À partir de ce mois, les Libanais seront confrontés une nouvelle fois à une inflation de leur facture énergétique. Ils devront cumuler la facture de EDL et celle des générateurs de quartiers, alors que les revenus d’une majorité, qui se débat avec toutes sortes de difficultés financières, restent limités.

Le ministre sortant de l’Énergie, Walid Fayad, claironne sans arrêt que les nouveaux tarifs de EDL sont plus avantageux que ceux appliqués par les générateurs de quartiers. Or, ce n’est que la moitié de la vérité. Et, pour cause. Pour s’en sortir indemne avec un printemps et un été qui s’annoncent particulièrement chauds, vu le réchauffement climatique, les Libanais devraient voir leur facture énergétique gonflée. Ils auront à payer le tarif de EDL et celui du générateur de quartier.

"Il est quasiment impossible de débrancher le moteur du quartier. L’alimentation de EDL en courant est erratique. L’électricité fournie par l’État peut disparaître pendant seize ou vingt heures d’affilée. Certains jours, EDL fournit trois quarts d’heure de courant dans la matinée pour ensuite le couper le restant de la journée, avant de l’assurer de nouveau tard dans la nuit, à 2h", souligne Ghada S. à Ici Beyrouth. Elle explique qu’elle devra à partir du mois en cours s’acquitter de deux factures plein tarif. Les propriétaires de générateurs sont indomptables et tablent sur une inconsistance de EDL. La majorité d’entre eux a tout juste baissé de 10 dollars le plein tarif des 5 ampères pour douze heures de courant, facturé à 110$ avant le retour timide de EDL.

Quant à Daniel R., il confie avoir déconnecté son appartement du compteur de EDL et se rabat sur le moteur de quartier dont il ne peut se passer en hiver, et les panneaux solaires qu’il a installés en août dernier. Cela dit, avec ses deux solutions de substitut, Daniel R. sait qu’il ne sort pas gagnant sur tous les fronts. De un, il a déboursé environ cinq mille dollars pour l’installation de l’énergie solaire, dont le retour sur investissement ne se fera que sur les quatre ans à venir. De deux, il devra s’acquitter des charges fixes du compteur de EDL, dont le montant est tributaire de sa puissance.

Un équilibre financier aléatoire

En deux mots comme en mille, les Libanais sont en quête de la facture énergétique mensuelle la moins chère. Un exercice loin d’être une sinécure. Il leur faudra composer avec une facture de EDL indexé sur le taux de change du dollar de Sayrafa plus 20%. Le comble est que ce taux n’est pas fixe, de sorte qu’il fluctue parfois plusieurs fois en un mois. Ce qui aura des incidences directes sur le montant de la facture ainsi que sur l’équilibre financier de EDL. Cet équilibre sera d’autant plus fragile, occasionnant des pertes pour l’établissement public, si la Banque du Liban ne convertit pas les montants en livres libanaises qui lui sont transmis par EDL en dollars, au taux de Sayrafa, à la date de l’émission des factures et non à la date réelle du transfert de l’argent.

Pour ne pas risquer de broyer du noir 24h/24, les Libanais doivent avoir sous la main plusieurs options de secours. Chat échaudé craint l’eau froide. La confiance est perdue dans EDL. Les vingt dernières années d’obscurité en sont la preuve.