Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé vendredi le versement immédiat de 820 millions de dollars au gouvernement égyptien, correspondant aux deux premières tranches du programme d’aide de trois milliards de dollars accordé fin 2022.

Le conseil d’administration du FMI a validé ces rapports d’étape, rendant effectifs ces premiers versements, repoussés à plusieurs reprises et très attendus par le gouvernement égyptien, alors que l’économie nationale voit les difficultés s’accumuler.

Le conseil a par ailleurs approuvé la rallonge de cinq milliards de dollars annoncée au début du mois, portant à 8 milliards de dollars les fonds prêtés par le Fonds à l’Égypte.

Le FMI souligne dans son communiqué que le gouvernement égyptien a atteint l’ensemble des objectifs prévus dans les deux premières étapes du programme d’aide, à l’exception du niveau de ses réserves en devise.

"Les autorités ont significativement renforcé le programme de réformes prévu par le programme. Les mesures récentes visant à corriger les déséquilibres macroéconomiques sont difficiles, mais des étapes essentielles et les efforts doivent être poursuivis", a déclaré la directrice générale de l’institution, Kristalina Georgieva, citée dans un communiqué.

La Banque centrale égyptienne a récemment relevé ses taux de six points de pourcentage pour les porter à 27,75% dans le but de combattre l’inflation et de rapprocher le taux de change officiel de celui du marché noir. Cette décision a entraîné une chute de 40% de la livre égyptienne en une seule journée, après une baisse de 50% au cours des derniers mois.

Cette mesure intervient alors que près de deux tiers des 106 millions d’Égyptiens vivent en dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté. De plus, le pays fait face à une diminution des entrées de devises, que ce soit à travers le tourisme, touché par la pandémie ainsi que les conflits en Ukraine et dans la bande de Gaza, ou par le biais du canal de Suez.

Les attaques des rebelles houthis du Yémen en mer Rouge et dans le golfe d’Aden ont fait baisser les revenus en dollars du canal, passage crucial pour le commerce mondial, "de 40 à 50%" depuis le début de l’année, selon le FMI.

Depuis sa prise de pouvoir en 2013, le président Abdel Fattah al-Sissi s’est lancé dans une série de mégaprojets qui, de l’avis des économistes, n’ont pas généré de nouveaux revenus, mais fortement limité les capacités financières de l’État.

Entre 2013 et 2022, selon les données de la Banque mondiale, la dette extérieure de l’Égypte a augmenté de façon significative, passant de 46 milliards de dollars à plus de 165 milliards de dollars. Cette évolution place l’Égypte au deuxième rang mondial en termes de risque de défaut de paiement, juste derrière l’Ukraine, qui est actuellement en situation de guerre.

Le FMI se montre cependant assez optimiste pour l’exercice 2024-2025 à venir. Il prévoit une croissance en augmentation à 4,4%, comparé à 3% pour l’exercice en cours se terminant le 30 juin. De plus, il anticipe une réduction significative de l’inflation, la ramenant à 15,3% en rythme annuel, soit une division par deux par rapport aux chiffres actuels.

Avec AFP