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L’accord, approuvé par le gouvernement sortant, entre le syndicat des enseignants et la Fédération des institutions éducatives privées, sous l’égide du ministère de l’Éducation, pour financer la caisse de retraite du corps professoral des écoles privées (à hauteur de 100 milliards de livres libanaises), a permis à cette caisse de verser des augmentations de salaire aux enseignants retraités, équivalant à six fois leur salaire initial, pour les mois de janvier et février 2024.

Selon les termes de l’accord, les écoles étaient tenues de verser 180 milliards de livres avant le 15 février dernier, ce qui n’a pas été le cas, puisque seules 500 sur 1.300 écoles privées se sont conformées à cette exigence. Ces chiffres suscitent des inquiétudes parmi les enseignants retraités, notamment quant à la capacité de la caisse à verser ces augmentations dans les mois à venir, étant donné que 60 milliards de livres libanaises sont nécessaires par mois pour ce faire. Les écoles seront-elles en mesure de verser ces montants?

Le secrétaire général des écoles catholiques, le père Youssef Nasr, a lancé un appel pressant aux écoles pour qu’elles s’engagent à payer 900.000 livres par élève et par an, conformément à l’accord, sachant que cette demande n’est pas contraignante, étant donné qu’il s’agit d’un accord et non d’une loi.

La caisse de compensation est en proie à une nouvelle crise, d’après son directeur général, Georges Sakr. Les frais de fonctionnement de la caisse, qui représentaient initialement moins de 5% de son budget, s’élèvent désormais à plus de 35% du budget annuel. Cette augmentation est attribuée au fait que les dépenses sont principalement libellées en dollars, tandis que les revenus sont toujours perçus en livres libanaises sans augmentation notable. Toutefois, il est probable que ces revenus augmentent en raison de la nécessité de revaloriser les salaires des employés de la caisse, qui ont été dévalués après la crise financière. Selon M. Sakr, les employés du secteur privé continuent à remplir leurs obligations tout au long de la semaine sans aucun retard, tandis que leurs homologues du secteur public bénéficient d’incitations financières approuvées lors de la dernière réunion du Conseil des ministres.

D’après M. Sakr, la crise financière de la caisse, liée aux compensations et aux dépenses opérationnelles, nécessite l’adoption d’une loi garantissant un flux de revenus, à la suite du rejet par le Premier ministre sortant des lois prévoyant une aide financière à la caisse d’un montant de 650 milliards de livres libanaises, ainsi que celle relative au corps professoral au sein des écoles privées.

Les comités mixtes se sont réunis et ont voté pour renvoyer les deux lois au gouvernement, en attendant que la question soit tranchée en Assemblée générale. Mais tant qu’une session législative n’est pas à l’ordre du jour et que cette question reste en suspens, comment la caisse de compensation pourra-t-elle honorer les augmentations dans les mois à venir?

Il est à noter que gouvernement sortant a pris la décision d’ajouter 3 salaires pour les employés et les retraités du secteur public, ainsi que pour les enseignants de ce même secteur, portant leurs augmentations de salaire à 9 fois. Cette mesure devrait également s’appliquer aux enseignants retraités du secteur privé, conformément au principe d’unité de la législation entre les secteurs public et privé. Cependant, le contexte actuel ne permet pas la mise en œuvre d’une telle mesure avant l’adoption des deux lois et la sécurisation des fonds nécessaires. Il est tout aussi surprenant de constater que l’État semble ne pas se soucier de l’avenir de la caisse de compensation, qui garantit les pensions de milliers d’enseignants du secteur privé. Ces derniers ont désespérément besoin de voir leurs indemnités augmenter rapidement après la dépréciation de leurs économies dans la caisse, en raison d’une perte de valeur dramatique, entraînant une réduction significative des indemnités de fin de service. Aujourd’hui, 200.000 dollars ne représentent pas plus de 2.000 dollars en indemnités de fin de service pour des enseignants ayant consacré plus de 40 ans à leur métier, dans un pays qui semble manquer de considération envers ses enseignants actifs et retraités. Cette situation risque de décourager la jeune génération d’embrasser la profession enseignante, tandis qu’un nombre croissant d’enseignants se tournent vers d’autres secteurs ou choisissent de travailler à l’étranger.