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Profondément attachée à ses racines libanaises, Christine Marchais-Sieffert est revenue à Beyrouth, aux côtés de Marc Sieffert, afin de soutenir la revitalisation culturelle d’un pays confronté à de nombreux défis. Une semaine de musique, d’harmonie et d’amour inconditionnel au pays du Cèdre.

En dépit des recommandations émises par plusieurs pays, exhortant leurs ressortissants à s’abstenir de se rendre au Liban, voire de quitter le pays au plus vite, la réalité semble être tout autre. Contre vents et marrées, de nombreux artistes ont décidé de braver les risques et de fouler, une fois de plus, le sol de ce "paradis perdu". Leur motivation? Elle semble trouver écho dans les mots immortels de Montaigne: "Parce que c’était lui, parce que c’était moi." Pour ces créateurs, leur présence est avant tout un acte de foi en la capacité du Liban à retrouver son éclat d’antan. Il s’agit également d’un geste de solidarité visant à insuffler une lueur d’espoir à un peuple qui en a désespérément besoin. C’est dans cet esprit que Christine Marchais-Sieffert et Marc Sieffert, tous deux musiciens professionnels français, se sont rendus au Liban, prodiguant conseils et enseignements à une jeunesse musicale libanaise en quête de perfection artistique, et ce, dans le cadre d’une masterclass de piano et saxophone, organisée par Beit Tabaris, clôturée par un concert le 7 juillet.

Gènes libanais

Costume sombre, crinière argentée, yeux rieurs, sourire complice, Christine Marchais manifeste clairement sa joie et son émotion de revenir à Beyrouth. "Je porte finalement le Liban dans mes gènes", lance-t-elle aussitôt avec une pointe d’humour, avant d’expliquer fièrement qu’elle est née d’une mère libanaise. "Depuis mon enfance, j’ai toujours eu un attachement viscéral envers ce pays, poursuit l’artiste. Malgré les épreuves difficiles qu’il a endurées, on y trouve toujours une bonté, une générosité, une simplicité et une gentillesse remarquables." Professeure de piano au Conservatoire à rayonnement régional de Rouen, et de déchiffrage à l’École normale de musique de Paris, Christine Marchais est avant tout concertiste. Ses concerts marient des œuvres du grand répertoire à des créations musicales contemporaines aussi riches que variées. "C’est dans ma nature. J’apprécie particulièrement la nouveauté et tout ce qui me surprend", précise-t-elle.

Âme d’un peuple

Son engouement pour l’exploration de diverses musiques du monde la conduit (naturellement) à s’intéresser à la musique créole des compositeurs libanais, dont Toufic Succar (1922-2017), Toufic el-Bacha (1924-2005), Georges Baz (1926-2012) mais également Naji Hakim, Violaine Prince et Karim Haddad. Elle signe, en 2012, avec Marc Sieffert, La Sève du cèdre, premier disque totalement consacré à des compositeurs libanais de musique occidentale. "Ces créations reflètent avant tout l’histoire d’un pays. Une essence, pour ainsi dire. Elles rappellent les recherches de Bartók sur la musique folklorique, ainsi que les compositions de Debussy et Ravel inspirées par des œuvres populaires qu’ils ont découvertes", fait remarquer la pianiste, en décortiquant certaines compositions. Et d’ajouter d’un air plus solennel: "C’est le langage de l’âme d’un peuple." Christine Marchais reconnaît que ces œuvres – à quelques exceptions près – ne sauraient être classées comme musique occidentale conventionnelle.

Néanmoins, elle déplore que certains Libanais les rejettent en les considérant comme étrangères à la musique de leur pays: "Le Liban ne se réduit pas à une seconde augmentée (intervalle fréquemment utilisé dans le cadre de la musique orientaliste, NDLR) ou un quart de ton. C’est une âme avec une multiplicité d’influences de tous les siècles et toutes les civilisations", note-t-elle en soulignant que "le monde a besoin d’écouter, sinon on serait divisé en clans". En musique comme ailleurs, Christine Marchais défend la diversité voire la pluralité, suivant ainsi l’exemple du Liban-message que le pape Jean Paul II avait longtemps promu. "J’espère que le Liban d’antan reviendra", conclut-elle. De son côté, Marc Sieffert s’est dit impressionné par la capacité des Libanais à surmonter les obstacles et aller toujours de l’avant: "Il y a une vivacité, un dynamisme, et peut-être malgré tout un optimisme", affirme le saxophoniste.

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