La séance du Conseil des ministres, qui se tiendra lundi 27 mars, devrait approuver un ensemble de mesures concernant les salaires des fonctionnaires du secteur public. Cette augmentation de la masse salariale est-elle possible du point de vue des finances publiques du Liban? L’État pourra-t-il trouver les fonds nécessaires pour financer ces augmentations, à l’heure où le Fonds Monétaire International (FMI) en visite de reconnaissance au Liban a expressément demandé aux autorités libanaises de cesser d’emprunter de l’argent à la Banque centrale?      

En grève depuis près d’un an et demi, les fonctionnaires du secteur public réclament une revalorisation de leurs salaires, restés inchangés depuis le début de la crise économico-financière, en 2019. Il convient de noter dans ce contexte que chaque jour de grève coûte environ 400 000 dollars par jour au Liban, selon une étude effectuée par le ministère du Travail.

La séance du Conseil des ministres, prévue lundi prochain, se tiendra pour étudier et approuver les mesures portant sur les salaires du secteur public, préalablement avalisés par les Finances. Ainsi, une allocation dite “de production” sera allouée aux salariés en dollars, selon le taux de change de la plateforme officielle de la BDL, Sayrafa. Les employés de première catégorie obtiendront 300 dollars, ceux de la deuxième catégorie, 250 $, ceux de la troisième 200$, ceux de la quatrième catégorie 150$ et ceux de la cinquième catégorie 100 $. Ils percevront également un salaire supplémentaire conformément au taux de la plateforme Sayrafa pour le mois de mars 2023.

Il convient de rappeler qu’en plus de leurs salaires de base, les fonctionnaires du public perçoivent des revenus complémentaires sous la forme d’indemnités et de prestations diverses. L’indemnité de transport sera désormais équivalente au prix de cinq litres d’essence par jour ouvré pour les fonctionnaires et de deux litres et demi pour les militaires qui ont le grade d’officier.

Pour ce qui est des militaires à la retraite, deux salaires leur seront alloués par mois, à condition que le fonds médical paie les Forces de sécurité intérieure.

À titre indicatif, le salaire de base des fonctionnaires variait entre 380 dollars (85 % du salaire minimum, avant la crise, qui s’élevait à 450 $) pour un fonctionnaire de catégorie 5 au premier échelon, et 3250 dollars pour un directeur de catégorie 1 au dernier échelon.

La question qui se pose est de savoir comment vont être financées ces augmentations? Comment l’Etat pourra assurer les fonds pour payer ces salaires et ces prestations, à l’heure où le Fonds Monétaire International (FMI) en visite de reconnaissance au Liban a expressément demandé au gouvernement d’arrêter d’emprunter de l’argent à la Banque centrale ?

L’évolution à venir du poids budgétaire de cette masse salariale dépendra-t-elle fortement de nouvelles fiscalités ou de mesures budgétaires insolites qui accompagneront l’adoption de ces augmentations salariales?

Interrogé par Ici Beyrouth, le ministre sortant des Finances, Youssef El Khalil, se montre préoccupé même s’il affirme que “plusieurs institutions publiques réouvriront leurs portes, tels que les bureaux du cadastre, l’Autorité de gestion de la circulation et des véhicules (mécanique) etc. ce qui renflouerle Trésor. Nous verrons si le gouvernement approuvera ces augmentations lundi, a-t-il indiqué. “D’ailleurs, le fait d’avoir haussé le taux du dollar douanier à 4000 LL permettra d’augmenter les recettes de l’État”, poursuit-il.

Il est très probable que le taux de change du dollar douanier soit revu à la hausse, selon des informations rapportées par des sources proches du ministère.

Concernant des avances de la Banque du Liban, fortement déconseillées par le FMI, le ministre sortant des Finances a assuré que l’institution refuse de prêter de l’argent.

La mauvaise gestion de la fonction publique a gravement fait basculer le Liban dans le rouge, car ce n’est un secret pour personne que le secteur public est en décrépitude depuis la fin de la guerre civile. De surcroît, les décisions politiques clientélistes et le manque total de vision ont sévèrement aggravé la situation dans ce secteur.