L’usage des cryptomonnaies et autres cryptoactifs comme les NFT (objets numériques certifiés) va se généraliser dans les prochaines années, selon Pascal Gauthier, le président directeur général de Ledger, qui fabrique des clefs sécurisées pour conserver ces actifs.

"Il y a une lame de fond qui va aller sur une accélération exponentielle. (…) Les cinq prochaines années, c’est un milliard de personnes", voire "plusieurs", qui vont accéder aux cryptoactifs, affirme M. Gauthier, qui organise jeudi et vendredi une convention sur les cryptomonnaies à la Gaité Lyrique à Paris.

À la fin du premier semestre 2021, 221 millions de personnes dans le monde détenaient des cryptomonnaies, un nombre plus que doublé par rapport à janvier (106 millions), selon une étude de la Bourse spécialisée crypto.com.
Le domaine des cryptoactifs se développe très rapidement, selon M. Gauthier, qui cite en exemple les "play-to-earn", ces jeux vidéo qui permettent de gagner des cryptomonnaies et des NFT.

Le géant français Ubisoft vient ainsi d’annoncer le lancement d’une plateforme de NFT, commercialisés en édition limitée à destination des joueurs PC.
Ledger, une société française qui comptera quelque 500 salarié à la fin de l’année, a levé environ 460 millions de dollars depuis sa création et fait partie des licornes françaises, ces jeunes sociétés de la tech valorisées à plus d’un milliard de dollars.

Ses portefeuilles sécurisés, qui ressemblent à des clefs USB, stockent les clefs privées qui permettent à l’internaute d’avoir accès à ses crypto-actifs.
Après un chiffre d’affaires "au niveau de 50 millions d’euros" en 2020, la société a enregistré une très forte croissance cette année, assure Pascal Gauthier, qui ne veut pas toutefois donner de chiffres précis.

Construire le Web 3.0

Elle prévoit d’employer 1.300 salariés fin 2022 et son patron voit grand pour l’avenir, faisant miroiter l’objectif d’une valorisation à 100 milliards de dollars d’ici cinq ans.

Ledger veut mettre ses portefeuilles sécurisés et l’application qui va avec au cœur de tout un écosystème de services, avec le renfort de multiples développeurs d’applications venant se greffer sur sa plateforme.
Il s’agit de construire le Web 3.0, où les internautes ne se contentent plus d’échanger de l’information, comme dans le Web 2.0, mais font aussi circuler directement de la valeur.

"Le Web 2.0 nous a dépossédés de tout : nous ne sommes rien en ligne, nous ne sommes qu’un produit de Google ou de Facebook… Nous donnons tout à ces sociétés qui contrôlent notre être numérique", dénonce Pascal Gauthier.

Dans le Web 3.0, "je possède tout, je peux avoir par exemple mon argent et mes données de santé" sur un portefeuille sécurisé, explique-t-il.

"Quand je suis chez le médecin, je lui ouvre l’accès à mes données de santé" avec le portefeuille sécurisé, "et quand il n’en a plus besoin je lui coupe l’accès", ajoute-t-il.

Ledger n’est toutefois pas à l’abri d’un retournement du marché : en 2019, après l’éclatement d’une bulle du bitcoin – passé en quelques mois de 20.000 dollars à un peu plus de 3.000 dollars –, le chiffre d’affaires de l’entreprise avait été divisé par deux, à 19 millions d’euros.

Mais Pascal Gauthier ne croit pas à un nouveau retournement d’ampleur du marché des cryptoactifs.

"Je pense que les marchés vont monter pendant 20 ans", prédit-il.

AFP/Laurent BARTHELEMY

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