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Une réunion ministérielle consacrée à l’électricité s’est tenue lundi après-midi au Sérail, sous la présidence du Premier ministre sortant, Najib Mikati, mais les discussions relatives au problème du fuel importé ont été reportées à lundi prochain.  

La guerre entre le ministère de l’Énergie, le gouvernement, le ministère des Finances et la Banque du Liban (BDL), autour du financement d’une cargaison de fuel commandée par l’Énergie, est loin d’être terminée.

Une réunion ministérielle consacrée à l’électricité s’est tenue lundi après-midi au Sérail, sous la présidence du Premier ministre sortant, Nagjib Mikati, mais les discussions relatives au problème du fuel importé ont été reportées à lundi prochain.

Pour tirer cette affaire au clair, la commission a accordé à Électricité du Liban (EDL) un délai d’une semaine pour "fournir des précisions sur les quantités de fuel disponibles ainsi que sur les fonds dont il dispose pour l’ouverture d’une ligne de crédit auprès de la Banque du Liban, réclamée (avec insistance) par le ministère de l’Énergie".

C’est à la lumière de ces données que le contentieux autour de la cargaison de fuel sera examiné et que des décisions seront prises, selon un communiqué du Sérail.

Le texte précise que "cela ne veut en aucune façon dire que l’ouverture d’une ligne de crédit pour financer l’achat du fuel a été approuvée". Il insiste sur le fait que "le ministère (de l’Énergie) ne s’est pas conformé à la décision de la commission qui lui impose de lui présenter une demande préalable pour l’achat de fuel et d’obtenir son feu vert à cet effet".

Sur base de cette précision, la commission a indirectement déchargé le gouvernement de toute responsabilité dans cette affaire et jeté la balle dans le camp du ministère de l’Énergie. "Le ministre, indique le communiqué, dispose de la liberté de traiter avec le cargo, conformément à ce qu’il juge approprié et pour éviter tout préjudice dont l’État pourrait être tenu responsable."

Une décision qui n’est évidemment pas du goût du ministère de l’Énergie, qui continue de clamer haut et fort avoir agi dans les règles de l’art. "Il ne reste du fuel que pour une quinzaine de jours. Nous étions obligés d’en commander à nouveau pour assurer l’alimentation en électricité de l’aéroport, du port, des hôpitaux, etc.", indiquent des sources proches de ce département à Ici Beyrouth.

Selon ces sources, même si le fuel irakien arrive au Liban, les quantités disponibles ne suffiront pas. En outre, à les croire, certains retards peuvent survenir au niveau des procédures, ce qui entraînerait une alimentation a minima. "Sans les navires de fuel supplémentaires, il sera impossible de fournir dix à douze heures d’électricité par jour, comme prévu dans le plan", s’insurge-t-on au ministère, soulignant que dans le cadre du plan d’urgence pour le secteur de l’électricité, EDL doit disposer d’un stock de carburant.

À cet égard, il serait utile de rappeler que le fuel irakien ne peut pas être utilisé tel quel dans les centrales électriques libanaises et doit être échangé (SWAP) à travers un appel d’offres. Beyrouth achète donc un autre type de carburant compatible auprès d’autres fournisseurs, qui obtiennent en échange le fuel irakien. Au cours de cet échange, le produit perd en quantité.

Le ministère réitère que l’appel d’offres et ses résultats sont conformes aux décisions de la commission ad hoc. Il accuse le gouvernement de "soutenir le secteur des générateurs privés et d’entraver le bon fonctionnement du secteur de l’électricité".

Pas de vice de procédure, mais pas d’argent

Cependant, le problème n’est pas au niveau de la procédure, mais au niveau des fonds disponibles. Le directeur des adjudications, Jean Ellieh, qui a toujours dénoncé les infractions commises par les ministres de l’Énergie successifs quant aux appels d’offres relatifs au secteur de l’électricité, confirme à Ici Beyrouth, qu’il n’y a pas eu de vice de procédure, cette fois. Il stigmatise néanmoins le fait que le ministère a passé une commande de carburant alors qu’il savait pertinemment que l’État n’était pas en mesure d’honorer les paiements.

Le premier vice-gouverneur de la banque centrale, Wassim Mansouri, avait annoncé que la BDL n’allait plus avancer de fonds au gouvernement sans l’adoption d’une loi mentionnant les modalités de remboursement des montants octroyés à l’État. Najib Mikati avait lui aussi déclaré qu’il n’autoriserait l’ouverture d’aucune nouvelle ligne de crédit pour financer du carburant pour EDL.

Néanmoins, selon les sources au ministère de l’Énergie, les fonds pour payer la cargaison de fuel sont "disponibles et sont compris dans les 300 millions de dollars alloués par une décision gouvernementale, publiée dans le Journal officiel en janvier dernier". Le ministère souligne que "193 millions de dollars ont été utilisés jusqu’à présent et qu’il reste 107 millions".

"La dernière lettre de crédit est de 58 millions de dollars pour le navire pétrolier et non de 80 millions. Elle a été approuvée par le ministre des Finances, et la banque centrale est tenue de la mettre en œuvre", précise-t-on de mêmes sources.

Des sources au ministère des Finances indiquent à ici Beyrouth qu’une demande d’ouverture d’une ligne de crédit documentaire d’un montant de 58.877.946 de dollars en faveur de Coral Energy DMCC a bien été envoyée en début de semaine, avant de stigmatiser le fait de passer des commandes de fuel sans disposer de fonds.

Des retards qui coûtent

Il convient de souligner que le pétrolier Ardmore est arrivé au large des côtes libanaises. La cargaison du navire a été mandatée par la société de contrôle pour s’assurer de la conformité de son cahier des charges le 11 août et un permis de déchargement a été délivré. Il est donc prêt à lancer le processus de livraison dès que la BDL ouvrira la ligne de crédit. Dans le cas contraire, le Liban devra payer une amende pour chaque jour de retard.

Rappelons qu’en décembre dernier, des navires chargés de carburant sont restés en attente au large des côtes libanaises pendant plusieurs semaines en raison du même problème de paiement. Cette situation avait engendré des coûts considérables pour l’État libanais, s’élevant à 18.000 dollars par jour et par navire à titre d’indemnités de retard. . Ainsi, nous sommes confrontés une fois de plus à la même problématique, où l’État dépense encore de l’argent qu’il ne possède pas, sans aucun bénéfice en retour.

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