Écoutez l’article

TotalEnergies a officiellement abandonné le forage du bloc 4 situé au nord de la capitale libanaise. Cette décision fait suite à l’arrêt des opérations de forage d’exploration dans le bloc 9 et à la soumission de deux offres de prospection pour les blocs 8 et 10, quelques semaines auparavant.

Cinq ans après avoir remporté l’appel d’offres pour explorer et exploiter d’éventuelles réserves d’hydrocarbures dans le bloc 4 de la zone économique exclusive libanaise (ZEE), le consortium dirigé par TotalEnergies (TotalEnergies, ENI, Novatek remplacé depuis par Qatar Energies) a décidé de se retirer et de ne pas poursuivre ses opérations. Des sources internes à TotalEnergies affirment à Ici Beyrouth que le consortium avait jusqu’au 22 octobre à minuit, conformément au contrat signé, pour confirmer s’il conservait ou non la licence du bloc 4. Les sources affirment que le consortium a décidé de ne pas poursuivre les travaux, ayant atteint la couche géologique recherchée et ne souhaitant pas creuser plus profondément. "[Cette décision] fait partie de la stratégie de la société", soulignent les mêmes sources. Par ailleurs, l’offre soumise en réponse à l’appel d’offres lancé par l’Autorité libanaise de gestion du secteur pétrolier (Lebanese Petroleum Administration ou LPA) pour l’exploration et l’exploitation des blocs 8 et 10 de la ZEE est pour l’instant maintenue.

Par ailleurs, l’exploration et l’exploitation dans ce bloc reviennent désormais à l’État libanais, qui prévoit de relancer un nouvel appel d’offres à cet effet, a assuré une source de l’Autorité de gestion du secteur pétrolier à Ici Beyrouth. Cependant, aucune date précise n’a été fixée en raison de la situation instable dans la région. Selon cette même source, l’Autorité est optimiste quant au potentiel du bloc 4 et envisage d’explorer d’autres zones en effectuant des forages supplémentaires. L’objectif est d’analyser les couches géologiques du bloc 4 et de les comparer à celles découvertes au large d’Israël.

Rien de surprenant

"Ce n’est pas une surprise, étant donné l’absence de tout plan de travail dans le bloc de la part du consortium. Il est donc légitime pour eux de se retirer, tout comme il est du droit du Liban de récupérer le contrôle de ce bloc", explique Laury Haytayan, experte du pétrole et du gaz au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, à Ici Beyrouth.

"Le consortium a effectué le premier forage en 2020 et le rapport évoquait des signes et des résultats encourageants pour d’autres prospections. Cependant, depuis 2020, aucun projet concret n’a été mis en place pour le bloc 4. De plus, après la conclusion de l’accord sur les frontières maritimes avec Israël, l’attention s’est entièrement tournée vers le bloc 9", rappelle-t-elle, avant d’affirmer qu’il faut attendre la décision du consortium concernant le bloc 9 et la décision du gouvernement quant à l’adjudication de l’offre pour les blocs 8 et 10.

En revanche, l’experte estime qu’aujourd’hui, le Liban fait face à un problème plus complexe, à savoir la présence de la société italienne ENI (faisant partie du consortium) en Israël, puisque cette société a obtenu le droit de forage d’un bloc au sud de ce pays. "Est-ce que cela affectera la présence d’ENI au Liban de manière négative? Comment le gouvernement libanais réagira-t-il, en particulier dans le contexte actuel?", se demande-t-elle.

Premier bloc prospecté

Le bloc 4 est le premier des 10 blocs des eaux libanaises à avoir fait l’objet d’un forage d’exploration. Il est important de noter que le consortium dirigé par TotalEnergies a remporté l’appel d’offres lancé par les autorités libanaises en 2018 pour l’exploration et l’exploitation des ressources en hydrocarbures des blocs 4 et 9 de la ZEE libanaise. En 2020, un premier puits a été foré dans le bloc 4, révélant la présence de gaz, mais en quantités insuffisantes pour être rentables commercialement. Cette décision avait suscité des contestations de la part des autorités libanaises, qui avaient évoqué des conspirations.

Ce puits, d’une profondeur de 4.076 mètres, avait été creusé en avril 2020 à partir de la plate-forme de forage Tungsten Explorer affrétée par le consortium. Situé à environ 30 kilomètres au large de Beyrouth et dans une profondeur d’eau d’environ 1.500 mètres, il avait révélé des traces de gaz. Cependant, le forage n’a pas réussi à localiser le réservoir, qui était l’objectif principal de cette exploration.

Le retrait du consortium du bloc 4 survient deux semaines après la conclusion du forage d’exploration dans le bloc 9 de la ZEE, lancé le 24 août dernier. Ce forage a pris fin sans révéler de traces de réserves de gaz naturel, après avoir atteint une profondeur de 3.905 mètres. Le consortium a désormais jusqu’à mai 2025 pour décider de poursuivre ou d’abandonner l’exploration dans le bloc 9.