Alors que l’Égypte fait face à une crise économique dévastatrice, qui a fait plonger la monnaie de 50% et engendré une inflation de 15% ces derniers mois, le FMI a accordé trois milliards de prêts au pays. Fortement dépendante du cours des céréales et des flux touristiques venant des pays de l’Est, l’Égypte a été touchée de plein fouet par la guerre en Ukraine. 

Le président Sissi doit faire face à une situation économique catastrophique, et une potentielle bulle immobilière générée par les " méga-projets " dont il est l’investigateur. (AFP)

 

 

Le Fonds monétaire international (FMI) a accordé trois milliards de dollars de prêt à l’Égypte, a annoncé le gouvernement jeudi alors que la livre était dévaluée de 17%, comme le réclamait l’institution internationale pour accorder cette rallonge au pays, où l’inflation est galopante.

L’Égypte fait partie, selon l’agence de notation Moody’s, des cinq pays du monde les plus à risque de ne pas pouvoir rembourser leur dette extérieure, actuellement de plus de 150 milliards d’euros.

En août, Goldman Sachs estimait qu’il faudrait 14,9 milliards d’euros à l’Égypte pour qu’elle puisse rembourser ses dettes.

Outre les trois milliards de dollars (2,99 milliards d’euros) du FMI, l’Égypte a également obtenu un milliard d’euros d’aide d’un fonds dédié par le FMI aux pays en développement, a indiqué le Premier ministre Mostafa al-Madbouly, ainsi que cinq milliards de dollars " d’organisations internationales et régionales ", qui n’ont pas été identifiées.

" Ce programme va courir sur quatre ans " et " il sera soumis à l’accord du conseil d’administration du FMI en décembre pour être approuvé ", a précisé M. Madbouly.

Le FMI a de son côté confirmé " un accord au niveau des acteurs pour des réformes et des politiques économiques globales soutenues par un prêt de trois milliards de dollars sur 46 mois ", à l’issue de négociations à Washington et au Caire.

Ces derniers mois, plusieurs monarchies pétrolières du Golfe avaient déjà déposé des milliards de dollars dans les banques égyptiennes ou promis des milliards de dollars d’investissement.

L’invasion russe de l’Ukraine a porté plusieurs coups durs à l’Égypte : premier importateur de blé au monde, elle a subi de plein fouet la flambée des prix des céréales et a perdu une bonne part de ses touristes ukrainiens et russes –40% des 8 millions de visiteurs en 2021.

Une économie en pleine convulsion
Les Égyptiens redoutent l’autre grande réforme réclamée par le FMI: la refonte des subventions, qui assurent le panier alimentaire de plus de 70 millions d’entre eux. (AFP)

 

 

Dans la foulée de la guerre déclenchée en février, alors que des investisseurs retiraient des milliards de dollars des banques égyptiennes, Le Caire n’a cessé de dévaluer sa monnaie, plus ou moins graduellement.

Le 21 mars, la livre a perdu en un jour 17% de sa valeur. Avec la nouvelle dévaluation, elle a plongé en sept mois de 47%, passant de 15,6 à 23 livres pour un dollar à la clôture jeudi.

Avec une monnaie locale aussi faible face au dollar, de nombreux importateurs ont cessé de faire venir des biens et les étals des magasins et des centres commerciaux rutilants qui ont fleuri dans les nouveaux faubourgs chics du Caire s’en ressentent.

Certaines franchises internationales ont ainsi proposé tout l’été les collections d’habillement de l’automne-hiver précédent, tandis que de nombreuses pièces électriques ou électroniques ne sont tout simplement plus disponibles dans le pays.

Le plus peuplé des pays arabes avait déjà dévalué sa monnaie de près de 50% en 2016 dans le cadre d’un plan d’austérité décrété en échange d’un prêt de 10,8 milliards d’euros du FMI.

L’inflation a atteint 15,3% en septembre, notamment portée par les prix des denrées alimentaires. Et les Égyptiens redoutent l’autre grande réforme réclamée par le FMI: la refonte des subventions, qui assurent le panier alimentaire de plus de 70 millions d’entre eux.

L’activité du secteur privé non pétrolier ne cesse de se contracter depuis 2017 alors que des économistes mettent en garde contre une bulle immobilière alimentée par des méga-projets voulus par le président Abdel Fattah al-Sissi et menés en grande partie par l’armée, sans transparence financière.

Avec AFP