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Le secteur de l’immobilier au Liban sombre dans un immobilisme paralysant. C’est tout dire sur l’ensemble de l’économie du pays. L’adage bien connu "Quand le bâtiment va, tout va" n’a jamais été aussi percutant que dans la conjoncture économique en déliquescence qui prévaut au Liban.

"Le secteur de l’immobilier est passé de Charybde en Scylla au lendemain de l’éclatement de la guerre entre Israël et le Hamas et la détérioration de l’état de la sécurité à la frontière sud du Liban, le 7 octobre dernier". Voilà ce qu’affirme sans ambages Massaad Fares, président honoraire du syndicat des agents immobiliers au Liban (R.E.A.L.), contacté par Ici Beyrouth.

Le secteur de l’immobilier avait repris occasionnellement en 2020-2021 quelques couleurs lorsque les propriétaires hypothécaires s’étaient dépêchés de rembourser leurs prêts immobiliers à un taux de change officiel avantageux, soit à l’époque 1.507,5 livres pour un dollar. Celui qui était pressé de vendre, a vendu, et celui qui était pressé d’acheter a acheté.

Le benchmark

"Aujourd’hui, le marché de l’immobilier n’existe pratiquement pas, simplement en raison de l’absence de la demande et de l’offre", martèle Massaad Fares, mettant l’accent sur le fait que "les demandes d’achat d’appartements pour installer un fils ou une fille qui projette de se marier ne constituent pas un marché". En réponse à une question, il explique que "le benchmark pour évaluer le prix de vente d’un appartement est pour le moment de 60% de son prix d’avant 2019".

Pas de courage, pas d’investissement

La promotion immobilière et ses filières industrielles de matériaux et de services sont en panne d’investissement. C’est que l’avenir économique et financier du pays reste pour le moment en pointillé. Surtout que, par ailleurs, le financement du secteur de la promotion immobilière est déficient en l’absence de crédits bancaires. De l’autre côté de la médaille, l’absence de disponibilité de prêts logements sur le marché handicape les prospects d’achat.

 -88,4%   

Le nombre des transactions immobilières a enregistré une chute brutale de 88,4% en rythme annuel, s’élevant à 7.834 à la fin octobre 2023, contre 67.506 sur la même période un an auparavant. Ce recul reflète deux réalités: la morosité de l’activité immobilière, d’une part, et la grève des fonctionnaires qui a conduit à un majeur dysfonctionnement des services du secteur public, d’autre part.

Ainsi, la valeur totale des transactions s’est élevée à 1,94 milliard de dollars en octobre 2022, calculée au nouveau taux de change officiel de 15.000 LL pour un dollar, contre 11,31 milliards de dollars sur la même période, soit une baisse de l’ordre de 82,85%.

En rythme mensuel, le nombre de transactions s’est élevé à 4.409 en octobre 2023, alors qu’il était de 11.006 en octobre 2022.

Dans les détails, le Liban nord a accaparé la plus grande part des transactions immobilières en octobre 2023 soit (29,35%), alors que Zahlé a occupé la deuxième place avec (23,61%) suivie par le Liban sud (22,5%), et Nabatiyeh (9,73%). La part de Beyrouth au cours du dixième mois de 2023 n’a représenté que (9,73%).

Il est à noter qu’aucune transaction immobilière n’a été enregistrée dans les régions du Metn, du Kesrouan et de Baabda en octobre dernier.

Toutefois, en termes de valeur des transactions, la capitale a accaparé la part du lion avec (46,63%), soit un montant total de 577,06 millions de dollars en octobre 2023. Elle est suivie par le Liban Sud avec une part de (29,22%) ou 361, 65 millions de dollars.

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