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Le Liban, en crise, continue d’importer pour 19 milliards de dollars par an soit environ 1,6 milliard de dollars par mois. Ce qui équivaut à une demande constante sur les devises fortes, euros et dollars, dans une économie exsangue.

Le ratio importations/PIB du Liban a atteint 90,7% en 2022 – en évaluant le PIB à 21,5 milliards de dollars -, après avoir atteint un minimum de 33,2% en 2020. Des ratios qui indiquent une tendance croissante à la dépendance à l’égard des importations.

Cela dit, quel que soit le moyen utilisé par les importateurs pour payer leurs fournisseurs à l’étranger – banques, sociétés de transfert de fonds, changeurs, ou moyen informel -, ils puisent les devises fortes, euros et dollars, sur le marché local, maintenant une pression permanente sur la livre. Il s’agit du seul choix pour la majorité des importateurs, sauf pour une poignée d’entre eux qui ont ouvert des comptes à l’étranger, mais qui ne sont pas toujours chauds pour s’en servir.

Moins de crédits documentaires

La pression sur le marché de change est d’autant plus forte que les fournisseurs étrangers exigent des importateurs libanais des paiements en amont pour livrer la marchandise, depuis le déclenchement de la crise et les difficultés qu’ont les banques à ouvrir des lettres de crédit et des documentaires.

D’après les chiffres de la Banque du Liban (BDL), les lignes de crédits ouvertes en 2023, pour le financement des importations, ont enregistré une baisse en glissement annuel de 15,9%, totalisant 69 millions de dollars contre 82 millions de dollars sur la même période un an auparavant,      

Les produits de luxe

Malgré une consommation privée supposée être plus faible et des réserves de devises étrangères limitées, les importations de voitures et de bijoux ont augmenté de manière significative en 2022. Leur volume a dépassé celui des médicaments et des préparations pour nourrissons. Et, c’est là que le bât blesse dans la mesure où le phénomène est incompréhensible du fait que plus de 80% de la population libanaise vit en dessous du seuil de pauvreté.

Mais au moins, si les importations de produits alimentaires ont augmenté de 22 % en 2022, elles sont restées inférieures aux niveaux d’avant la crise, reflétant l’évolution des modes de consommation et le passage à des produits moins chers.

À l’instar de l’Égypte

Le Liban a tout intérêt, dans cette conjoncture difficile qu’il traverse, à suivre l’exemple de l’Égypte, qui a interdit l’importation d’une dizaine de produits de luxe entre le 5 juillet et le 5 octobre 2023, afin de réduire la sortie de devises fortes du pays, l’Égypte étant confrontée à une crise économique multifacette. C’est le moment ou jamais pour le Liban de franchir ce pas et de tenter de rééquilibrer une balance commerciale historiquement déficitaire, d’autant que ses exportations vers l’Union européenne ont enregistré une hausse de 76% sur les quatre premiers mois de 2023 en glissement annuel, atteignant 332 millions d’euros contre 183 millions d’euros pour la même période un an auparavant.

 

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