Écoutez l’article

Les dés sont jetés pour les assureurs libanais. La flotte de la MEA est couverte par des polices d’assurance annuelles de risques de guerre, souscrites auprès d’assureurs étrangers.

La réunion, à laquelle le ministre sortant de l’Économie, Amine Salam, a convoqué, lundi dernier, les assureurs libanais, pour discuter de l’affaire de l’assurance de la flotte de la MEA, la compagnie aérienne nationale, n’a abouti à strictement rien. L’absence de résultats était prévisible.

Au moins depuis la désignation de Mohammed El-Hout à la tête de la MEA, il y a plus de vingt ans, la flotte de la compagnie est couverte par des polices d’assurance annuelles des risques de guerre souscrites auprès d’assureurs anglais. Relancé à plusieurs reprises par l’association des compagnies d’assurance au Liban (Acal), le PDG de la MEA n’a jamais changé de position, affirme-t-on de sources dignes de foi.

La MEA réduit son activité   

Selon un assureur libanais interrogé par Ici Beyrouth, la loi autorise la MEA à contracter une assurance coque d’aéronef – connue plus communément sous le nom anglais "Hull Insurance" – auprès de l’assureur de son choix compte tenu de son statut juridique. La MEA est une société privée détenue à 99% par la Banque du Liban (BDL). Elle est régie par le Code de commerce et le Code des obligations et des contrats.

Dans ce contexte, selon une autre source proche de l’Acal, si les assureurs libanais avaient été sollicités par la MEA, ils auraient probablement décroché de meilleures conditions de contrats d’assurance de risques de guerre. Dans les faits, les assureurs étrangers de la MEA ont revu à la baisse la couverture assurance de sa flotte, pourtant annuelle, de 80%, à la suite des tensions de plus en plus fortes, au sud du Liban et l’aggravation des risques de guerre.

La MEA a ainsi dû évacuer une grande partie de sa flotte vers d’autres aéroports de la région, réduire son activité de 80% et reprogrammer ses vols.

Un pool d’assureurs libanais

Cela dit, vu le montant des capitaux propres de chaque assureur libanais et la taille de la flotte de la MEA, les compagnies d’assurance au Liban doivent constituer un pool entre elles, pour être en mesure d’émettre une police d’assurance coque d’aéronef pour le compte de cette dernière. Cette démarche n’est pas impossible à réaliser. Une police d’assurance de la MEA contractée auprès d’assureurs libanais aurait permis au moins de dynamiser l’industrie de l’assurance dans le pays.

Air France est encore là  

Alors que la demande en partance du Liban s’intensifie, la MEA laisse tomber les Libanais. Paradoxalement, Air France maintient ses vols sur Beyrouth comme avant le déclenchement de la guerre à Gaza. Coup de chapeau à cette compagnie aérienne qui a pourtant vu ses consœurs occidentales comme Lufthansa et British Airways cesser de desservir l’aéroport international de Beyrouth peu de temps après l’aggravation de la situation à la frontière sud du Liban.