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Présenté à la Berlinale, son dernier opus, L’Empire, se pose en candidat pour l’Ours d’or, promettant une expérience cinématographique à nulle autre pareille. Ce film, loin d’être une simple parodie, propose une relecture déjantée de La Guerre des étoiles, enrichie par l’univers singulier de Bruno Dumont.

L’Empire s’écarte délibérément de l’approche conventionnelle de la science-fiction pour plonger le spectateur dans une aventure où les sabres lasers côtoient la vie quotidienne d’un village modeste du nord de la France. Bruno Dumont, ancien professeur de philosophie et habitué des festivals de cinéma, insiste sur le fait que son film n’est pas une moquerie de la saga culte créée par George Lucas. Au contraire, il aspire à explorer les thèmes universels tels que l’origine du monde, le bien et le mal, à travers le prisme de son univers très personnel.

Le réalisateur français enrichit L’Empire de références à d’autres grands films de science-fiction, incluant Star Wars et La Planète des singes, mais sans jamais copier leur histoire. Son objectif était de créer un space-opéra qui aborde des questions complexes dans le cadre d’un univers terrestre qui lui est cher. Pour cela, Dumont a opté pour un casting mêlant des acteurs amateurs à des professionnels, ainsi qu’une méthode de semi-improvisation, permettant de saisir l’essence de son décalage recherché.

Le casting de L’Empire regroupe des figures emblématiques du cinéma français comme Fabrice Luchini, Anamaria Vartolomei, Lyna Khoudri et Camille Cottin. Chacun apporte sa touche à ce tableau hétéroclite, où les superhéros venus de l’espace et les antihéros terriens se côtoient dans une intrigue centrée sur la lutte pour un bébé, symbole de la bataille entre les forces du bien et du mal. Cette approche narrative souligne la dualité intrinsèque à la condition humaine, thème cher à Dumont.

La production de L’Empire se distingue par son refus de céder aux artifices conventionnels, préférant des moyens conséquents pour recréer des vaisseaux spatiaux inspirés de merveilles architecturales comme la Sainte-Chapelle et le palais de Caserte. Cette ambition se reflète dans le choix des décors et dans la volonté de Dumont de conserver une part d’authenticité et de naturel dans les performances, notamment en évitant la lecture de scénarios pour les acteurs amateurs.

Le tournage de L’Empire a également été marqué par des choix audacieux et controversés, notamment le départ d’Adèle Haenel, qui a critiqué le contenu du film comme étant "sexiste et raciste". Cette polémique souligne les défis et les discussions que peut susciter une œuvre provocante et non conventionnelle comme celle de Dumont.

L’Empire de Bruno Dumont se dresse comme une œuvre à part dans le paysage de la science-fiction. À travers son utilisation unique de la semi-improvisation, son mélange d’acteurs professionnels et amateurs et son approche philosophique des grands thèmes de l’existence, Dumont réinvente le genre. Le film ne se contente pas d’offrir une parodie de La Guerre des étoiles, mais s’efforce d’explorer la complexité de la condition humaine, tout en restant ancré dans une réalité familière et profondément terrienne.