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À un moment où l’économie libanaise traverse la pire crise de son histoire, le Libanais s’efforce de trouver de nouvelles opportunités lui permettant de gagner de l’argent et, surtout, d’avoir des rentrées en devises. Alors, entre les boyaux et les pattes de poulet, la course aux exportations fait rage et génère des millions au Liban. Mais qui aurait pensé que des millions de dollars seraient générés grâce à des intestins? Des exportations qui peuvent sembler étranges mais qui sont rentables.

La crise a développé une certaine créativité chez les Libanais soucieux de s’assurer des rentrées d’argent en devises, alors que la monnaie nationale a perdu plus de 90% de sa valeur.

Bien que le Liban importe plus de 85% de ses produits de consommation – un chiffre énorme par rapport à ce qu’il s’efforce d’exporter –, la liste des exportations s’est allongée. Elle comprend désormais de nouveaux articles auxquels, il faut l’avouer, pas grand monde aurait pensé.

Un nouveau commerce fait fureur au pays du Cèdre. C’est celui des boyaux qui génère des revenus élevés aux Libanais qui se débattent avec la pire crise que leur pays a jamais connue.

Contacté par Ici Beyrouth, le directeur général du ministère de l’Économie, Mohammad Abou Haidar, explique que de grandes quantités d’intestins de bovins, ou ce qu’on appelle communément des boyaux, sont exportées vers l’Union européenne pour la modique somme de 30 millions d’euros par an.

Il s’agit de la première année pour ce commerce, après que le dossier technique a été complété. "C’est un chiffre d’exportations important et remarquable pour une seule année, surtout que 1.200 familles libanaises vivent de ce commerce", indique-t-il. Et d’ajouter: "Nous devons tout faire pour faciliter les exportations aux industriels libanais et les aider à conserver la qualité parce qu’ils drainent des dollars dans l’économie libanaise qui en a grandement besoin."

Les boyaux provenant du Liban sont ainsi "utilisés en Europe notamment dans la confection de saucisses et la fabrication de fils médicaux", explique M. Abou Haidar.

Pattes de poulets 

Dans le même contexte, il semble que les pattes de poulet libanais connaissent le même succès. Celles-ci font partie des exportations libanaises les plus importantes vers la Chine qui en consomme énormément. Elles entrent dans la confection d’entrées chinoises ou sont servies en apéritif.

C’est, si on peut le dire, une des facettes positives de la crise qui a encouragé les Libanais en quête de devises étrangères à mettre en place de nouveaux produits destinés à être commercialisés à l’étranger.

M. Abou Haidar indique dans ce contexte que ce processus a pu être réalisé grâce au ministère de l’Agriculture et à l’attaché économique de l’ambassade du Liban en Belgique. Les deux, note-t-il, ont fourni et fournissent conjointement des efforts considérables dans le suivi des dossiers de ce type d’exportation, en termes de tests de laboratoires, nécessaires afin de s’assurer que le produit est conforme aux normes européennes requises. Il espère que le miel libanais connaîtra le même succès et sera bientôt exporté vers les pays de l’Union européenne.

Le directeur général du ministère de l’Économie a rappelé à cet égard que les exportations du Liban vers l’Union européenne se sont élevées à environ 600 millions d’euros en 2022, selon les chiffres de la Direction générale de la Commission européenne chargée de l’information statistique à l’échelle communautaire (Eurostat) contre environ 524 millions en 2021, 436 millions en 2019 et 174 millions en 2002, date du début de ces exportations. Un record dans l’histoire des exportations du Liban vers l’UE.