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Les propos du Premier ministre sortant, Najib Mikati, en marge du forum de Davos, sur un début proche de recouvrement des dépôts bancaires, ont enflammé la toile, suscitant toutes sortes d’interprétations et laissant les Libanais dans la confusion.      

Le Premier ministre sortant Najib Mikati a annoncé à partir de Davos que "d’ici à une semaine, un programme clair pour la restitution des dépôts aux clients des banques sera annoncé", soulignant que "tous les dépôts inférieurs à 100.000 dollars seront restitués dans leur intégralité et rapidement". Quant aux dépôts supérieurs à ce montant, ils seront restitués aux ayants droit "dans un délai plus long".

Ici Beyrouth a sondé des proches du gouvernement pour en savoir plus. Toutefois, ces derniers ont éludé avec un minimum de mots, donnant l’impression qu’ils ne savaient pas grand-chose sur la question.

Parallèlement, dans les milieux de la Banque du Liban, on s’est contenté de souligner que l’institution fournit les données et les chiffres en sa possession sur le secteur bancaire chaque fois que le gouvernement en fait la demande.

Dans tous les cas de figure, il est difficile d’aller de l’avant dans un plan de recouvrement total des dépôts bancaires sans une solution radicale à tous les problèmes dont souffre le pays sur le double plan politique et économique. Sinon la facture sera lourde, car les chiffres sont clairs et ne sont dans l’intérêt d’aucune partie.

Nouvelle circulaire

Le Conseil central de la BDL s’orienterait mercredi vers la publication d’une circulaire qui permettrait aux clients des banques qui ne bénéficient pas des effets de la circulaire 158 de retirer cent cinquante dollars en espèces de leur compte en lollars.

Pour rappel, la circulaire 158 permet aux clients des banques qui ont des dépôts bancaires éligibles, c’est-à-dire des comptes en devises arrêtés avant le 30 octobre 2019, de retirer chaque mois 400 ou 300 dollars, selon la date de leur souscription.

Le bénéficiaire du nouveau système peut retirer cent cinquante dollars en espèces une fois par mois à partir d’un seul compte bancaire, même s’il est détenteur de plusieurs comptes dans différentes banques.

Oui, la somme de 150 dollars est modique. Mais, celle-ci ne subit pas au moins les contrecoups d’un haircut quelconque. En revanche, le flou plane sur le taux de change adopté au cas où le client souhaiterait retirer une somme supérieure à 150 dollars. Est-ce le taux de Sayrafa (89.500 livres pour un dollar), le taux encore officiel de 15.000 pour un dollar ou celui qui sera adopté dans le cadre du budget de 2024?

Dans la pratique

Le détenteur d’un compte bancaire en lollars peut, en application des circulaires en vigueur jusque-là, retirer 1.600 lollars par mois sur base d’un dollar à 15.000 livres, soit 24.000.000 livres avec un haircut de plus de 80%. Une fois, les nouvelles instructions mises en œuvre, il pourra bénéficier de 150 dollars ou 13.200.000 LL (le taux de change chez les changeurs agréés par la BDL est de 88.000 LL pour un dollar).    

Certes, le paysage pourrait positivement évoluer si l’État stimule la croissance tout en réactivant le secteur bancaire.

La concrétisation d’un plan Marshall pour un redressement du Liban tarde à venir. Comme tout le monde le sait déjà, les circonstances politiques et sécuritaires alambiquées, sur le double plan local et régional, compliquent une solution à la crise multidimensionnelle prolongée du Liban.

Il n’en demeure pas moins que le temps ne joue pas en faveur du pays et des Libanais. Le taux d’inflation importée continue de grimper, dans le contexte d’une présence de migrants syriens en progression constante, ces derniers pesant lourdement sur l’économie du pays.

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