Réhabilitation du port de Beyrouth: la France a honoré ses engagements de soutien technique. C’est maintenant au Liban de passer à l’acte. La balle est dans son camp.
Tous les espoirs sont à présent permis pour un avenir prospère pour le port de Beyrouth, d’autant «qu’un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas», comme dit le philosophe chinois Lao Tseu.
La partie française, représentée par l’ambassadeur de France au Liban, Hervé Magro, a remis au Liban deux livrables de la stratégie de réhabilitation du port de Beyrouth, à savoir des propositions d’organisation du port et des documents techniques qui permettront de lancer des appels d’offres sur les travaux d’infrastructures prioritaires, d’une part, une évaluation de sûreté portuaire incluant des mesures pratiques afin d’établir sur le port de Beyrouth des conditions de sûreté conformes aux normes internationales, d’autre part.
C’est lors d'une cérémonie organisée mercredi dans le bâtiment abritant l’administration centrale du port de Beyrouth, qu’a eu lieu la remise officielle des deux livrables. Étaient notamment présents le Premier ministre sortant, Najib Mikati, le ministre sortant des Travaux publics et des Transports, Ali Hamiyé, et l’ambassadeur de France au Liban, Hervé Magro.
Propositions pragmatiques
Grâce à un financement français, et à la demande du Comité de gestion et d’exploitation du port de Beyrouth (CGEPB), deux cabinets d’ingénierie français experts des infrastructures portuaires, Artelia et Egis, ont élaboré une stratégie de réhabilitation du port, qui privilégie une approche «pragmatique et réaliste». Il ne s’agit pas d’une énième étude, mais bien de propositions techniques opérationnelles qui devraient permettre d’avancer concrètement: pour reconstruire les quais endommagés; pour fluidifier le trafic au sein du port grâce à un nouveau schéma de circulation et un zonage optimisé; pour solariser l’approvisionnement énergétique, sur la base des recommandations d’EDF; et pour réaliser ainsi d’importantes économies et une optimisation des revenus.
Lors de leur bref exposé, les experts français ont insisté sur «l’objectif de leur travail pragmatique, qui a consisté à identifier les besoins réels du port pour une meilleure opérabilité à court terme sans pour autant entraver les décisions à long terme concernant sa réorganisation».
Autofinancement
Selon le ministre sortant des Travaux publics et des Transport, Ali Hamiyé, la reconstruction du port de Beyrouth fera l’objet d’un «autofinancement» principalement basé sur ses revenus en provenance des droits de douanes et des bénéfices de son exploitation.
Cela dit, M.Hamiyé a souligné que la porte est grande ouverte «aux investisseurs» locaux et internationaux, répétant plus d’une fois le mot «investisseurs sous la supervision de l’Autorité des achats publics». Il a fait clairement un clin d’œil au directeur général de l’Autorité des marchés publics, Jean Ellieh, présent au premier rang de l’audience.
Dans son allocution, il a rappelé les constantes du Hezbollah, parti auquel il est affilié, affirmant dans ce contexte que les actifs de l’État resteront sa propriété.
Il faut noter, dans cet ordre d’idées, que les revenus du port de Beyrouth ont passé de quelques milliers de dollars au lendemain de l’explosion du 4 août 2020 à plus de 150 millions de dollars sur l’exercice financier de 2023. Quant au nombre des conteneurs traités, il s’est élevé à 90.000 sur la période précitée. Le port de Beyrouth concentre environ 70% des flux import-export du Liban et représente un outil commercial important pour le pays, ses revenus et bénéfices pouvant financer non seulement la modernisation de son activité, mais également le développement d’autres services publics. Malheureusement, actuellement, un conteneur met en moyenne 10 à 12 jours pour sortir du port de Beyrouth, contre 3 à 5 en moyenne internationale.
Les silos
Comme a tenu à le souligner l’ambassadeur Hervé Magro, «l’avenir de la zone des silos n’a pas été abordée par les experts français, compte tenu de son importance mémorielle pour les Libanais».
Pour le diplomate français, «la cérémonie d’aujourd’hui n’est pas une fin en soi». Beaucoup de travail reste à faire. Les prochaines étapes requièrent d’avancer sur un certain nombre de points. Tout d’abord, le déblaiement du port pour sécuriser et rendre disponible la zone à réhabiliter. Ensuite, la sanctuarisation des fonds nécessaires aux travaux. Enfin, la clarification du cadre légal et réglementaire pour moderniser l’activité portuaire et ainsi attirer davantage d’acteurs privés.
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