Selfridges, l’une des chaînes de grands magasins les plus luxueuses et connues au monde, va passer sous pavillon thaïlandais et autrichien, vendue par la richissime famille canadienne Weston pour 4 milliards de livres à Central Group et Signa.

Une source proche du dossier a confirmé que le montant de la transaction, qui n’a pas été divulgué officiellement, se situait autour de 4 milliards de livres (4,7 milliards d’euros).Selfridges compte 25 magasins dans le monde, dont le plus célèbre et vaste se situe sur Oxford Street, plus importante artère commerciale de Londres.

L’opération concerne 18 sites, y compris des magasins à Manchester et Birmingham, ainsi que les enseignes Bijenkorf aux Pays-Bas, et Brown Thomas et Arnotts en Irlande.

La famille Weston, qui avait racheté l’enseigne en 2003 pour 598 millions de livres, conserve ses 7 magasins canadiens Holt Renfrew.

Elle détient par ailleurs une majorité du capital du groupe britannique Associated British Foods, la maison mère des magasins de vêtements à bas prix Primark.

La présidente de Selfridges Group, Alannah Weston, s’est dite " fière de passer le relais à de nouveaux propriétaires qui sont des entreprises familiales avec une vision à long terme ". Elle leur fait confiance pour mener notre " incroyable équipe de plus en plus loin ".

Selfridges, fondée au Royaume-Uni au début du 20e siècle par l’Américain Harry Gordon Selfridge, avait révolutionné l’univers de la distribution, en mettant en scène les produits notamment dans des vitrines sophistiquées, et faisant des grands magasins des lieux de vie attractifs, où l’on trouvait des restaurants, oeuvres d’art et spectacles.

En 2003, l’artiste Spencer Tunick avait exposé sa " sculpture de corps ": des centaines de personnes nues – y compris des employés de Selfridges – debout sur les escalators, et en 2012, la japonaise superstar Yayoi Kusama avait exposé une de ses créations rouge à pois sur la façade.

La même année un mini-étang pour faire de la barque avait été installé sur le toit, qui avait été transformé une autre année en mini-golf.

Harry Gordon Selfridge avait aussi affiché dans ses magasins son soutien aux " suffragettes ", ce mouvement social de défense des droits des femmes du début du 20ème siècle. L’enseigne a aussi appuyé des ONG environnementales comme Project Ocean.

Comme la plupart des commerces britanniques, Selfridges souffrait ces dernières années d’une désaffection de la part de clients de plus en plus séduits par les achats en ligne.

Cette tendance s’est accélérée avec la pandémie de Covid-19, ce qui l’a conduit en juillet dernier à annoncer la suppression de 450 emplois, 14% de ses effectifs.

Selfridges avait récemment lancé un service de location de vêtements ou de prêt-à-porter de seconde main, pour se donner une image plus " environnementale ", et plus récemment des espaces jardineries dans ses magasins.

Son concurrent John Lewis veut également développer le seconde main, sachant que l’image du monde de la mode et du luxe pâtit de plus en plus de son impact très nocif sur l’environnement.

" Ensemble, nous travaillerons avec les plus grands architectes du monde pour réimaginer avec sensibilité les magasins de chaque site, en transformant ces destinations emblématiques en espaces durables, économes en énergie et modernes, tout en restant fidèles à leur patrimoine architectural et culturel ", a déclaré Dieter Berninghaus, président du conseil exécutif de Signa.

" En tant qu’entreprises familiales, Central et Signa s’attacheront à offrir des expériences exceptionnelles et inclusives en magasin et en ligne ", a déclaré Tos Chirathivat, directeur général de Central.

Central appartient à la famille Chirathivat, dont la fortune s’élève à 11,6 milliards de dollars selon Forbes, et comprend de nombreux centres commerciaux, magasins d’électronique et des supérettes dans tout le royaume, et en Asie.

Ces dernières années, le groupe s’est considérablement développé en Europe où il possède déjà en partenariat avec Signa, des magasins de luxe en Italie, en Allemagne, en Suisse et au Danemark.

Fondé en 1999, Signa, dont le siège se trouve à Innsbruck au Tyrol, est principalement présent dans l’immobilier, mais il s’est aussi diversifié plus récemment dans le commerce et les médias. Signa Sports United, coté à la Bourse de New-York, est leader mondial du commerce en ligne de sport.

AFP

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