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La question du taux de change du dollar bancaire n’a pas encore été tranchée. Le Parlement s’est désengagé de cette tâche, au moment de l’examen du projet de budget 2024, alors que la Banque du Liban (BDL) prend son temps avant de se prononcer sur la question.

Le gouverneur par intérim de la Banque du Liban, Wassim Mansouri, est attendu mardi soir à Beyrouth après son déplacement à Paris. Il doit rencontrer mercredi successivement le Premier ministre sortant, Najib Mikati, et le ministre sortant des Finances, Youssef el-Khalil, pour des discussions autour du taux de change du dollar bancaire.

Dans les milieux bancaires, on a affirmé à Ici Beyrouth qu’il faudra attendre la semaine prochaine pour qu’une décision ferme soit prise à ce sujet. Néanmoins, on a confié à cet égard que le gouverneur par intérim tient absolument à ce que le montant de 150 dollars par mois soit accordé par les banques à leurs clients qui ne bénéficient pas des effets de la circulaire 158. Celle-ci, rappelle-t-on, permet aux clients ayant des dépôts éligibles à retirer en rythme mensuel la somme de 400 dollars ou de 300 dollars, selon leur date de souscription à la circulaire 158.

150 dollars, une somme insuffisante

Les autorités monétaires et les banques sont conscientes du fait que la somme de 150 dollars par mois est une somme modique et qu’elle est insuffisante pour satisfaire les besoins quotidiens du citoyen moyen. La problématique consiste donc à savoir à quel taux de change les clients éligibles peuvent effectuer leurs retraits en lollars (dollars bancaires), supérieurs à 150 dollars.

En attendant une solution radicale à la crise multidimensionnelle prolongée, les deux entités tentent de jongler avec les moyens de bord. N’empêche qu’un flou sur le taux de change du dollar bancaire, s’il perdure, mettra aux prises les banques et leurs clients. Une unification des taux de change du billet vert n’est vraiment plus un luxe. Elle est devenue une nécessité afin de sauver ce qui reste des meubles du bateau qui coule.

Un juste milieu

Cela dit, tout le monde sait que les autorités monétaires et par conséquent les banques doivent rester prudentes et maintenir le robinet des livres libanaises fermé. En d’autres termes, il est crucial de maintenir la masse monétaire en livres en circulation sous contrôle, de peur de voir de nouveau la livre décrocher. Lors du débat budgétaire qui a d’ailleurs tourné casaque sur ce point précis au Parlement, l’ancien ministre des Finances, Ali Khalil, a avancé le taux de 25.000 livres pour un dollar. Un taux considéré comme "plus réaliste et plus logique" que le taux de 89.500 LL pour un dollar, dans les circonstances sécuritaires et économiques aléatoires que traverse le pays, d’après plusieurs sources du milieu financier. Ces derniers l’ont qualifié aussi de "plus juste" par rapport aux bénéficiaires de la circulaire 158.     

Une balle de feu

Dans tous les cas de figure, un nouveau taux du dollar bancaire nécessite impérativement la mise en œuvre d’un contrôle des capitaux. Le cas échéant, les banques seront en faillite et les dépôts des clients en perdition. Ce que tente de faire, pour l’instant, le gouverneur par intérim de la BDL, afin d’éviter d’être le seul à tenir la patate chaude que représente la fixation d’un nouveau taux du dollar bancaire, c’est d’associer les pouvoirs exécutif et législatif à la décision de contrôle des capitaux. Une telle décision se traduirait dans les faits par une limite officielle qui sera fixée aux montants de retrait des lollars par individu et par mois.

Le Parlement se lave les mains         

De son côté, le Parlement a ajusté ses voiles. Il s’est lavé les mains, se considérant comme non impliqué dans le dossier de la fixation de la parité du billet vert. À aucun moment, la loi de finances, approuvée la semaine dernière par la Chambre, ne fait cas d’un taux de change officiel de la livre face au dollar. D’ailleurs, le député Ibrahim Kanaan, président de la commission parlementaire des Finances et du Budget, a affirmé en toute clarté que la Chambre n’a pas autorité à fixer le taux de change du dollar bancaire et que cette compétence relève de la Banque centrale en concertation avec le gouvernement, plus précisément avec le ministère des Finances.

Dans ce contexte, il a précisé que dans la loi de Finances, il n’a pas été question d’une unification des taux de change, faisant référence à l’échelle des salaires des fonctionnaires demeurée ancrée sur un dollar à 9.000 livres.  Pour lui, la loi de finances porte sur les prévisions de dépenses et de recettes, ainsi que sur toutes les mesures qui sont directement liées à l’exécution du budget.