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Le Conseil des ministres a examiné jeudi dernier, lors de sa réunion présidée par le Premier ministre sortant, Najib Mikati, la question de l’attribution de la gestion du secteur postal à la société française de transport maritime CMA CGM, qui avait initialement remporté l’appel d’offres. Cependant, cette décision a été contestée par la Cour des comptes. Malgré les discussions, aucun consensus n’a été atteint et le dossier a été reporté jusqu’à la prochaine réunion du Cabinet.

Le dossier du secteur postal et de son attribution au géant français du transport maritime CMA CGM, via le groupe constitué par la société Merit et Colis privé France, a été longuement discuté en Conseil des ministres, jeudi dernier. Cette discussion a été initiée à la suite d’une requête du ministre sortant des Télécommunications, Johnny Corm, en raison du rejet des résultats de l’appel d’offres par la Cour des comptes.

Contacté par Ici Beyrouth, M. Corm a indiqué que les discussions étaient fructueuses et constructives, mais pas concluantes, en raison des contraintes de temps et du grand nombre de sujets à l’ordre du jour du Cabinet. "Aucune décision n’a donc été prise. Les discussions se poursuivront lors de la prochaine réunion du Conseil des ministres la semaine prochaine", a-t-il ajouté.

Le président de l’Autorité des marchés publics, Jean Ellieh, y sera convié afin d’expliquer les raisons derrière le rejet de l’attribution du contrat de gestion de la poste à CMA CGM. "Je défendrai mon point de vue et les ministres présents trancheront", a réaffirmé M. Corm, avant de préciser que son "objectif était de résoudre les problèmes liés à ce secteur". "De deux choses l’une, soit l’entreprise gagnante prend en charge le secteur postal, soit le contrat de LibanPost est une fois de plus renouvelé, ce qui constituerait un très mauvais choix. Par ailleurs, confier la gestion du secteur au ministère des Télécoms, comme cela est envisagé, est tout simplement irréaliste étant donné que nous ne possédons ni l’expérience ni les moyens nécessaires pour le faire", a-t-il poursuivi.

Il convient de rappeler que le nouvel appel d’offres permettrait à l’État de percevoir 5 millions de dollars par an, tandis qu’actuellement, il ne récolte que 40.000 dollars.

CMA CGM avait remporté en juillet dernier, via le groupe constitué par la société Merit et Colis Privé France, l’appel d’offres lancé par le ministère des Télécoms pour succéder à LibanPost et prendre ainsi en charge la gestion du service postal au Liban.

Or, la Cour des comptes a rejeté l’attribution du contrat de gestion de la poste au Liban à la société française, même après la demande de révision de M. Corm. La Cour a invoqué des infractions liées aux principes de transparence, d’objectivité, de concurrence et de recherche du meilleur prix. Elle a en outre déploré une offre "taillée sur mesure et peu transparante, ce qui contrevient aux critères et aux principes définis pour soumissionner les recettes publiques". Elle a par ailleurs mis en avant le manque d’expérience du soumissionnaire.

Merit-Colis Privé est la seule entreprise à avoir présenté en juillet dernier une offre pour la gestion du marché postal au Liban. Elle devait ainsi succéder à la société LibanPost. Elle était destinée à succéder à la société LibanPost, qui gérait les services postaux au Liban depuis 1998. Le contrat de LibanPost, qui était renouvelé tacitement depuis 2019, a pris fin le 31 mai dernier. Néanmoins, LibanPost continue de fournir les services postaux en vertu du principe de nécessité pour assurer la pérennité du marché public.

Merit-Colis Privé France avait également remporté l’appel d’offres lancé par le ministère des Télécoms le 30 mars dernier pour succéder à LibanPost. Toutefois, en raison de vices de forme dans le cahier des charges, le ministre des Télécoms avait annulé l’adjudication afin de corriger le document et relancer la procédure le 7 juin dernier.