Le président des organismes économiques, l’ancien ministre Mohammad Choucair, a tiré la sonnette d’alarme, mercredi, en mettant l’accent sur la "détérioration dramatique de la situation économique au Liban, depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël et de l’exacerbation des tensions dans le Sud".

Selon ses explications, ce sont tous les secteurs de l’économie nationale qui sont affectés par l’ambiance de guerre qui prévaut dans le pays, ce qui laisse présager leur "effondrement, après quatre ans de crise économico-financière". "Ce que la crise n’a pas pu faire en quatre ans se produit désormais de manière constante, mettant en péril le secteur privé libanais et précipitant l’économie nationale ainsi que le pays au bord de l’effondrement."

"Les bénéfices réalisés par les secteurs économiques au cours de la saison estivale sont actuellement en train de s’épuiser", a-t-il prévenu.

M. Choucair a fondé ses propos sur des données, des chiffres et des statistiques recueillis auprès d’acteurs impliqués dans divers secteurs économiques. Le constat est le suivant:

Au niveau du secteur commercial, la demande de produits alimentaires et de produits de première nécessité demeure la même, augmentant occasionnellement en raison de la tendance des consommateurs à s’approvisionner. En revanche, les biens et produits de luxe ont enregistré une diminution cumulée de 50 à 70%.

Le secteur de la restauration a subi une contraction significative, le volume d’activité des restaurants ayant diminué de 80 et 90% et chuté de 90% dans le domaine de la vie nocturne.

La situation est similaire dans le secteur de l’hôtellerie, avec un taux d’occupation estimé entre 5 et 10% au maximum, certains hôtels se retrouvant même complètement vides.

Le secteur de la location de voitures a enregistré une chute de plus de 90%.

Le secteur des événements et des conférences a été sévèrement touché, avec la plupart des réservations, activités et conférences annulées.

Le secteur industriel a été affecté par l’état d’anxiété et d’anticipation qui prévaut au Liban et dans les pays de la région. Les nouvelles commandes en provenance de l’étranger sont particulièrement touchées. Dans l’ensemble, l’activité du secteur industriel a enregistré une baisse d’environ 30 à 35% depuis le début des opérations militaires.

Le secteur du transport maritime à travers le port de Beyrouth a enregistré une baisse des importations de nouveaux biens (non pétroliers) de la catégorie des biens non essentiels et la suspension de certains contrats d’exportation.

Le secteur des assurances s’est également rétracté, en particulier pour les polices d’assurance concernant les marchandises (importation et exportation). De plus, les clients ont arrêté de verser des acomptes aux entreprises en raison de la tendance des individus à conserver de l’argent liquide.

Les arrivées à l’aéroport de Beyrouth ont diminué de 33% au cours des dix derniers jours, tandis que le trafic des départs a augmenté de 28%. Même si le trafic aérien global est demeuré relativement constant, il est essentiel de souligner que cette diminution des arrivées est particulièrement préoccupante pour le Liban et son économie, étant donné que c’est ce flux qui a le plus d’impact sur l’activité du pays.

M. Choucair a conclu en exhortant l’État et les forces politiques concernées à prendre les mesures nécessaires  "pour empêcher toute détérioration supplémentaire de la situation".