Depuis que le mandat de l'ancien président Michel Aoun a pris fin, le 31 octobre dernier, la vacance à la tête de l'État ne cesse de se prolonger et plonge, jour après jour, le pays dans une incertitude croissante qui pourrait mener à un effondrement économique encore plus sévère.
Sans président depuis le 31 octobre 2022, le Liban ne fait que s’enfoncer dans la crise économique et financière qui l’a frappé de plein fouet fin 2019. Le pays est toujours dirigé par un gouvernement démissionnaire aux compétences réduites, le pouvoir judiciaire vacille et le secteur public est en pleine déliquescence. Les investissements sont pratiquement à l’arrêt et les réformes vitales et indispensables sont reportées sine die pour mille et une raisons.
La paralysie découlant de la vacance à la tête de l’État et des divisions et querelles politiques qui empêchent l’élection d’un successeur à Michel Aoun accentue les difficultés héritées du mandat de ce dernier. La gestion des affaires publiques est devenue une lutte au quotidien, à l’issue toujours incertaine, surtout que les autorités restent réfractaires à la réalisation de réformes structurelles, incontournables si le pays doit un jour remonter la pente.
D’ici là, les problèmes et les difficultés ne cessent de s’accumuler, dans tous les secteurs. Et cela a un prix, qu’il est certes difficile de mesurer par un chiffre, mais qu’on peut aisément disséquer et évaluer.
Il est d’autant plus difficile de chiffrer précisément le coût économique de la vacance présidentielle que celle-ci intervient en plein milieu d’une crise économique, financière et monétaire, et après la pandémie du Covid et la terrible explosion du port de Beyrouth, souligne l’économiste Fouad Zmokhol.
Un PIB en baisse de 60%
«Lorsqu’on parle de coût économique, le principal indicateur est le PIB. Le PIB du Liban avant la crise de 2019 oscillait dans une fourchette allant de 50 à 53 milliards de dollars. Aujourd’hui, il est de 20 milliards de dollars, soit en baisse d’environ 60%», explique-t-il.
Pour Fouad Zmokhol, il est évident que la vacance présidentielle est venue accentuer les effets d’une crise qui, à la base, n’a pas su être gérée par le pouvoir en place, sous Michel Aoun. «Cette vacance a un énorme impact sur la confiance dans le pays, ce qui, avec l’absence de réformes, barre la voie aux projets d’investissements d’envergure», note l’économiste.
Les investisseurs étrangers tournent le dos au Liban, ce qui entraîne des pertes considérables pour le pays. «Il est vrai que des investissements sont opérés dans le secteur touristique, mais ceux-là ne peuvent absolument pas faire tourner l’économie, seuls», poursuit-il.
Des pertes colossales entre 2011 et 2018
Le chef du département des études économiques et financières à la Byblos Bank, Nassib Ghobril, souligne à son tour les opportunités perdues par le Liban à cause de la paralysie institutionnelle, «ce qui coûte très cher à l’économie». «Et ce n’est pas la première fois!» s’insurge-t-il
Il stigmatise le fait que, depuis mars 2013, après la démission du gouvernement de Najib Mikati (à cause de divergences parmi ses composantes au sujet de la préparation des législatives prévues trois mois plus tard) jusqu’au mois de septembre 2021, date de formation du gouvernement actuel, soit sur une durée de huit ans et demi, les gouvernements successifs n’ont pu travailler «de façon normale que durant deux ans et huit mois seulement». Soit moins du tiers de la période susmentionnée. «Tout cela à cause d’une paralysie constitutionnelle récurrente», déplore-t-il. «Entre le non-respect des délais constitutionnels, la dégradation de la notation du Liban et l’absence de réformes, le pays a perdu des opportunités énormes. Tout cela devient excessivement onéreux pour l’économie, aujourd’hui à plat», précise M. Ghobril.
Rien que de 2011 à 2018, le coût économique des différents blocages politiques a été estimé à 22 milliards de dollars. «Etant donné que le pays est actuellement en crise, les coûts sont donc nettement plus élevés», commente-t-il. «Même si le Liban connaît une croissance économique cette année, celle-ci ne sera pas significative puisque l’économie est en contraction depuis 2018», relève-t-il.
L’économiste fait observer que le PIB du pays «aurait dû grimper à 75 milliards de dollars dans une situation normale, au lieu de chuter à 20 milliards» de dollars.
Rappelons qu’il a fallu plus de deux ans et 46 sessions électorales pour l'élection, en 2016, de Michel Aoun à la présidence de la République. Son mandat a été marqué par un effondrement économique sans précédent.
La donne n'est pas nouvelle: depuis son indépendance, le Liban a connu treize chefs d'État, dont quatre se sont fait plus ou moins attendre.
Sans président depuis le 31 octobre 2022, le Liban ne fait que s’enfoncer dans la crise économique et financière qui l’a frappé de plein fouet fin 2019. Le pays est toujours dirigé par un gouvernement démissionnaire aux compétences réduites, le pouvoir judiciaire vacille et le secteur public est en pleine déliquescence. Les investissements sont pratiquement à l’arrêt et les réformes vitales et indispensables sont reportées sine die pour mille et une raisons.
La paralysie découlant de la vacance à la tête de l’État et des divisions et querelles politiques qui empêchent l’élection d’un successeur à Michel Aoun accentue les difficultés héritées du mandat de ce dernier. La gestion des affaires publiques est devenue une lutte au quotidien, à l’issue toujours incertaine, surtout que les autorités restent réfractaires à la réalisation de réformes structurelles, incontournables si le pays doit un jour remonter la pente.
D’ici là, les problèmes et les difficultés ne cessent de s’accumuler, dans tous les secteurs. Et cela a un prix, qu’il est certes difficile de mesurer par un chiffre, mais qu’on peut aisément disséquer et évaluer.
Il est d’autant plus difficile de chiffrer précisément le coût économique de la vacance présidentielle que celle-ci intervient en plein milieu d’une crise économique, financière et monétaire, et après la pandémie du Covid et la terrible explosion du port de Beyrouth, souligne l’économiste Fouad Zmokhol.
Un PIB en baisse de 60%
«Lorsqu’on parle de coût économique, le principal indicateur est le PIB. Le PIB du Liban avant la crise de 2019 oscillait dans une fourchette allant de 50 à 53 milliards de dollars. Aujourd’hui, il est de 20 milliards de dollars, soit en baisse d’environ 60%», explique-t-il.
Pour Fouad Zmokhol, il est évident que la vacance présidentielle est venue accentuer les effets d’une crise qui, à la base, n’a pas su être gérée par le pouvoir en place, sous Michel Aoun. «Cette vacance a un énorme impact sur la confiance dans le pays, ce qui, avec l’absence de réformes, barre la voie aux projets d’investissements d’envergure», note l’économiste.
Les investisseurs étrangers tournent le dos au Liban, ce qui entraîne des pertes considérables pour le pays. «Il est vrai que des investissements sont opérés dans le secteur touristique, mais ceux-là ne peuvent absolument pas faire tourner l’économie, seuls», poursuit-il.
Des pertes colossales entre 2011 et 2018
Le chef du département des études économiques et financières à la Byblos Bank, Nassib Ghobril, souligne à son tour les opportunités perdues par le Liban à cause de la paralysie institutionnelle, «ce qui coûte très cher à l’économie». «Et ce n’est pas la première fois!» s’insurge-t-il
Il stigmatise le fait que, depuis mars 2013, après la démission du gouvernement de Najib Mikati (à cause de divergences parmi ses composantes au sujet de la préparation des législatives prévues trois mois plus tard) jusqu’au mois de septembre 2021, date de formation du gouvernement actuel, soit sur une durée de huit ans et demi, les gouvernements successifs n’ont pu travailler «de façon normale que durant deux ans et huit mois seulement». Soit moins du tiers de la période susmentionnée. «Tout cela à cause d’une paralysie constitutionnelle récurrente», déplore-t-il. «Entre le non-respect des délais constitutionnels, la dégradation de la notation du Liban et l’absence de réformes, le pays a perdu des opportunités énormes. Tout cela devient excessivement onéreux pour l’économie, aujourd’hui à plat», précise M. Ghobril.
Rien que de 2011 à 2018, le coût économique des différents blocages politiques a été estimé à 22 milliards de dollars. «Etant donné que le pays est actuellement en crise, les coûts sont donc nettement plus élevés», commente-t-il. «Même si le Liban connaît une croissance économique cette année, celle-ci ne sera pas significative puisque l’économie est en contraction depuis 2018», relève-t-il.
L’économiste fait observer que le PIB du pays «aurait dû grimper à 75 milliards de dollars dans une situation normale, au lieu de chuter à 20 milliards» de dollars.
Rappelons qu’il a fallu plus de deux ans et 46 sessions électorales pour l'élection, en 2016, de Michel Aoun à la présidence de la République. Son mandat a été marqué par un effondrement économique sans précédent.
La donne n'est pas nouvelle: depuis son indépendance, le Liban a connu treize chefs d'État, dont quatre se sont fait plus ou moins attendre.
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