La montagne a accouché d’une souris. C’est le cas dans l’affaire du don iranien de carburant présenté par le Hezbollah et son allié chrétien, le Courant patriotique libre (CPL) comme une panacée pour un Liban jusque-là réfractaire à une réforme de son secteur de l’énergie -géré de manière catastrophique pendant plus de dix ans- et incapable de proposer des solutions à l’obscurité totale dans laquelle le pays est plongé.

Le Hezbollah a mené une campagne systématique en faveur de l’importation de fuel iranien qu’il a présentée comme la seule planche de salut pour le pays dans les circonstances actuelles. Le chef du CPL, Gebran Bassil, a aussi pris le relais, suppliant presque Téhéran de nous fournir du fuel.

Sauf que voilà : c’est tout un boucan pour presque rien. L’Iran, lui-même en butte à une crise économique, va faire don au Liban (et ce n’est même pas sûr encore, compte tenu des informations contradictoires provenant lundi à ce sujet de Téhéran) de 600 000 tonnes de fuel oil, que Beyrouth va devoir recycler pour obtenir du carburant compatible avec ces centrales. Au terme de cette opération, le Liban va avoir une quantité inférieure aux 600 000 tonnes.

Plus encore, la fourniture de cette quantité serait étalée sur un an, ce qui pratiquement signifie que le fuel iranien va permettre au Liban d’avoir au maximum une demi-heure supplémentaire de courant par jour. De quoi rire si la situation dans le pays n’était pas dramatique au point de donner envie de pleurer.

À cela, il faut ajouter le fait que le mécanisme d’échange du fuel oil iranien contre du carburant n’est pas encore déterminé, puisque l’achat de produits provenant de l’Iran expose l’acquéreur à des sanctions. Il semble d’ailleurs que le ministre sortant de l’Énergie, Walid Fayad, aurait laissé tomber l’offre. (Source Houna Loubnan)