert la cérémonie des Grammy Awards, suscitant l’espoir d’une ouverture plus large aux artistes latino-américains. Son album Un verano sin ti , entièrement en espagnol, avait même décroché une nomination dans la catégorie des meilleurs albums, un fait historique. Pourtant, lors de la 66édition des Grammys, cette inclusion semble avoir été de courte durée, aucun artiste latino-américain n’ayant été nommé dans les quatre catégories majeures, malgré leur présence dominante sur les plateformes d’écoute et leur succès mondial.

Cette absence est d’autant plus frappante avec l’exclusion de figures telles que Peso Pluma, cinquième artiste le plus écouté dans le monde sur Spotify en 2023, ou encore de stars comme Shakira, Eladio Carrion et Karol G, qui jouissent d’une immense popularité internationale. Leur mise à l’écart soulève des questions sur la représentativité et l’équité au sein des Grammys, un point d’interrogation qui ne cesse de grandir au sein de l’industrie et parmi les fans.

Harvey Mason Jr, le patron de la Recording Academy, a reconnu cette lacune, exprimant son désir de voir davantage d’artistes et de créateurs latinos représentés. Cette reconnaissance du problème met en lumière le défi constant de s’assurer que la musique soit représentée dans toute sa diversité et sa réalité.

La marginalisation de la musique régionale mexicaine, incluant des genres comme la banda, le sierreno, le norteno et le mariachi, illustre également cette problématique. Ces styles, malgré leur popularité croissante aux États-Unis et leur capacité à figurer dans le top 10 du Billboard Hot 100, semblent être négligés par les Grammys. L’essor de ces genres a vu émerger une nouvelle génération d’artistes qui réinventent les corridos traditionnels avec des influences modernes, comme le rap ou le reggaeton, témoignant d’un paysage musical en pleine évolution.

La critique porte également sur le genre du narcocorrido, avec des artistes comme Peso Pluma faisant face à des controverses pour avoir abordé des thèmes sensibles. Ces chansons, qui racontent des histoires liées au trafic de drogue, attirent pourtant une large audience transnationale, notamment parmi les jeunes et sur les réseaux sociaux, reflétant une réalité culturelle complexe.

Les experts soulignent que l’exclusion de la musique latino-américaine des catégories principales des Grammys n’est pas seulement une question de reconnaissance artistique, mais aussi d’identité et de représentation culturelle. La création des Latin Grammys, bien que représentant une plateforme importante pour la musique en espagnol et en portugais, ne devrait pas servir de prétexte pour reléguer les artistes latinos à un rôle périphérique dans la cérémonie principale.

Cette situation rappelle les défis rencontrés par les artistes hip-hop, qui ont longtemps lutté pour obtenir une reconnaissance équitable aux Grammys.

Avec AFP

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