Le syndicat des employés d’Ogero, le fournisseur public de téléphonie fixe et d’Internet au Liban, observera un sit-in pour annoncer des mesures d’escalade, mercredi à 11 heures, au siège social de Bir Hassan. Et pour cause, puisque les fonds pour revaloriser les salaires promis par le gouvernement sont toujours bloqués.

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Ogero, le fournisseur public de téléphonie fixe et d’Internet au Liban, est au centre d’un bras-de-fer engagé entre les ministères des Télécoms et des Finances. Malgré des décisions approuvées en conseil des ministres, les Finances n’ont toujours pas transféré aux Télécoms les fonds nécessaires pour qu’Ogero puisse effectuer la maintenance de son réseau et payer ses employés.

Par conséquent, le syndicat des employés d’Ogero observera un sit-in pour annoncer des mesures d’escalade, mercredi à 11 heures, au siège social de Bir Hassan. Les salariés réclament une revalorisation de leurs salaires et prestations, ainsi qu’une indexation de ceux-ci sur le taux de change du dollar sur le marché parallèle.

Une stratégie d’escalade

La présidente du syndicat des employés d’Ogero, Emilie Nassar, confirme à Ici Beyrouth qu’à ce jour, les employés n’ont encore rien obtenu. "Nous sommes toujours au même point, déplore-t-elle. Nous n’avons perçu aucune augmentation. Au contraire, avec l’inflation, nous perdons tous les jours un peu plus de la valeur de nos salaires. En outre, ce mois-ci, nous allons retirer les émoluments sur la plateforme Sayrafa au taux de 86.300 livres pour un dollar et non plus à celui de 60.000 livres. Nous n’arrêtons pas de perdre. Nous n’avons obtenu que des promesses en l’air. Par conséquent, le syndicat reprend ses grèves avec une nouvelle stratégie basée sur l’escalade."

Mme Nassar a rappelé à cet égard que les employés travaillent dans des conditions "catastrophiques". "Ils sont désormais incapables de se rendre sur leurs lieux de travail, leur consommation en essence étant supérieure à leurs salaires", s’insurge-t-elle. De plus, "au vu de la dévaluation de la livre, les traitements actuels ne représentent plus que 1% de leur ancienne valeur (avant la crise)", ajoute-t-elle, soulignant que le salaire de certains employés ne dépasse pas les 100 dollars.

Elle explique que les décrets relatifs aux augmentations salariales ont été approuvés, mais ne sont toujours pas appliqués. "Les employés continuent de percevoir un salaire qui a été revu à la hausse il y a plus d’un an, lorsque le taux de change du dollar sur le marché parallèle était d’environ 25.000 livres", lance Mme Nassar.

Il convient de rappeler que les employés d’Ogero avaient observé, du 24 mars au 1er avril, une grève qui avait été suspendue après que le ministre sortant des Télécommunications, Johnny Corm, avait promis que le Premier ministre sortant Najib Mikati convoquerait le Conseil des ministres à une réunion consacrée au règlement des problèmes auxquels fait face Ogero et à l’étude des revendications et des réformes réclamées par ses employés. Deux mois plus tard, cette réunion n’a toujours pas eu lieu.

Bras de fer entre les Finances et les Télécoms

Par ailleurs, depuis le début de l’année en cours, le ministère des Finances n’a procédé à aucun transfert de fonds pour le compte d’Ogero afin que celui-ci puisse entretenir son réseau, alors qu’il en a désespérément besoin pour pouvoir assurer la pérennité de ses services. Seul un prêt de 469 milliards de livres, qui n’est pas inclus dans le budget, a été octroyé pour payer les salaires des 2.600 employés de la compagnie, sur une durée de cinq mois, et ce, suite à une grève que ces derniers avaient observée l’année dernière.

Les Télécoms accusent en outre les Finances d’avoir dilapidé 26 millions de dollars "frais" qui leur revenaient et qui étaient destinés à l’entretien des réseaux.

À noter dans ce cadre qu’un arrêt du travail d’Ogero perturbera non seulement ses services, mais aussi ceux des opérateurs de téléphonie mobile (Alfa et Touch), Ogero étant le fournisseur d’Internet dans tout le pays.

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